Pire que l'insomnie ? Ce problème la nuit triple le risque de mourir jeune
La majorité des personnes n'ont pas un sommeil parfait. Il est souvent ponctué d'insomnies, de réveils nocturnes, d'apnées, de cauchemars... On le sait, un sommeil suffisamment long, régulier et réparateur est essentiel pour la santé. Mais l'impact sur la santé de certaines perturbations du sommeil sont encore mal connus.
Justement, des chercheurs de l'Imperial College de Londres ont mené une étude sur l'effet des cauchemars sur la santé, et plus spécifiquement sur le vieillissement. Pour cela, ils ont analysé les données de près de 190 000 personnes âgées de 8 à 86 ans. Leur vieillissement biologique (l'âge de leur corps) a été mesuré, et ils ont été suivis pendant près de 20 ans.
Les résultats de l'étude, présentés au congrès annuel de l'Académie européenne de neurologie, sont alarmants. D'après un communiqué, "cette étude est la première à montrer que les cauchemars prédisent de manière indépendante un vieillissement biologique plus rapide et une mortalité plus précoce". Les chercheurs ont en effet conclu que les personnes qui font souvent des cauchemars ont bien plus de risque de décéder jeunes par rapport aux personnes qui n'en font pas ou peu. Plus précisément, ceux qui faisaient des cauchemars chaque semaine étaient trois fois plus susceptibles de mourir avant 70 ans.

Les cauchemars prédisaient même encore plus le risque de décès prématuré que d'autres facteurs comme l'obésité, le tabagisme ou encore une mauvaise alimentation, d'après les auteurs de l'étude. Mais comment expliquer cet impact ? Les cauchemars exercent un important stress sur le corps. Résultat, le corps produit plus de cortisol, l'hormone du stress "étroitement liée à un vieillissement cellulaire plus rapide. Pour ceux qui font fréquemment des cauchemars, ce stress cumulatif peut avoir un impact significatif sur le processus de vieillissement", a confié le Dr Abidemi Otaiku, le chercheur principal de l'étude.
Les personnes qui font souvent des cauchemars ressentent d'ailleurs cet état de stress. "Notre cerveau endormi ne peut pas distinguer les rêves de la réalité. C'est pourquoi les cauchemars nous réveillent souvent en sueur, le souffle court et le cœur battant, parce que notre réaction de lutte ou de fuite a été déclenchée. Cette réaction de stress peut être encore plus intense que tout ce que nous vivons lorsque nous sommes éveillés", a expliqué le Dr Otaiku.
En plus de ce stress, les cauchemars perturbent "à la fois la qualité et la durée du sommeil". Ce sont donc ces deux effets qui seraient à l'origine de l'impact des cauchemars sur la santé. Pour le Dr Otaiku, les cauchemars devraient donc "être pris beaucoup plus au sérieux en tant que problème de santé publique". D'autant plus qu'heureusement, "il est possible de prévenir et de traiter les cauchemars", rassure le Dr Otaiku. Comment ? En évitant les films d'horreur, en priorisant une bonne hygiène de sommeil et en apprenant à gérer son stress. Si des troubles psychiatriques comme l'anxiété sont à l'origine des cauchemars, un traitement peut être efficace.