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Mars 2006

... Se fabrique la neige artificielle ?

En réalité, on ne dit pas "neige artificielle", mais "neige de culture". Il est vrai qu'elle ressemble beaucoup à la neige naturelle : de l'air, de l'eau, et du froid ! Une recette qui fait succès...
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188 stations sont équipées de canons à neige en France, soit environ une sur deux. Un chiffre en constante progression, car les enjeux touristiques sont énormes. La plupart des stations ne peuvent pas se permettre de compter sur les aléas du climat, quand les clients ont réservé plusieurs mois à l'avance et exigent un enneigement de bonne qualité. Du coup, entre 11 et 22% du domaine skiable est aujourd'hui recouvert avec de la neige de culture (4 000 hectares environ).

Il faut environ 1 m³ d'eau pour obtenir 2m³ de neige. 15 millions de m³ d'eau sont ainsi prélevés chaque année pour enneiger nos pistes de ski.

Il faut environ trois canons à neige par hectare. La plupart des stations les utilisent surtout en début de saison, de mi-novembre à janvier, et sur les pistes les plus fréquentées. Mais on n'en est pas encore aux stations 100% recouvertes de neige artificielle, comme cela existe déjà aux Etats-Unis ! Il faut espérer que ça ne sera jamais le cas, car tout cela a un coût environnemental : 15 millions de m³ d'eau par an en France, dans des zones où l'eau est souvent rare. Sans compter les dépenses d'énergie pour faire fonctionner les canons.

Facile à fabriquer, mais sous plusieurs conditions
Le principe est simple : on pulvérise des gouttelettes d'eau dans de l'air ambiant suffisamment froid pour qu'elles se congèlent avant d'atteindre le sol. L'air est injecté à une pression de 20 à 80 bars, et quand il se détend, on obtient des flocons. C'est assez facile pour des températures de l'ordre de -10°C, mais beaucoup plus délicat quand on s'approche des 0°C.

Eric Guilpart, le directeur de la communication de la Compagnie des Alpes (qui possède plusieurs stations) estime ainsi qu'en dessous de -2°C ou -3°C, le canon à neige n'est pas efficace.

Autrefois on utilisait un additif qui augmentait le point de congélation de l'eau, mais il n'est plus utilisé aujourd'hui dans la majorité des stations. Même si sa nocivité pour l'environnement n'était pas prouvée, les amoureux de la montagne n'appréciaient pas tellement.

D'autre part, plus le degré d'humidité de l'air est élevé, plus il doit faire froid pour fabriquer de la neige (l'air ambiant étant déjà saturé d'eau).

Des équipements adaptés au domaine skiable
Les stations de ski ont le choix entre deux systèmes. Dans le module basse pression, un compresseur unique distribue l'eau sous pression à des petits gicleurs (les nucléateurs). En sortant du gicleur, l'eau active une turbine qui brise le jet en fines gouttelettes. Plus efficace, ce système est difficile à utiliser dans les reliefs escarpés et nécessite un gros travail de damage. Dans les modules haute pression, chaque gicleur est équipé d'un compresseur. Ces modules permettent d'utiliser de l'eau moins froide, mais ils sont bruyants et souvent disposés en bas des pistes : pas très agréable pour les riverains.

Neige artificielle contre neige naturelle
La neige artificielle est-elle exactement la même que celle tombée du ciel ? Hélas, non. Plusieurs raisons à cela. Au lieu de ressembler à des flocons, les cristaux de neige de culture ressemblent plutôt à des petits grains, comme du sucre cristallisé. La différence est due au temps de suspension dans l'air : alors que les gouttelettes provenant des nuages tombent parfois pendant plusieurs minutes, ceux des canons à neige retombent en à peine 2 à 15 secondes dans l'air. Du coup ils n'ont pas le temps de se transformer en cristaux.

Deuxième différence : la densité. La neige de culture pèse 330 à 450 kg par m³, contre 40 à 180 kg/m³ pour la neige naturelle. Le problème ici n'est pas technique, car on sait parfaitement fabriquer de la neige plus ou moins dense, mais c'est un choix des stations. En effet, plus la neige est fine, plus elle dure longtemps. Elle est aussi plus facile à damer le soir. Du côté des skieurs, on est plutôt mitigé : "La neige naturelle offre une meilleure adhérence", affirme ainsi Clotilde.

EN IMAGES Les cristaux de neige
 
 Céline Deluzarche, L'Internaute
 
Magazine Science
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