La jeunesse des présidents de la République Jacques Chirac, déjà passionné d'Asie

 Comme Nicolas Sarkozy, Jacques Chirac est décrit comme un enfant agité, indiscipliné et plutôt mauvais élève. Mais il se passionne déjà pour la culture asiatique. Et décide même de se convertir à l'hindouisme. 


jacques chirac, cinquième président de la ve république.
Jacques Chirac, cinquième Président de la Ve République. © Commission européenne

"A quinze ans, lorsqu'il sèche les cours, Jacques se rend en cachette, comme d'autres ados courent voir des films pornographiques, au musée Guimet où il se prend de passion pour les civilisations anciennes. Au soir de sa vie, il évoque ce qui fut si longtemps son jardin secret : "J'ai rencontré et appris à aimer l'Asie, découvert le génie de civilisations majestueuses, mesuré leur grandeur et, par contraste, le carcan ethnographique ou exotique dans lequel l'Occident les avait trop souvent enfermées (21)." Pourquoi Chirac s'est-il donné tant de mal et pendant si longtemps à faire croire qu'il était inculte et qu'il s'en flattait, affirmant n'aimer que la musique militaire et les romans policiers ? Par crainte d'être incompris, dira-t-il. Notamment de son père pour qui seuls les résultats scolaires comptent. Et parce qu'il veut qu'on le laisse tranquille, qu'"on ne se mêle pas de mes petites affaires". C'est sa manière de vivre, secrète, pudique, hors du temps.

"A seize ans, il décide de se convertir à l'hindouisme et veut apprendre le sanscrit."

A seize ans, il décide de se convertir à l'hindouisme et veut apprendre le sanscrit. On lui indique l'adresse d'un professeur. C'est un "Russe blanc", ancien diplomate, âgé d'une soixantaine d'années, qui parle plusieurs langues et donne des cours dans la petite chambre où il habite, au fond d'une cour dans le 14e arrondissement. Wladimir Belamovitch sera le premier gourou, le premier maître à penser de Jacques Chirac qui, on le sait, en aura beaucoup. M. Belamovitch, comme il l'appelle encore aujourd'hui, comprend vite que son élève n'est pas doué pour le sanscrit et lui conseille le russe. Il lui fait lire Tolstoï, Pouchkine et Dostoïevski dans le texte. L'incite même à traduire, à vingt ans, Eugène Onéguine, traduction refusée, dit-il, par une dizaine d'éditeurs et qu'il conserve pieusement. Mais que personne n'a jamais vue ! Entre le vieux professeur et le jeune élève naît une vraie amitié. Les parents de Jacques se prennent aussi d'affection pour cet homme qui vit seul avec peu de ressources. Ils l'hébergeront même dans leur appartement de la rue de Seine, qui possède une chambre avec entrée indépendante. Le soir, il dîne souvent avec eux, en famille. L'été, ils l'emmènent en Corrèze. François Chirac a compris qu'avec lui, au moins, son fils apprendrait quelque chose."


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21. Jacques Chirac, Chaque pas doit être un but, op. cit., p. 30.