Liban : la démocratie une fois de plus à la peine

Face à une situation économique désastreuse, des finances menacées par le syndrome chypriote, des législatives mises entre parenthèses et une situation sécuritaire alarmante, le Premier ministre libanais, Najib Mikati, a préféré se retirer en plaçant les différentes parties au pied du mur.

La politique de dissociation défendue par Mikati était devenue  intenable, notamment avec les incidents qui se multiplient à la frontière et la présence de près d’un million de Syriens sur le sol libanais. Le Liban traverse une période très délicate et fait face à de nombreux défis, comme celui de la nouvelle loi électorale ou la grille des salaires des fonctionnaires. A cela s’ajoute l’afflux de centaines de milliers de réfugiés syriens. Cette évolution démographique risque de déstabiliser un pays déjà fragile et divisé politiquement.

Une crise politique comme celle dans laquelle le Liban vient d’entrer est censée être arbitrée par la tenue d’élections législatives anticipées. Le scrutin législatif prévu en juin  est définitivement renvoyé à une date ultérieure suite à la chute du gouvernement. Cette démission mènera logiquement au vide institutionnel ce qui inquiète légitimement la communauté internationale. Le Liban est appelé à évoluer dans un noir total dans les jours, voire les semaines, à venir.
Paris craint le vide gouvernemental et législatif au Liban. « La France prend acte de la démission de M. Mikati, qui survient dans un contexte de blocage politique préoccupant », a déclaré le porte-parole du Quai d’Orsay Philippe Lalliot. « Dans le contexte difficile que traverse le Liban, il est essentiel que la continuité des institutions soit assurée afin d’éviter un vide gouvernemental et législatif », a-t-il ajouté.
L’UE, pour sa part, se dit préoccupée par l’évolution de la situation après la démission surprise du gouvernement Mikati. « L’absence de consensus au sein des forces politiques au gouvernement et au Parlement a débouché sur une impasse, notamment sur les élections, alors que les problèmes de sécurité continuent à mettre à l’épreuve la stabilité du pays » a annoncé la haute représentante pour les Affaires étrangères de l’UE, Catherine Ashton.

De son côté,  le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a appelé les Libanais à rester unis derrière leur président après la démission du Premier ministre, exprimant sa crainte que le pays ne soit entraîné dans la guerre en Syrie.
Et maintenant on va où ? Soit les différentes parties prendront conscience de la gravité de l’heure et de la nécessité de s’entendre et de faire mutuellement des concessions et donc opteront pour une réunion de la conférence de dialogue axée sur deux sujets : la formation d’un nouveau gouvernement et l’entente sur une nouvelle loi électorale. Soit gouvernement démissionnaire continuerait à gérer les affaires courantes  jusqu’à ce qu’il y ait plus de visibilité dans les développements en Syrie. Ce scénario se résume à l’impossibilité de former un nouveau gouvernement, quelle que soit la personne désignée pour cette mission.
La mise en place du gouvernement Mikati en 2011 signalait une évolution plaçant l’axe irano-syrien au cœur de l’équation libanaise. Cependant son départ en mars 2013, ne peut être que le signe d’un recul de cette influence
. La récente visite de Barack Obama dans la région et ses conséquences immédiates, en Israël, en Turquie, en Irak et ailleurs, ainsi que les développements en relation avec le dossier du nucléaire iranien auraient changé, ou au moins inspiré, la nouvelle donne au Liban.