Voyager chez l'habitant au Népal
Le Népal, grande terre de trekking pour l’imaginaire occidental, est avant tout une terre riche de ses habitants. Des touristes récidivistes à ceux qui ont fait le choix de s’y installer, le discours est le même. Si on voyage au Népal, la première fois pour ses montagnes, c’est pour sa population qu’on y revient.
Souriante, attachante, accueillante, surprenante
mais aussi paisible, ouverte, respectueuse et encore pleine d’humour,
tels sont les premiers adjectifs qui me viennent à l’esprit suite aux plusieurs
mois de vie commune avec les népalais. Une des forces majeures de la population
népalaise est qu’elle est multiple et
aux origines variées.
En effet, si l’on compte aujourd’hui plus d’une centaine
de groupes ethniques ou castes au Népal, celle-ci a principalement deux origines. D’une part, au
nord du pays, la population tibéto-népalaise, aujourd’hui composée de
nombreuses ethnies, tire son origine des populations au nord de l’Himalaya. Ces
populations, dont les Sherpas qui en sont les plus connus, sont de culture
tibétaine et pratiquent le Bouddhisme. Ce sont le plus souvent des populations
habitant en bordure ou au sein des montagnes. En revanche, dans le sud du pays,
au Teraï par exemple, c’est une population d’origine indienne, en partie venue
pour fuir les invasions musulmanes. Cette population a donc dans une certaine
mesure importée le système de caste et la pratique de l’hindouisme au Népal.
Enfin, une exception est faite avec le
peuple Newar, les premiers habitants de la vallée de Katmandou, qui bien que
parlant le newari, d’origine sino-tibétaine, ont intégré au contact des
populations d’Inde une certaine hiérarchisation rappelant le système des castes
ainsi que certains traits lié à
l’hindouisme.
Une telle diversité et pourtant une cohabitation si calme, sans trouble, sans agressivité aucune, franchement, cela fait du bien. Et lorsqu’on se rend sur place, on s’en aperçoit vite. Cela donne d’autant plus envie de découvrir davantage les népalais, d’échanger avec eux, de s’en inspirer aussi. Or, de nos jours, le développement touristique peut limiter ce que de nombreuses personnes recherchent en venant ici. C’est-à-dire le contact avec les habitants, le partage, les rires, les pleurs aussi. Mais retrouver cette authenticité dans le voyage est cependant possible.
S’éloigner des hôtels du centre-ville et préférer les logements traditionnels dans des villages ou des quartiers excentrés vous offre déjà de belles opportunités de rencontres. Le tourisme peut aussi être plus réfléchi. Par exemple, certaines communautés rurales ont décidé d’ouvrir les portes de leurs maisons le temps d’une journée, d’une nuit, afin d’avoir une source de revenus supplémentaires complétant celles des récoltes. Et ainsi, en se mettant au fourneau pour cuisiner le Daal bhat, en partageant le repas avec toute la famille, on découvre une certaine facette du Népal, plus traditionnelle, authentique.
Apprendre à cuisiner les momos, dans les camps tibétains, est aussi un parfait exemple d’un tourisme qui se veut responsable. Avec une famille, vous passez donc une après-midi à découvrir l’art de faire la pâte à momos, à leur donner leur forme si particulière, avant évidemment de passer à la dégustation. Ce faisant, vous découvrez comment fonctionne l’organisation des tibétains refugiés ici depuis 1959, et qui sont maintenant installés en communauté, avec leurs monastères, leurs ateliers de création de tapis et de sculpture traditionnels. L’idée d’inviter les voyageurs à venir découvrir la culture tibétaine, permet d’une part de les sensibiliser à leur cause, et bien sûr aussi, d’avoir aussi une petite rentrée d’argent. Mais cela n’empêche en rien que des liens se tissent, des expériences de vie fortes pour ceux qui sont prêts à sortir des sentiers battus.
Aussi, comme je le disais, le Népal est une terre de trek. Cependant, il arrive que sur certains itinéraires, l’on croise une foule immense de marcheurs. Nombreux sont ceux qui en ressortent un peu déçus. Déçus d’avoir raté cette authenticité qu’ils partaient chercher sur les sentiers népalais. Mais là encore, pour ceux qui sont prêts à se détourner des itinéraires classiques, il est possible de faire son trek en dormant chez l’habitant, et non dans des lodges bondés comme cela peut être le cas sur certains circuits.
Le «homestay» permet donc de sublimer les plaisirs de la marche, à savoir se retrouver, se sentir au calme, vivre de choses plus simples, apprendre sur l’autre aussi. Et aujourd’hui, face à la multitude d’offres, le mot devient aussi un outil marketing, et il devient parfois difficile de dénicher le vrai du faux. Voyager chez l’habitant au Népal demande donc un peu de préparation si l’on veut concilier découvertes, rencontres et responsabilités.