Mort de Colin Powell : ce discours qui a marqué sa carrière et le cours de l'Histoire
COLIN POWELL. Premier chef d'état-major des armées afro-américain, Colin Powell s'est éteint lundi 18 octobre des suites du Covid-19. Si les hommages se sont multipliés, il n'en reste pas moins pour certains l'un des hommes qui ont été impliqués dans le déclenchement de la guerre en Irak.
[Mis à jour le 18 octobre 2021 à 23h24] Colin Powell est mort. Premier Afro-Américain à avoir occupé le poste de chef d'état-major des armées, mais également premier secrétaire d'État noir de l'histoire des États-Unis, sous la présidence de George W. Bush, ou encore chef de la diplomatie américaine, Colin Powell avait de nombreux faits d'arme à son actif. Il est décédé lundi 18 octobre 2021 de "complications liées au Covid-19" selon ses proches, à l'âge de 84 ans. "Nous avons perdu un mari, un père, et grand-père remarquable et aimant, et un grand Américain", a fait savoir sa famille dans un communiqué.
Saluant "un patriote à l'honneur et à la dignité inégalés", ainsi qu'"un ami cher", le président Joe Biden n'a pas manqué de lui rendre hommage, affirmant notamment que Colin Powell représentait "les idéaux les plus élevés de la diplomatie et de l'armée". Et le chef de l'État américain de souligner, comme le rapporte notamment franceinfo, que Colin Powell a, "à maintes reprises, fait passer le pays avant lui-même, avant le parti, avant tout le reste" et "cela lui avait valu le respect du peuple américain". Il faut dire que Colin Powell s'était peu à peu éloigné du parti Républicain à compter de 2008, apportant notamment son soutien aux démocrates Barack Obama, puis Hillary Clinton, ainsi que Joe Biden dans leur course à la Maison-Blanche. Une prise de position qui lui aura valu la reconnaissance éternelle de l'actuel locataire des lieux.
Colin Powell et la guerre en Irak
L'homme était surtout connu à travers le monde pour son discours réalisé le 5 février 2003, devant le Conseil de sécurité de l'ONU. Une longue allocution sur les armes de destruction massives (ADM) prétendument détenues par l'Irak, qui ont servi à justifier l'invasion du pays.
En septembre 2002, le directeur de la CIA ainsi que Colin Powell, secrétaire d'État américain à cette époque, affirment devant le Sénat que Saddam Hussein est en train d'essayer d'acheter du concentré d'uranium au Niger. Face à ces informations, George W. Bush assure que "le régime irakien possède des armes biologiques et chimiques, reconstruit des installations pour en fabriquer encore plus. Une attaque chimique ou biologique étaient même évoquée en 45 minutes selon les Britanniques.
Malgré les doutes, le 5 février 2003, devant le conseil de sécurité des Nations unies, Colin Powell présentait un dossier sur un programme de fabrication d'arme de destruction massive. Durant son plaidoyer, il fait défiler des images de camions qui seraient des prototypes de laboratoire mobile de recherche biologique, des photos satellites qui représenteraient des usines d'armes chimiques.
Mais c'est cette image juste au-dessus qui restera dans l'histoire. Le secrétaire d'Etat, sur de ses sources, brandissait une capsule d'anthrax pour étayer ses propos. Ce discours débouchera sur la guerre en Irak, une guerre contestée par l'ONU à l'époque. Pendant la guerre, des inspections de l'ONU ne trouveront aucune arme de destruction massive. Quelques semaines plus tard, les investigations américaines indiqueront que l'Irak avait bel et bien abandonné son programme nucléaire, chimique et biologique après 1991.
L'anthrax, la "tache" de la carrière de Colin Powell
L'ensemble du dossier cité par le secrétaire d'Etat était constitué de nombreuses "gaffes" de l'administration de Tony Blair, mais également de faux renseignements d'un informateur de la CIA. Il s'agissait en réalité d'un chimiste irakien qui avoua avoir tout inventé pour renverser Saddam Hussein.
Dans une interview, Colin Powell assure que cet épisode est une "tâche dans sa carrière". "Il est très dur d'oublier un tel moment surtout quand on vous en parle chaque jour pendant dix ans ! Depuis que j'ai découvert qu'un grand nombre d'informations que l'on m'avait fournies étaient inexactes, je ne cesse de me demander : qu'aurais-je dû faire pour éviter cela ? Pour ma défense, je dirais que je n'ai eu que trois jours pour préparer cette présentation et que nous avions un très grand nombre de documents à analyser (...) Evidemment je pensais que la CIA avait vérifié ses informations. Aussi, quand, quelques semaines plus tard, l'Agence nous a dit que l'"information" sur les laboratoires biologiques ambulants venait d'Allemagne et qu'aucun agent américain n'avait interrogé la source principale de ce canular, j'ai été stupéfait (...) C'est une tache parce que je suis celui qui a fait cette présentation au nom des Etats-Unis devant le monde, et cela fera toujours partie de mon bilan".
Dans un rapport datant de 2015, les services américains de renseignement utilisé pour justifier l'invasion de l'Irak était rendu expliquent que rien n'indiquer que le pays détenait alors des armes de destruction massive. En ce qui concerne les armes chimiques, le rapport note que l'Irak a "rénové une usine de fabrication de vaccins" et détient toujours des stocks de certains gaz mais n'a pas relancé de programme d'armes biologiques alors que pour les armes nucléaires, Saddam Hussein n'avait "pas les moyens" d'en fabriquer.