Le point sur les régionales 2015 : Sarkozy déprime

Le point sur les régionales 2015 : Sarkozy déprime Nicolas Sarkozy sera comptable de l'échec de la droite si elle ne s'impose pas dans au moins sept régions. Entre les deux tours de ces régionales, le patron du parti Les Républicains a eu plusieurs "coups de mou", raconte Le Canard Enchaîné.

Rien ne s'est passé comme prévu dimanche dernier pour Nicolas Sarkozy, qui imaginait pouvoir annoncer fièrement aux médias que son parti était devant tous les autres. L'ancien chef de l'Etat a même dû réécrire son discours pour en éliminer les allants les plus optimistes et les références à l'alternance qui se préparait déjà dans les urnes, raconte Le Canard Enchaîné. L'hebdomadaire a décrit cette semaine la "déprime" de celui qui s'attendait il y a encore peu à revivre la même tonifiante victoire des élections départementales. Dimanche soir dernier, il "paraît abattu", miné par les résultats aux élections régionales du Front national, qui vise la présidence de 3 régions. Pire, Nicolas Sarkozy prend conscience que la gauche a bien résisté et qu'elle croit en ses chances dans 6 ou 7 régions.

Que faire dans de pareilles circonstances, lorsqu'on est à la tête du principal parti d'opposition, incapable d'arriver en tête d'une élection intermédiaire entre deux présidentielles ? D'abord, être certain que tous les cadres LR vont tous user des mêmes éléments de langage, pour que tout le monde tire dans la même sens sur les plateaux de télé. Et donc rappeler qu'avant les élections, le parti n'avait qu'une seule présidence sur 22 régions. Et bien insister là-dessus : "les Français ont exprimé leur colère, Les Républicains sont la seule force qui peut barrer la route au Front national". Quoi d'autre ? Appeler au téléphone les principaux candidats en difficulté, pour voir s'ils veulent qu'il se déplace pour un meeting de soutien. Ni Christian Estrosi, ni Xavier Bertrand, ni Philippe Richert n'ont daigné lui proposer de venir sur le terrain. Les équipes de campagne de Valérie Pécresse quant à elles ont bien fait passer le message : l'image du président de LR ne sied pas à la dynamique de campagne, surtout pour une candidate qui veut marquer son indépendance en Ile-de-France.

Déprime et colère après les résultats

Nicolas Sarkozy est passé cette semaine d'entre deux tours de la déprime à la colère. En petit comité, raconte Le Canard Enchaîné, il s'en est pris à ses partenaires centristes, qui ont pris le leadership de leur campagne commune dans plusieurs régions, en Normandie, en Centre-Val-de-Loire et en Bourgogne, Franche-Comté. "A l'UDI, on leur a offert sur un plateau trois régions, et ils ne sont même pas foutus d'en conquérir une seule" s'est-il emporté.

Alors oui, avant le 2e tour ce dimanche, le patron de la droite est dans une mauvaise passe. Très nerveux sur le plateau de France 2 lundi soir, il a réaffirmé son opposition au Front républicain, mais s'est montré gêné par la décision du PS d'avoir retiré ses listes dans des régions où le risque FN est jugé trop grand. Une nervosité qui ne le quittera pas après ces élections. Lui-même a annoncé qu'un "débat devrait être ouvert" sur la ligne politique de son parti après le second tour. En interne, il y aura ceux qui voudront durcir la ligne, considérant que la France s'est droitisée et qu'elle écoute davantage les propositions du FN que celle de LR. Il y aura ceux qui, au contraire, appelleront à positionner le programme du parti plus au centre, en développant des thématiques différentes de celles mises en avant perpétuellement par la droite buissonnière. Il faudra donc choisir entre parler - encore et avant tout - d'identité, de sécurité et d'immigration, ou bien changer de priorités et parler aux Français avant tout d'économie, d'Europe, d'éducation, etc. Pour Nicolas Sarkozy, qui espérait revenir à la présidence de son parti et décider pour tout le monde en imposant sa vision politique, les maux de tête ne font que commencer.

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