L'Internaute > Science > Magazine >  > Art et science > Les autochromes
ART ET SCIENCE
 
Mai 2007

Naissance des photos en couleurs

Les premières photographies en couleurs sont l'œuvre du célèbre Louis Lumière. A l'heure du numérique il est bon de se souvenir que l'on doit l'apparition des premières photos couleurs à de la fécule de pomme de terre teintée.
  Envoyer Imprimer  

C'est en 1903 que Louis Lumière met au point son procédé de photographie en couleurs : la plaque autochrome. Des résultats encourageants sont obtenus dès les années 1890 par d'autres expérimentateurs, mais cette invention est bien plus simple à utiliser. Tellement facile d'accès que la plaque autochrome est commercialisée dès 1907.

 

 
Autochrome de la première guerre mondiale. Photo © DR
 

Premières tentatives

Avant l'autochrome, la photographie en couleurs est loin d'être accessible à tous, d'une part parce qu'elle est trop coûteuse, de l'autre, elle est bien trop difficile à exécuter. L'un des précurseurs est Louis Ducos du Hauron. Dans les années 1890, il met au point une technique de coloration, la trichromie, qui ne connaîtra pas un franc succès en raison de sa difficulté. Elle nécessite une préparation très longue : prise de trois clichés identiques avec des filtres colorés, superposition de ces clichés et temps de pose très long. En raison d'une manipulation ardue couplée à des résultats aléatoires, cette méthode ressemble davantage à une expérience de scientifique qu'à un procédé grand public. Néanmoins, elle n'est pas fatale à l'envie de coloriser les photographies.

Des couleurs grâce à Lumière

Louis Lumière n'en est pas à sa première invention : plaque photographique instantanée, cinématographe, il ne manque que la couleur. Bien plus simple que le procédé de la trichromie, la plaque autochrome permet la coloration à partir de minuscules grains de fécule de pomme de terre.

 
Composition d'une plaque autochrome. Photo © DR
 

Comment la pomme de terre a-t-elle révolutionné la photographie ?
Au lieu de superposer trois clichés, l'autochrome utilise pour filtrer la lumière un unique écran composé de milliers de grains de fécule teintés en trois couleurs : rouge-orangé, vert et bleu-violet. Cet écran est constitué d'une plaque de verre enduite de vernis, recouverte de fécule teintée, le tout passé à la presse, imperméabilisé et enfin badigeonné d'une émulsion noir et blanc. Ainsi on obtient une plaque comme celle utilisée pour les photos en noir et blanc. On l'insère alors dans l'appareil comme avant mais dans le sens inverse, c'est-à-dire le verre du côté de l'objectif. Pourquoi ? Pour que la lumière traverse tous les grains de fécule comme un filtre pour imprégner l'émulsion noir et blanc photosensible. Seules les couleurs des sujets sont reportées sur la plaque, sous forme de minuscules points colorés. Comme pour le rendu des œuvres des pointillistes, c'est l'œil qui fait lui-même le mélange et assure l'homogénéité du rendu. Le temps de pose est relativement court, une seconde en moyenne et le développement est proche de celui du noir et blanc de l'époque, à la différence que pour la couleur il faut effectuer une inversion en positif de l'image négative. La plaque est ainsi prête, on peut alors admirer l'image en couleurs par transparence ou par projection, comme pour une diapositive.

Un succès immédiat

Cette belle invention est commercialisée dès 1907, il y a tous justes 100 ans. Les artistes sont les premiers à explorer ce nouveau support qui devient rapidement l'outil de premier choix pour immortaliser et matérialiser le visible. Une sorte de petite mort du conflit dessin-couleur.

 


Magazine Science Envoyer Imprimer Haut de page
Votre avis sur cette publicité

Sondage

Que pensez-vous du rejet d'eaux radioactives par le Japon ?

Tous les sondages