Sommes-nous tous racistes ? On a déjà deux réponses pour le test de France 2, et elles ne font pas plaisir

Sommes-nous tous racistes ? On a déjà deux réponses pour le test de France 2, et elles ne font pas plaisir "Sommes-nous tous racistes ?", sur France 2, est une expérience inédite visant à décrypter les mécanismes inconscients du racisme et des discriminations.

Sommes-nous tous racistes ? Et surtout, cinquante participants soumis à leur insu à une série de tests, sous le regard de la journaliste Marie Drucker, du comédien Lucien Jean-Baptiste, de l'animateur Jamy Gourmaud et du psychosociologue Sylvain Delouvée, seront-ils suffisants pour le savoir ? C'est en tout cas le concept de l'émission diffusée sur France 2 ce mardi 17 juin. Une "expérience sociologique unique en son genre", nous dit France Télévisions, visant à comprendre et à illustrer les origines souvent inconscientes du racisme et des comportements discriminatoires.

La série de tests, à laquelle les cinquante volontaires participeront sans le savoir, est inspirée d'expériences reconnues et documentées dans la littérature scientifique. Les cobayes de Sommes-nous tous racistes ? seront confrontés à différentes mises en situation destinées à révéler leurs éventuels préjugés et stéréotypes.

Da gauche à droite, Lucien Jean-Baptiste, Marie Drucker,  Jamy Gourmaud et Sylvain Delouvée. © Benjamin Decoin / FTV, via Phototélé

Quelles expériences pour quelles conclusions ?

L'une des premières expériences de Sommes-nous tous racistes consiste à faire entrer les participants dans une salle d'attente, où patientent un homme blanc et un homme noir, assis sur les chaises du milieu. Il s'agit alors d'observer de quel côté les nouveaux arrivants choisiront de s'asseoir. Selon Sylvain Delouvée, maître de conférences à l'université Rennes 2, il y a en effet une tendance à rechercher la proximité de personnes qui nous ressemblent, un mécanisme inconscient plus qu'un comportement ouvertement raciste.

Sommes-nous tous racistes ? présente un second test qui placera les volontaires dans la peau d'un juré d'assises devant juger, pour un même crime, un accusé blanc et un accusé d'origine maghrébine. Les peines infligées permettront de mesurer l'influence des préjugés véhiculés par la société. D'autres expériences impliqueront des enfants de 5-6 ans à qui l'on demande de désigner le voleur probable d'un goûter entre un personnage à la peau blanche et un à la peau noire.

Parmi les mises en situation figurent aussi un test sur des photos montrant une femme asiatique mangeant des sushis, se maquillant, ou en blouse de médecin, afin de recueillir les premiers mots qui viennent à l'esprit des participants. L'effet de l'accent (allemand, marseillais, africain) d'un conférencier sur la perception de sa compétence et de sa crédibilité sera également analysé.

Un des tests réalisés dans "Sommes-nous tous racistes ?" © © Benjamin DECOIN - FTV

Des résultats déjà connus et des réactions prévisibles

Ces différentes expériences, que les experts commenteront et décrypteront tout au long de l'émission, promettent d'être édifiantes. Mais qu'on ne s'y trompe pas, les résultats sont déjà connus dans les grandes largeurs : première réponse à la question posée ce mardi soir : oui, les biais inconscients nous habitent tous à des degrés divers et peuvent bel et bien nous conduire, malgré nous, à des comportements discriminants.

Sommes-nous tous racistes ? a déjà obtenu un autre résultat, peut être plus prévisible encore : poser la question et tenter d'y répondre provoque de sérieuses crispations. Des critiques qui ont commencé à émerger avant même la diffusion de l'émission sur France 2 ce mardi. Sans avoir vu le programme, d'aucuns ont redouté un produit de la "gauche woke", inspiré  "du communautarisme made in USA", quand d'autres se sont demandé si France Télévisions aura "le courage d'évoquer l'antisémitisme des banlieues ou encore le racisme anti-Blanc du meurtre de Crépol"...

Le sujet est donc sensible, comme on pouvait s'y attendre, et intimement lié à la question explosive de l'immigration, à l'heure où plus de 60% des Français estiment qu'il y a trop d'immigrés en France. Ceux qui ont imaginé le concept assurent qu'il ne prétend pas apporter de réponses définitives ni donner de leçons, mais veut susciter une prise de conscience et un débat de société. Comme le souligne le producteur Arnaud Poivre d'Arvor, l'émission vise avant tout à nous interroger individuellement sur nos propres préjugés et stéréotypes, dont nous n'avons pas toujours conscience.

La soirée événement se poursuivra avec la rediffusion de deux documentaires de référence : Noirs en France, qui donne la parole à des Français noirs de tous âges et horizons qui racontent leurs histoires, entre préjugés subis et fierté identitaire, puis Je ne suis pas chinetoque, qui explore quant à lui les clichés dont souffrent les Français d'origine asiatique à travers le parcours de la journaliste Emilie Tran Nguyen, elle-même née d'une mère algérienne et d'un père vietnamien.