Valls candidat à la primaire ? Le bras de fer tourne à l'avantage de Hollande
[Mis à jour le 28 novembre 2016 à 17h16] Tout s'accélère pour François Hollande. Le chef de l'Etat, qui pourrait annoncer sa candidature à la primaire de la gauche dans les prochains jours, doit gérer une crise de fin de mandat des plus explosives : Manuel Valls n'exclut pas de se présenter en janvier prochain face à lui. Non seulement il y songe, mais le Premier ministre le dit même publiquement, dans les colonnes du JDD. Selon les informations du Parisien, le chef de l'Etat a été pressé par plusieurs ministres et ses proches collaborateurs à faire acte d'autorité en mettant fin aux fonctions de Manuel Valls. "Il aurait un temps envisagé un remaniement dès ce lundi", écrit le quotidien. Selon un intime du président cité, "ça va aller vite" : "Pour Valls, Matignon, c'est fini ! Bernard Cazeneuve va prendre sa place. Manuel est allé trop loin, il a insulté Hollande qui doit lui demander de partir".
Face aux rumeurs persistantes, l'Elysée a réagi en deux temps. D'abord, en niant catégoriquement auprès de l'agence de presse Reuters que François Hollande préparerait un remaniement et en affirmant que Manuel Valls resterait à sa place. Deuxième salve : le porte-parole du gouvernement, ministre de l'Agriculture de Manuel Valls et ami de François Hollande a remis en perspective les velléités du locataire de Matignon : "Il n'y aura pas de primaire entre le président de la République et le Premier ministre. Ça n'existe pas, ça ne peut pas s'imaginer sauf dans des esprits qui ont un petit peu tendance à confondre leur ressentiment personnel avec l'intérêt général", a-t-il asséné au micro d'Europe 1. Le chef de l'Etat, lui, veut prendre de la hauteur, de manière à ne pas entrer en campagne pour la présidentielle 2017 dans un climat de tensions, voire de guerre larvée dans son camp. "Sang froid, apaisement et rassemblement, il n'y a que cela qui compte", répète-t-il à ses proches, selon les confidences du Monde.
Le mano a mano tourne à l'avantage de Hollande
Reste qu'une démission unilatéralement décidée par Manuel Valls demeure une hypothèse ouverte. Si le Premier ministre franchit le Rubicon, François Hollande pourra toujours faire valoir la légitimité institutionnelle, en renvoyant le chef du gouvernement à ses propres responsabilités. "Le président se dit qu'en politique il vaut toujours mieux être le trahi que le traître. Lui a l'intention de gérer le pays, il n'est pas là pour distribuer des bourre-pifs", confie encore un proche au Monde. Dans Libération, l'entourage de Manuel Valls rassure. "Il ne démissionnera pas", affirme un parlementaire vallsiste. Francis Chouat, l'homme qui l'a remplacé à la maire d'Ivry, est catégorique : "Le but ce n'est ni une guerre, ni une crise de régime. Il n'y a qu'une chose à faire, que Manuel Valls et François Hollande se parlent".
Comme chaque semaine, les deux hommes ont déjeuné à 13 heures ce lundi. A l'issue du repas, les services de Matignon ont publié un communiqué. "Il ne peut y avoir, dans ce moment précis où la France fait face à la menace terroriste, de confrontation politique dans le cadre d'une primaire entre un président de la République et un Premier ministre". Manuel Valls a par ailleurs assuré qu'il écartait toute démission, réaffirmant qu'il avait "le sens de l'Etat". En quelques heures, François Hollande a donc réussi à évacuer le scénario d'une guerre ouverte au sommet de l'exécutif.