"C'est scandaleux !" : une décision française fâche Israël, des armements au coeur de la polémique

"C'est scandaleux !" : une décision française fâche Israël, des armements au coeur de la polémique Israël fustige une décision prise par les autorités françaises concernant le Salon international de l'aéronautique.

"C'est scandaleux !" Le président israélien Isaac Herzog a vivement critiqué la décision française, alors que s'ouvre ce lundi 16 juin le Salon international de l'aéronautique et de l'espace (SIAE) du Bourget. Cinq des neuf stands israéliens présents au Salon ont été recouverts de bâches noires et interdits d'accès durant la nuit, sur ordre du gouvernement français. En cause : l'exposition non autorisée d'armes offensives, comme ceux susceptibles d'être utilisés à Gaza, par plusieurs industriels de l'armement israéliens.

"La France considère qu'il y a là une situation terrible pour les Gazaouis, du point de vue humanitaire et sécuritaire, extrêmement lourde. La France a tenu à manifester que les armements offensifs ne devaient pas être présents dans ce salon", a déclaré à la presse le Premier ministre François Bayrou. D'après une source proche du dossier interviewé par France Info"un cadre clair a été donné aux Israéliens à savoir ne pas exposer d'armes offensives au Bourget." Un accord aurait même été trouvé avec l'ambassade d'Israël. Toutefois, sur les neuf entreprises présentes, quatre auraient respecté les consignes, tandis que cinq autres auraient décidé de passer outre. Il s'agit Elbit Systems, Rafael, Israel Aerospace Industries (IAI), Aeronautics et Uvision.

"Si ces acteurs-là se mettent en conformité avec le cadre donné, ils pourront exposer", assure-t-elle également. En attendant, leurs stands ont été barricadés par des panneaux en bois recouverts de draps noirs. Certains sont gardés par deux gendarmes de la SPI4G-CRS pour "Section de protection et d'intervention 4e génération", selon un envoyé spécial du Figaro présent sur place. La mesure a été ordonnée par le Secrétariat général de la Défense et de la Sécurité nationale (SGDSN), placé sous l'autorité de Matignon.

5 entreprises israéliennes privés du Salon du Bourget

Organisé par le Gifas (Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales), le plus ancien et plus grand rendez-vous aérospatiale au monde accueille près de 2400 exposants venus de 48 pays différents, du 16 au 22 juin en Seine-Saint-Denis. Dans un communiqué, les organisateurs affirment avoir agi sur "instruction directe des autorités françaises compétente, relative au retrait de certains équipements présentés sur des stands israéliens." Ils ajoutent que les entreprises israéliennes "ont eu peu de temps pour retirer (les armes offensives), c'est pourquoi cela a été mis pour l'ouverture sur certains stands le temps de trouver une solution", rapporte BFMTVCes entreprises restent autorisées à participer au salon et un dialogue serait actuellement en cours pour trouver une "issue favorable à la situation" d'après les organisateurs. 

La réponse israélienne n'a pas tardé. Dans un communiqué relayé notamment par le Jerusalem Post, le ministère israélien de la Défense a indiqué ne pas avoir consenti à retirer ses armes et a contesté l'existence d'un accord préalable. "En réponse, les organisateurs ont installé durant la nuit une cloison noire autour des stands israéliens, les isolant visuellement des autres pavillons internationaux, dont ceux de la Turquie et de la Chine." Le ministère accuse la France de "rompre avec la pratique habituelles des salons de la défense dans le monde entier". Selon lui, les bâches installées autour des stands s'apparentent à un "mur noir" qui instaurerait une forme de "ségrégation".

"C'est scandaleux, et cela doit être corrigé immédiatement."

Cette décision, qualifiée de "scandaleuse et sans précédent", serait selon Israël motivée par "des considérations politiques et commerciales". Alors que l'État hébreu affirme mener une guerre "nécessaire et juste" contre le Hamas pour "éliminer la menace nucléaire et balistique pesant sur le Moyen-Orient, l'Europe et le monde", il dénonce ce qu'il perçoit comme une volonté d'écarter la concurrence israélienne : "les Français se cachent derrière des considérations prétendument politiques pour exclure les armes offensives israéliennes d'une exposition internationale - des armes qui concurrencent les industries françaises"

Une attitude "d'autant plus choquante" pour Israël que les technologies d'armements israélien ont donné des "résultats impressionnants et précis" en Iran depuis le lancement de l'opération "Rising Lion" sur plusieurs bases nucléaires iraniennes, dans la nuit de jeudi à vendredi. Dans une interview accordée à LCI, le président Isaac Herzog s'est dit "choqué" : "Ces entreprises ont signé des contrats, elles ont payé pour être là. C'est comme créer un ghetto israélien. C'est scandaleux, et cela doit être corrigé immédiatement."

La participation d'Israël était critiqué depuis plusieurs mois

La présence d'entreprises israéliennes au Salon du Bourget suscitait déjà une vive controverse avant même l'ouverture de l'événement. Ces derniers jours, plusieurs associations avaient saisi la justice pour demander l'exclusion des entreprises israéliennes, invoquant le risque de participation à des crimes internationaux dans le contexte du conflit en cours à Gaza entre Israël et le Hamas. Le tribunal judiciaire de Bobigny a rejeté cette demande mardi, décision confirmée dans la foulée par la cour d'appel de Paris.

Dans le même temps, Amnesty International a dénoncé, dès lundi, "la présence de sociétés vendant des armes utilisées à Gaza" au Salon international du Bourget et "les livraisons de matériel militaire français à Israël", démenties par Paris. En signe de désapprobation, les élus de Seine-Saint-Denis ont choisi de boycotter la visite inaugurale du Premier ministre François Bayrou, rompant avec une tradition bien établie.