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DEJA DEMAIN
 
Septembre 2006

La greffe de cerveau

Après la greffe de cœur, de poumon, de main et de visage, à quand la greffe de cerveau ? Des expériences sur divers animaux montrent que ce sera sans doute un jour possible. Mais est-ce souhaitable ?

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Transplanter un cerveau. L'idée peut faire sourire... ou faire peur. Photo © L'Internaute Magazine

La greffe de cerveau relève pour nous de la science-fiction. D'ailleurs, il faudrait plutôt parler de "greffe de corps", car le cerveau est lui toujours vivant : il s'agirait donc de l'intégrer dans un nouveau corps humain dépouillé de cerveau.

Une expérience douteuse

L'expérience menée par le professeur Robert White, en 2001, a suscité la controverse. Il a réussi à transférer le cerveau entier d'un singe dans le corps d'un autre singe. L'animal a survécu quelques jours après l'opération. "Le singe était conscient" témoignait-il alors à la BBC, "il pouvait voir, entendre, sentir et vivre normalement". Il explique avoir pu déconnecter le cerveau du réseau sanguin pendant une heure sans dommage. Normalement, une perte d'alimentation en oxygène de quelques minutes suffit à provoquer des lésions irréversibles.

Plusieurs de ses collègues ont qualifié l'expérience de "grotesque". Pour la plupart des scientifiques, il et impossible de rétablir les connexions nerveuses lors de la transplantation. Sans compter les risques de rejet : déjà pour un morceau de peau, c'est délicat, alors pour un corps entier ! Mais White y croit : "Dans 10 ans au plus, on aura fait une greffe de cerveau chez l'homme" affirme-t-il. Prix de l'opération : autour de 2 millions de dollars.

Des créatures hybrides

Un poulet qui chante comme une caille : c'est possible. Photo © Nelly Germain / Galerie photo de L'Internaute

Au-delà de ces expériences plus ou moins réalistes, d'autres scientifiques très sérieux travaillent sur le transfert de cellules cérébrales. C'est par exemple la spécialité d'Evan Balaban, maître de conférence en neurosciences comportementales à l'université Mc Gill de Montréal. Ce chercheur travaille sur les embryons d'oiseau pour déterminer quels comportements sont acquis ou innés.

Il a ainsi pu observer qu'un oiseau ayant reçu une greffe de cellules cérébrales d'une autre espèce va, de manière innée, préférer le chant du donneur. "On peut obtenir un poulet qui a le cri de la caille, parfois même plus qu'une caille normale" explique-t-il. Les cellules greffées auraient un plus grand contrôle du comportement que les cellules normales.

Selon Balaban, le taux de survie est de 20 à 60% chez les animaux greffés. C'est un progrès énorme : il y a 50 ans, seul un individu sur 1000 restait en vie. Depuis, des chercheurs ont réalisé des transferts de cerveau chez diverses espèces, de la grenouille à la salamandre en passant par le canard.

La question éthique

Va-t-on bientôt voir débarquer des créatures mi-singe mi-homme sorties tout droit de La planète des singes ? "Absolument pas", tempère Balaban. "Ce type de transfert est impossible chez les mammifères".

Il n'empêche : la greffe de cerveau sera probablement un jour réalisable du point de vue technique chez l'homme. Mais pour quoi faire ? "Je ne vois pas de justification médicale à la transplantation de cerveau" explique le professeur Stephen Rose, directeur du centre de recherche sur le cerveau et le comportement à l'Open University (Royaume-Uni). Pour lui, aider les tétraplégiques passe d'abord par la régénération des nerfs spinaux.

En savoir plus : la cartographie du cerveau

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