Attentats de Bruxelles : 10 infos clés sur l'enquête

Attentats de Bruxelles : 10 infos clés sur l'enquête ATTENTAT BRUXELLES - Après le double attentat dans l'aéroport et le métro de Bruxelles ce mardi 22 mars 2016, Daesh a revendiqué l'attaque. Ce qu'il faut savoir en 10 points...

[Mis à jour le 29 mars 2016 à 09h14] Une série d'attentats terroristes a frappé la ville de Bruxelles ce mardi 22 mars, dans la matinée, plongeant le pays et l'Europe toute entière dans le chaos. Au moins deux attaques à l'explosif ont eu lieu dans la capitale, dont une attaque kamikaze à l'aéroport et une autre dans le métro. Ces attentats à Bruxelles ont fait au moins 31 morts et des centaines de blessés. Il y aurait une douzaine de Français parmi les victimes, dont un mort et 3 blessés graves. Un bilan encore provisoire. Voici ce qu'on peut dire sur ces attaques.

>> Lire aussi : Qui sont les auteurs des attentats de Bruxelles ?

1/ Deux attaques coordonnées, comme à Paris

L'attentat de Bruxelles a suivi un mode opératoire très proche des attentats de paris le 13 novembre dernier, avec une série d'attaques simultanées. Le mardi 22 mars, peu avant 8 heures, plusieurs explosions ont d'abord retenti à l'aéroport international de Zaventem. Elles ont été suivies d'une autre explosion, à 9h11, dans une station de métro du quartier européen de Bruxelles, la station Maelbeek. D'autres déflagrations ont été rapportées, mais n'ont pas été confirmées ou ont été attribuées à des opérations de neutralisation de colis suspects.

En fin de journée, on apprenait que des explosifs, des produits chimiques et un drapeau de l'organisation terroriste EI étaient retrouvés lors d'une perquisition à Bruxelles, plus précisément dans le quartier de Schaerbeek, proche de la capitale. C'est de ce quartier que seraient partis les terroristes des attentats de Bruxelles. Un quartier où des empreintes ADN de Salah Abdeslam avaient été retrouvées il y a peu...  La cache contenait 15 kg d'explosifs, ainsi que 150 litres d'acétone, 30 litres d'eau oxygénée, des bacs et des ventilateurs, des détonateurs et des sacs remplis de clous et de vis. C'est le chauffeur de taxi qui avait convoyé les terroristes jusqu'à l'aéroport qui a conduit la police sur place.

EN VIDEO - Le point sur l'enquête.

"Attentats de Bruxelles : le point sur l'enquête"

2/ L'Etat Islamique a revendiqué l'attaque

Un communiqué de Daesh en anglais a été diffusé dès mardi vers 16h via une agence de presse affiliée à l'organisation, Amaq. "Des combattants de l'Etat islamique ont perpétré une série d'attentats, avec des ceintures d'explosifs et des bombes, visant un aéroport et une station de métro du centre de la capitale belge Bruxelles", indique le document. Une heure après ce premier communiqué, Daesh diffusait une autre revendication, en Français cette fois. La Belgique y est qualifiée de "croisée" et Daesh se félicite de la "crainte et l'effroi" semés par les "Soldats du Califat" dans le pays.

3/ A l'aéroport Zaventem, des kamikazes et des valises d'explosifs

Les explosions au sein de l'aéroport de Zaventem "sont le fait d'un attentat kamikaze" a indiqué le procureur du roi de Belgique dès 10 heures mardi matin. Une information confirmée depuis par des sources policières et judiciaires. La piste du colis piégé avait d'abord été privilégiée. Une première explosion a eu lieu à7h58, dans le sas réservé aux enregistrements devant le comptoir numéro 11. Elle aurait été suivie d'une autre explosion quasi-simultanée. Neuf secondes plus tard, cette seconde explosion frappe les guichets 2 et 3. Le guichet Americain Airlines a été dans un premier temps évoqué comme une cible potentielle, mais la compagnie a démenti cette information. Le comptoir de la compagnie Brussels Airlines a lui aussi été mentionné.

Les différents développements ont permis d'établir qu'au moins deux kamikazes ont péri dans l'attaque contre l'aéroport (lire ci-dessous). Les explosifs étaient transportés dans des valises de voyage. De quoi dissimuler d'importantes charges, plus puissantes que dans une ceinture d'explosifs. Un homme a parlé en langue arabe juste avant la première déflagration selon plusieurs témoins.

Aucune arme de poing n'a été trouvée à l'aéroport, selon le procureur. Selon le Figaro et plusieurs autres médias citant des sources officielles, une troisième bombe a en revanche été découverte et détruite dans l'après-midi au sein de l'aéroport. Elle contenait des clous et des boulons, généralement utilisés dans des explosifs artisanaux pour faire le maximum de victimes.

4/ A la station Maelbeek, le même dispositif

Concernant le second attentat, dans le métro de Bruxelles, dans la station de Maelbeek, les informations sont restées très partielles jusqu'à ce mercredi. Au moins une explosion a eu lieu dans un endroit beaucoup plus confiné que dans le terminal de l'aéroport, vers 9h11, le mardi 22 mars. Selon la STIB, la société de transports bruxelloise, l'attaque a eu lieu dans un "ancien métro composé de trois voitures", juste après le démarrage, en direction d'Arts-Loi. C'est dans la seconde voiture qu'a eu lieu la déflagration, alors que celle-ci se trouvait encore le long du quai. Le conducteur a immédiatement stoppé le convoi et a évacué les autres voitures.

Sur les chaînes d'info en continu comme sur les médias belges, on a rapidement décrit "un massacre". Peu après midi, un bilan de 15 morts et 55 blessés était avancé. Un chiffre confirmé de source officielle dans l'après-midi puis alourdi à une vingtaine de morts depuis. D'autres explosions ont été rapportées dans un premier temps, mais non confirmées. Le centre de crise a en revanche indiqué qu'une explosion rue de la Loi était liée à la neutralisation d'un colis suspect. La neutralisation de bagages ou de gilets explosifs présumés ont aussi été rapportés, expliquant des déflagration jusque dans l'après-midi.

Selon le parquet fédéral, l'attaque du métro aurait été menée par au moins deux kamikazes. Un autre homme pourrait être impliqué (lire ci-dessous).

5/ Trois terroristes identifiés

Deux terroristes, les frères Khalid et Ibrahim el-Bakraoui, ont été formellement identifiés, grâce à leurs ADN retrouvés à l'aéroport et dans le métro de Bruxelles. L'un, Ibrahim, aurait déclenché son explosif dans l'aéroport Zaventem. L'autre, Khalid el-Bakraoui, s'est quant à lui fait exploser dans la station de métro Maelbeek. Les deux kamikazes sont morts dans les explosions. Un troisième kamikaze, Najim Laachraoui, déjà reconnu comme l'un des artificiers des attentats de Paris en novembre dernier et activement recherché depuis, s'est lui aussi fait exploser à l'aéroport. Une information confirmée par le parquet fédéral de Belgique vendredi.

Une photo des suspects de l'attentat de l'aéroport de Bruxelles a été dévoilée, d'abord sur le compte Twitter de la Dernière Heure, puis sur ceux de plusieurs autres médias belges mardi après-midi. Le parquet a rapidement confirmé que ce cliché (voir ci-dessous) était bien celui de trois suspects impliqués dans l'attentat de l'aéroport. Y figurent  Ibrahim el-Bakraoui (au centre) et Najim Laachraoui (à droite). Une personne portant un chapeau et vêtue de blanc, elle aussi visible sur la photo, est activement recherchée depuis les attentats. Elle a déposé un grand sac et est partie avant les explosions. Son sac contenait la charge explosive la plus importante, selon les informations livrées par le parquet.

6/ Un à deux suspects recherchés

"L'homme au chapeau" a fait l'objet de beaucoup de spéculations : il a été un temps comparé à Najim Laachraoui, puis à Mohamed Abrini, un proche de Salah Adbeslam. Un communiqué des autorités ce samedi 26 mars a laissé penser qu'il s'agissait de Fayçal Cheffou, un journaliste indépendant ayant pris la défense de détenus musulmans par le passé. Arrêté jeudi, il a été inculpé pour terrorisme. Mais il a été relâché lundi, "les indices qui avaient entraîné [son] arrestation [...] n'ayant pas été confortés par l'évolution de l'instruction en cours".

PHOTO - Sur cette image prise à l'aéroport, on peut distinguer deux kamikazes, dont probablement l'un des frères el-Bakraoui, Ibrahim (au centre). L'un des deux autres hommes est Najim Laachraoui, considéré comme le deuxième kamikaze (à gauche). Le dernier (à droite) est toujours recherché :

Vers 18 h mardi, un avis de recherche était diffusé par la police belge à partir de cette image :

 

Reste un cinquième suspect qui aurait agi dans le métro avec Khalid el-Bakraoui. La police belge a diffusé jeudi un portrait robot de cet homme. La piste de Mohamed Abrini est crédible. Il s'agit d'un ami d'enfance de Salah Abdeslam, soupçonné d'être impliqué dans les attentats de Paris. Cet homme ferait partie des loueurs d'appartements ayant servi de planques aux terroristes. Il a aussi été capté par une caméra de vidéo-surveillance le 11 novembre, avec Salah Abdeslam, dans une Clio qui servira aux attentats deux jours plus tard. Les enquêteurs seraient parvenus à identifier Mohamed Abrini avec une quasi-certitude sur la photo de l'aéroport. Un autre homme, Naim al-Hamed, est activement recherché. Il est soupçonné d'avoir participé, de près ou de loin, aux attentats de Paris et Bruxelles. Syrien de 28 ans, il est considéré comme " très dangereux et armé". 

Ce sont donc quatre à cinq hommes au total qui pourraient être impliqués dans ces attentats (lire notre article sur les auteurs des attentats de Bruxelles). Plusieurs personnes ont été interpellées à Bruxelles dans le cadre de l'enquête. Des perquisitions ont eu lieu dans le quartier de Schaerbeek toute la semaine, y compris ce vendredi et ce samedi. Certains des hommes arrêtés pourraient en revanche avoir un lien avec une autre enquête : celle de l'attentat déjoué en France, en marge d'une opération à Argenteuil jeudi soir.

7/ Un rôle pour Salah Abdeslam, mais lequel ?

Un double ou triple attentat, perpétré par un ou plusieurs kamikazes, revendiqué par Daesh, le tout quelques jours seulement après l'arrestation de Salah Abdeslam et dans la ville où il a été interpellé... Les événements qui ont eu lieu à Bruxelles ce mardi 22 mars 2016 ont inévitablement tourné les policiers vers la piste djihadiste et vers le réseau d'Abdeslam à Molenbeek et au-delà. Ces explosions sont en effet intervenues quatre jours à peine après l'arrestation de Salah Abdeslam, l'un des principaux suspects des attentats de Paris encore recherché depuis le 13 novembre. Au lendemain de cette arrestation spectaculaire à Molenbeek, dans la banlieue de Bruxelles, le 18 mars, la presse rapportait que Salah Abdeslam était parvenu à réintégrer une cellule terroriste, cellule qui s'était procurée des armes et semblait prête à passer à l'attaque. La Belgique comme la France avaient par ailleurs plusieurs fois indiqué que la menace terroriste restait importante malgré cette arrestation.

Ce mercredi, TF1 annonçait que les frères el-Bakraoui avaient laissé un testament dans lequel ils indiqueraient avoir perpétré cet attentat pour "venger" l'arrestation de Salah Abdeslam par les forces belges. Un ordinateur a en réalité été retrouvé dans une poubelle près de l'appartement de Schaerbeek d'où les terroristes sont partis. Selon le parquet fédéral belge, qui a exploité l'ordinateur et le testament vidéo y figurant, les deux frère auraient agi dans la précipitation.

La piste d'une réplique djihadiste après l'arrestation du terroriste est donc en question. Dans l'Express, Claude Moniquet, expert en terrorisme et ancien membre de la DGSE, affirme qu'il est "possible que l' interpellation de Salah ait accéléré ces attaques", mais selon elle, elles n'en sont pas à l'origine. Sur le site de 20 Minutes, un autre expert, Jean-Charles Brisard, indique que "ces attentats étaient forcément planifiés depuis plusieurs semaines" et n'ont probablement pas "été commis en représailles à l'arrestation de Salah Abdeslam". Mais le testament des frères el-Bakraoui, dans lequel ils affirmeraient vouloir venger Salah Abdeslam semble indiquer le contraire. Le lien entre les attentats de Bruxelles et les attentats de Paris reste donc possible, tout comme la thèse de l'accélération du calendrier des djihadistes.

Alors que Salah Abdeslam a déjà parlé aux aux policiers belges, la thèse d'une opération préparée de longue date et dans laquelle il pourrait lui même avoir eu un rôle, reste elle aussi sur la table. Selon la chaîne belge VRT, Salah Abdeslam avait planifié des fusillades dans la capitale belge similaires à celles du 13 novembre à Paris...

8/ Le même réseau djihadiste belge qu'à Paris

Que Salah Adbeslam ait lui même joué un rôle actif dans les attentats de Bruxelles ou non, les premières perquisitions menées depuis ce mardi à Bruxelles, tout comme les identifications des frères el-Bakraoui et de Najim Laachraoui, ramènent donc inéluctablement à la piste du réseau de Molenbeek, déjà à l'oeuvre lors des attentats de Paris le 13 novembre. Depuis l'arrestation de Salah Abdeslam, les noms de Mohamed Abrini, Najim Laachraoui et les frères Khalid et Ibrahim el-Bakraoui étaient cités. Tous sont issus de la mouvance djihadiste belge. Tous avaient un lien avec Salah Abdeslam ou avec la préparation des attentats de Paris.

L'appartement de Forest, dans lequel une fusillade a eu lieu lors d'une perquisition le mardi 15 mars 2016, et qui avait mis les policiers sur la piste de Salah Abdeslam, avait été loué par les deux frères el-Bakraoui. Ces derniers auraient donc trouvé une "planque" pour Abdeslam après le carnage parisien. Quant à Najim Laachraoui, il avait été contrôlé le 9 septembre 2015, à la frontière austro-hongroise, dans un véhicule à bord duquel figurait Salah Abdeslam et un autre djihadiste, Mohamed Belkaïd, tué à Forest le 15 mars.

9/ Un bagagiste cité

Le nom d'Abdeilah Chouaa, un bagagiste de l'aéroport de Zaventem, qui aurait eu des liens avec Salah Abdeslam avant d'être arrêté en novembre dernier, intrigue également. Fils d'un imam de Molenbeek-Saint-Jean, il est actuellement en détention préventive. Cet homme d'une trentaine d'années avait été contacté par Salah Abdeslam le soir même des attentats de Paris. Abdeslam aurait cherché à obtenir son aide pour se constituer une nouvelle identité, en vain. Abdeilah Chouaa est également un proche de  Mohamed Abrini, le Belgo-Marocain de 30 ans soupçonné d'avoir participé aux repérages des attentats de Paris en compagnie d'Abdeslam. Abdeilah Chouaa a été placé en détention provisoire pour "participation aux activités d'un groupe terroriste et assassinats terroristes".  Est-ce également lui qui aurait livré les informations nécessaires aux kamikazes pour agir au sein de l'aéroport international de Bruxelles ? L'hypothèse est encore très incertaine et la piste ne semble pas avoir été approfondie à ce stade.

10/ Une piste biélorusse vite abandonnée ?

Une piste biélorusse a aussi été évoquée dans les heures suivant les attentats de Bruxelles. Selon l'agence Russia Today et d'autres médias russes, les services spéciaux moscovites auraient averti les autorités belges de l'arrivée de terroristes il y a peu. Deux hommes âgés de 27 et 23 ans, deux frères, auraient quitté la Biélorussie fin février pour se rendre en Belgique. Ces derniers auraient pu suivre un entrainement dans des camps de djihadistes en Syrie. Cette piste n'a pas donné de suite cette semaine.