Rythmes scolaires : mais que font les enfants après l'école ?

Rythmes scolaires : mais que font les enfants après l'école ? Un mois après la rentrée et sa mise en application dans certaines villes, la réforme des rythmes scolaires affiche un bilan mitigé. Principale question : que font les enfants lors du nouveau temps périscolaire et quel est son impact ?

Basculer à la semaine de 4,5 jours en faisant revenir en classe les enfants le mercredi matin. La réforme des rythmes scolaires a été adoptée dans 4 000 communes dès la rentrée 2013. Le but : augmenter le nombre de jours de classe qui n'était que de 144 jours par an contre 187 en moyenne dans les pays de l'OCDE et offrir aux enfant des journées moins chargées. Ainsi, dans les villes concernées, les journées sont passées de 6 heures en moyenne à 5 heures 30 maximum (auxquelles il faut ajouter 1 heure 30 de pause le midi). La demi-journée, elle, ne doit pas dépasser 3 heures 30 selon la réforme.

Ainsi, en commençant à 8h30 un élève doit avoir fini les cours stricto-sensu à 15h30. Reste donc entre 45 minutes et une heure à "occuper" chaque jour, l'objectif étant de libérer les enfants à la même heure qu'avant : 16h30. Mais que font les enfants pendant ce temps ? C'est l'un des points noirs du premier bilan dressé un mois après la rentrée. La réforme prévoyait d'élargir les temps "périscolaires" et "éducatifs". Deux notions bien différentes. Le temps périscolaire correspond à des moments pratiques hors des heures de cours. Il s'agit des pauses, du temps de repas le midi, des goûters ou encore de l'étude surveillée, autrement dit de la garderie pour les plus jeunes. Le temps éducatif, lui, correspond à un temps d'enseignement, mais "hors enseignements fondamentaux", c'est-à-dire hors programme scolaire. Il s'agit donc principalement d'activités culturelles ou sportives.

 

Des activités périscolaires et éducatives difficiles à définir

Dans le souci de ne pas contraindre les collectivités avec un schéma trop rigide, la réforme a laissé chaque ville définir le contenu de ces temps éducatifs et périscolaires dans des "Projets Educatifs Territoriaux". Mais ceux-ci, quand ils ont été bouclés, restent flous. Le plus souvent, plusieurs options sont proposées aux élèves ou à leur parents : l'étude, le soutien, une activité récréative ou un atelier éducatif (sportif, culturel ou scientifique, encadré par des animateurs faisant parfois appel à des MJC ou des associations).

D'après les premiers retours sur le terrain, c'est le "grand bazar". Dans la pratique, les parents pointent des heures qui se résument souvent à de la garderie. Le Monde, qui a publié les réactions de plusieurs parents, dresse un bilan plutôt négatif de la mesure. Si certains se réjouissent de voir leur enfant pratiquer "chorale, théâtre, etc." grâce au temps libéré, beaucoup pointent des "activités avec des titres flatteurs" mais qui manquent cruellement d'intérêt. Des activités parfois "non choisies et généralement fatigantes et bruyantes", n'offrant "aucune ouverture culturelle et aucune activité sportive". Parmi les exemples cités : "réaliser une perruque, pratiquer la mosaïque sur coquille d'œufs", "1h30 à faire un éventail en papier", "jouer à la baballe ou aux cartes"... Pire, certains incidents ont été rapportés. Le temps périscolaire se résume parfois à des "récréations dans lesquelles se multiplient les incidents" et les "bagarres". Dans plusieurs écoles, on évoque des cas d'enfants sortis à 15h ou 15h30 par erreur, se retrouvant dehors, livrés à eux mêmes...

Un encadrement insuffisant

Autre impair : le manque d'encadrement de ces nouvelles activités. Pour aider les villes à financer les animateurs rémunérés lors du temps périscolaire, l'Etat a concédé une aide de 50 euros par enfant dans la réforme. A la fin août, un décret abaissant les taux d'encadrement réglementaires a aussi été adopté pour leur faciliter la vie. Pour une activité périscolaire, l'encadrement doit être au minimum d'un animateur pour 14 enfants de moins de 6 ans contre 10 auparavant. Chez les plus de 6 ans, un animateur pour 18 enfants est nécessaire (au lieu de 14 auparavant). Une mesure qui, si elle réduit les coûts, réduit d'autant l'attention portée à chaque élève.

Dans certaines villes, l'ouverture du mercredi matin et la réorganisation des services comme les transports scolaires rend malgré tout la réforme des rythmes scolaires coûteuse. Certaines municipalités affirment tout bonnement ne pas avoir les moyens financiers ni même de terrain disponible pour accueillir les activités. D'autres ont décidé de faire payer les parents (50 centimes à 1 euro par heure). Des parents pointent dans Le Monde un "matériel insuffisant", des "intervenants pas toujours qualifiés", des "animateurs vacataires [qui] changent tous les jours et n'ont pas eu de formation spécifique". Les syndicats d'enseignement soulignent en effet la difficulté des villes à trouver des "encadrants" compétents. A Paris, où la réforme a été adoptée dès la rentrée, 15 % des 900 associations contactées pour assurer les ateliers ont abandonné en cours de route. Alors les villes font "au mieux" : faute d'intervenants extérieurs, c'est le personnel municipal (animateurs, Atsem) voire les enseignants eux-mêmes qui encadrent le temps périscolaire.

Un impact négatif sur les enfants

Pour le premier mois d'application, d'autres critiques émergent, notamment sur l'impact des nouveaux rythmes scolaires sur les enfants. Selon un sondage Harris Interactive pour le SNUipp, premier syndicat du primaire, 80 % des personnels d'écoles détectent une "grande fatigue" chez les enfants. Fin de la télévision le mardi soir, de la grasse matinée parfois salvatrice le mercredi matin, des activités sportives ou culturelles du mercredi, mais aussi réorganisation de toute la famille autour d'un planning plus complexe... Les critiques sont nombreuses.

Le calendrier hebdomadaire est en outre plus complexe et déboussolerait les enfants. Certaines villes ont en effet décidé d'étaler les activités sur la semaine entière quand d'autres ont préféré les concentrer sur certaines journées comme à Paris, où elles ont lieu les mardi et vendredi après-midis. En plus des activités périscolaires qui existaient déjà de 16h30 à 18h tous les jours... Selon le même sondage, entre juin et la rentrée, le mécontentement sur la réforme des rythmes scolaires serait passé de 25 % à 47 %.

EN VIDÉO - Le SNUipp-FSU Paris a tiré, lundi 30 septembre 2013, la sonnette d'alarme concernant les remontées "alarmantes" en provenance des écoles parisiennes.

"Rythmes scolaires: bilan mitigé"

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