André Santini : ce qu'on sait des accusations d'agression sexuelle le visant
André Santini, le maire d'Issy-les-Moulineaux et vice-président du Grand Paris fait l'objet de deux plaintes pour "agression sexuelle", "harcèlement sexuel" et "harcèlement moral". Où en est l'enquête ?
[Mis à jour le 5 juillet 2022 à 16h31] Les accusations proviennent de deux de ses anciens collaborateurs : son ex-chef de cabinet et son ancien huissier. Après le dépôt de ces plaintes le 1er juillet, une enquête préliminaire a été ouverte par le parquet de Nanterre le lundi 4 juillet contre l'homme politique et l'élu André Santini, âgé de 81 ans. D'après le parquet, l'enquête a été confiée à la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP). Les plaignants, qui accusent André Santini d'"agression sexuelle", d'"harcèlement sexuel" et d'"harcèlement moral" ont récemment été écartés par ce dernier de leur poste. A la mi-mai, ils étaient officiellement licenciés pour avoir "rompu" les "liens de confiance nécessaires à la collaboration". Mais l'on sait aujourd'hui que dans les faits, le maire d'Issy-les-Moulineaux les a accusés, le 19 mai dernier, d'avoir "déconsidéré le cabinet" et d'avoir attrapé le virus lors d'une partie fine.
Les plaignants ont longuement décrit les motifs d'accusation auprès du Monde. L'ancien secrétaire d'Etat à la fonction publique et actuel maire d'Issy-les-Moulineaux leur aurait fait subir un harcèlement sexuel de longue durée. L'ex-huissier, qui est resté à ses côtés de 2011 à 2020 a décrit la culture de l'impunité qui régnait dans le cabinet. Les faits, qui datent pour certains de 2021 et 2022, ne sont pas prescrits. Pour l'heure, André Santini a seulement répondu : "Je nie naturellement avoir eu le moindre comportement tel que décrit dans les plaintes" lorsque le journal l'a sollicité. Il a repris l'argument du comportement de ses anciens collaborateurs qui auraient manqué à leurs fonctions : "Ces accusations s'intègrent dans un climat conflictuel concernant la situation administrative de ces agents". Son avocat, Marc Bellanger, a confirmé ne pas avoir connaissance des comportements imputés à son client (propos rapportés par l'AFP). Toutefois, pour Christelle Mazza, l'avocate des deux plaignants, a souligné l'importance de "l'ouverture rapide de l'enquête" qui va "permettre de mettre fin à la durée exceptionnelle d'une véritable omerta et à la culture de l'impunité mise en place par un politique de premier plan".
Qui est André Santini ?
L'homme accusé est âgé de 81 ans. Maire de la commune d'Issy-les-Moulineaux depuis 1980, il a une longue carrière politique et administrative derrière lui. Docteur en droit, il s'est lancé en politique en tant que membre du bureau du parti social-démocrate en 1980 (mouvement issus de diverses scissions du Parti socialiste). Il s'est ensuite dirigé vers l'UDF, un parti de centre droit non gaulliste et d'inspiration démocrate-chrétienne. Il a gravi les échelons jusqu'à devenir le vice-président du parti en 1998. En 2003, il a été élu président de la fédération d'Ile-de-France de l'UDF. Après un passage par la Force européenne et démocrate, un parti lancé par Jean-Christophe Lagarde en 2011, il a rejoint l'UDI, l'Union des démocrates et des indépendants, parti politique de centre-droit fondé par Jean-Louis Borloo.
En parallèle, il a occupé de nombreux mandats parlementaires et des fonctions ministérielles. De 1988 à 2017 (avec seulement trois ans d'arrêt sur la période citée), il fut député de la 10e circonscription des Hauts-de-Seine, celle d'Issy-les-Moulineaux. A l'Assemblée, il a également occupé le poste de président de la Commission des Affaires économiques, de l'Environnement et du Territoire de 1993 à 1994, avant de devenir vice-président de l'hémicycle de 1997 à 1998. Sur le plan ministériel, il secrétaire d'Etat chargé des Rapatriés (1986-1987) sous le gouvernement de Jaques Chirac II et ministre délégué à la Communication (1987-1988, également sous Jacques Chirac II). Puis, en 2007, il fut rappelé au ministère par François Fillon : il devint alors secrétaire d'Etat à la Fonction publique de 2007 à 2009.
André Santini a également eu une carrière à l'échelon local. Au-delà de ses mandats de député dans les Hauts-de-Seine, il s'est investi dans le Syndicat des Eaux de France, un établissement public de coopération intercommunale en charge de la gestion de l'eau potable pour le compte de 135 communes de la région parisienne : il en est le président depuis le 20 mai 1983, soit depuis près de quarante ans. Il a également occupé la présidence du conseil de surveillance de la Société du Grand Paris, de 2010 à 2015 : cet établissement public est chargé de concevoir et de réaliser le Réseau de transport public du Grand Paris. Depuis 2016, il est également vice-président de la métropole du Grand Paris. Enfin, il fut réélu sept fois en tant que maire d'Issy-les-Moulineaux et occupe ainsi cette fonction depuis 42 ans.