Charles Biétry : atteint de la maladie de Charcot, son suicide assisté est déjà programmé
Il est une légende pour beaucoup de journalistes et a prodigué ses conseils pendant des décennies à la jeune génération. Reporter pour l'Agence France Presse avant de devenir patron des sports à Canal+ de 1984 à 1998, il passera également par TF1, France Télévisions et L'Équipe TV, avant de devenir le directeur général de la chaîne beIN Sports. Ce sera son dernier grand poste jusqu'à l'annonce qui bouleversera le monde des médias et du sport : en 2023, Charles Biétry annoncera qu'il est atteint de la maladie de Charcot dans une interview pour L'Equipe.
Charles Biétry fait son retour dans le petit écran ce mardi 13 mai, à l'occasion de l'interview événement d'Emmanuel Macron sur TF1. Celui qui fut notamment l'instigateur des fameuses feuilles jaunes, pour aider les commentateurs à préparer les rencontres, avait déjà accordé un entretien à Audrey Crespo-Mara pour le magazine sept à huit sur la même chaîne en janvier.
Ayant perdu la voix à cause de la maladie, Charles Biétry avait pu donner cette interview grâce à une intelligence artificielle, qui sera de nouveau utilisée ce mardi soir. Âgé de 81 ans, celui qui avait été le premier à annoncer l'attentat de Munich et la mort des otages israéliens en 1972, sait qu'il ne lui reste que "quelques semaines / mois à vivre" comme il l'expliquait dans Sept à Huit. Mais cela n'empêchait pas l'ancien journaliste de faire son ode à la vie sur TF1.
"Ce qui compte, ce ne sont pas les années qu'il y a eu dans la vie, c'est la vie qu'il y a eu dans les années", avait-il lancé. Sur le fait qu'il ne puisse plus parler, Charles Biétry évoquait néanmoins une "torture". "Les mots sont dans ma tête et je ne peux pas les faire sortir", décrivait-il, sans perdre le sourire pour autant. "Je suis vivant [...]. Pourquoi voulez-vous que je gâche le peu de temps qu'il me reste et la vie de mes proches en pleurant ? Je veux en profiter et faire tout ce qui est en mon pouvoir pour aider la recherche et les autres malades [...]. Le sport m'aide tous les jours à haïr la défaite. Je sais que je finirai par perdre, mais pour ceux qui m'entourent, je dois me battre [...]. Les Bretons n'abandonnent jamais."
Un suicide assisté déjà prévu
Interdit en France, le suicide assisté est possible dans d'autres pays comme la Suisse. C'est là bas que Charles Biétry a déjà pris ses dispositions comme il avait indiqué à L'Equipe en 2023. "On a tout organisé avec ma femme et mes enfants. Je ne veux pas être branché sur une machine pour respirer alors qu'il n'y a plus rien, plus d'avenir. Je ne veux pas souffrir et surtout faire souffrir ma famille", avait-il déclaré.
"On a pris des dispositions pour arrêter avant d'en arriver là. Je me suis inscrit en Suisse pour le suicide assisté, tous les papiers sont signés. Je peux choisir et ma femme peut le faire à ma place si je ne suis pas en état. Cela dit, tu es obligé d'aller en Suisse avec deux membres de ta famille. J'ai du mal à assumer ce voyage...", avait-il aussi déclaré à l'époque, estimantq ue ce n'était pas "le rêve de sa vie". "Le voyage en voiture, avec ma femme et mes deux enfants, les visites de médecins inconnus, avaler moi-même l'ultime cachet, et savoir qu'ils vont rentrer en France tous les trois avec l'urne funéraire dans le coffre… Plus j'y pense, moins j'ai envie. Les soins palliatifs, s'il y a une loi, feront peut-être l'affaire", avait-il précisé.
La maladie de Charcot, ou sclérose latérale amyotrophique (SLA), est une pathologie neurodégénérative rare et progressive. Elle affecte les cellules nerveuses (motoneurones) responsables du contrôle des muscles volontaires. La SLA entraîne une faiblesse musculaire, des paralysies et des difficultés à parler, avaler et respirer. Cette maladie évolue rapidement, avec une espérance de vie réduite après le diagnostic, généralement de 3 à 5 ans, bien que cela varie selon les cas...