Didier Lallement : le nouveau préfet de police de Paris déjà bien connu chez les gilets jaunes

Didier Lallement : le nouveau préfet de police de Paris déjà bien connu chez les gilets jaunes DIDIER LALLEMENT - L'exécutif devait réagir. Après le regain de violences lors de l'acte 18 des gilets jaunes, le préfet de police de Paris Michel Delpuech est remplacé par Didier Lallement.

Il aura la lourde tâche de trouver une issue à la crise sans fin des gilets jaunes, qui a sans doute connu samedi dernier l'un de ses épisodes les plus violents depuis trois mois. Didier Lallement a été nommé préfet de police de Paris par le Premier ministre Edouard Philippe ce lundi 18 mars 2019, en remplacement de Michel Delpuech, très critiqué depuis l'acte 18 du mouvement de contestation. Didier Lallement était jusqu'à aujourd'hui préfet de Nouvelle Aquitaine. Dans un portrait du quotidien régional Sud Ouest qui lui était consacré en décembre 2017,  au moment de sa nomination dans la région, Didier Lallement était présenté comme un commis de l'Etat aussi soucieux de la sécurité que de l'environnement.

Didier Lallement est né à Lyon le 27 août 1956. Et ce haut fonctionnaire, qui a débuté en 1982 à la mairie d'Epinay-sur-Seine après ses études à l'Institut supérieur de gestion (ISG), est notamment passé par le ministère de l'Ecologie de 2007 à 2010, quand la maison était tenue par un certain Jean-Louis Borloo. Secrétaire général de ce grand ministère qui organisera notamment le Grenelle de l'Environnement, Didier Lallement va y piloter des dossiers ambitieux, comme la réorganisation et la décentralisation des services. Il y forgera sa fibre écolo et sa conviction "d'un sursaut environnemental nécessaire des organisations".

Mais plus récemment, Didier Lallement s'est fait connaitre des gilets jaunes et de leurs soutiens pour des positions autrement plus autoritaires. Début mars, le préfet de Nouvelle Aquitaine a apporté un soutien clair aux forces de l'ordre après la blessure du député de la 3ᵉ circonscription de Gironde, Loïc Prudhomme, lors d'une manifestation des gilets jaunes à Bordeaux. L'élu insoumis avait été matraqué et blessé à l'oreille par un policier et le parti de Jean-Luc Mélenchon était allé jusqu'à réclamer la démission de Didier Lallement, qui avait jugé que les forces de l'ordre avaient "correctement fait leur travail". 

Didier Lallement, un habitué des ministères

Dans sa déjà très riche carrière dans l'administration, Didier Lallement est passé par plusieurs ministères : il fut entre autres conseiller technique au sein du cabinet de Jean-Michel Baylet, secrétaire d'Etat aux Collectivités locales, dès 1989, une mission qu'il poursuivra auprès de Jean-Pierre Sueur, au début des années 1990. Didier Lallement a aussi été directeur du cabinet de Dominique Perben, ministre des Transports jusqu'en 2007. Un poste qu'il cumulait avec celui de directeur général de l'Aviation civile au sein du même ministère.

Bon connaisseur des collectivités et de l'aménagement du territoire (il est aussi passé par la Datar, la Délégation interministérielle à l'aménagement du territoire et à l'attractivité régionale), Didier Lallement a également un parcours riche Place Beauvau et dans ses environs très proches. Au sens politique s'entend. Dès 1997, il travaille avec Jean-Pierre Chevènement au ministère de l'Intérieur en tant que directeur général des collectivités locales, une mission où, dit-on, il sera le moteur des regroupements intercommunaux qu'on connait tous aujourd'hui. Didier Lallement va aussi oeuvrer en tant que directeur de l'administration pénitentiaire au sein du ministère de la Justice entre 2001 et 2004 auprès de Dominique Perben, garde des Sceaux de l'époque. Il y développera le renseignement et la sécurité dans les prisons, avec notamment la création des Equipes régionales d'intervention et de sécurité (ERIS). Dernier poste clé en date : celui de secrétaire général du ministère de l'Intérieur du temps de Manuel Valls. Didier Lallement va y développer les rapprochements déjà en cours entre la police et la gendarmerie.

Didier Lallement a enchaîné les postes de préfet

Ces passages dans les ministères depuis désormais trente ans ont été entrecoupés de missions locales et préfectorales. Didier Lallement a été tour à tour sous-préfet et directeur du cabinet du préfet de l'Essonne en 1990, secrétaire général de la préfecture de la Marne entre 1993 et 1996, préfet de l'Aisne de 2000 à 2001, puis de Saône-et-Loire de 2004 à 2005, de Basse-Normandie et enfin du Calvados entre 2010 et 2012. Le tout avant de devenir, en 2014, conseiller-maître à la Cour des comptes en charge des dossiers d'énergie, de commerce et d'artisanat. Le poste de préfet d'Aquitaine aura été sa dernière mission en date avant de prendre en charge la délicate question de la sécurité dans la capitale.