Mort de Vanesa à Tonneins : où en est l'enquête ?

Mort de Vanesa à Tonneins : où en est l'enquête ? Alors qu'une messe suivie d'une marche blanche en l'honneur de Vanesa était organisée en fin de journée vendredi 25 novembre, La Dépêche du Midi a révélé que le principal suspect a été admis en hôpital psychiatrique.

[Mis à jour le 25 novembre 2022 à 20h00] Il y a une semaine, jour pour jour, la jeune Vanesa, 14 ans, était retrouvée morte dans une maison en décrépitude, non loin de Birac-sur-Trec, dans le Lot-et-Garonne. Une messe suivie d'une marche blanche était organisée vendredi 25 novembre en fin de journée à Tonneins. La famille de la jeune adolescente était présente. Tous les proches de Vanesa étaient vêtus de blanc pour l'occasion. De nombreuses personnes ont répondu présentes. "Vanesa !", "Justicia para Vanesa !" pouvait-on entendre dans les rangs des proches de la victime. Sur Twitter, la journaliste Élodie Viguier fait état de milliers de personnes venues marcher aux côtés des proches de Vanesa. Le cortège s'étendait, d'après elle, sur plusieurs centaines de mètres. Lors de la marche blanche, un arrêt a été marqué devant le collège de la jeune fille, lieu duquel elle partait pour rentrer chez elle, avant d'être embarquée de force par le principal suspect dans l'affaire. Une minute de silence a été observée. "Je n'ai pas les mots. Justice pour Vanesa", a ensuite sobrement déclaré la mère de l'adolescente, en pleurs.

De leur côté, les enquêteurs poursuivent leur enquête. Objectif ? Établir tout ce qui a pu se passer entre l'heure du déjeuner et la découverte du corps de Vanesa. Pour les aider dans leur tâche, ils disposent des aveux du principal suspect dans l'affaire. Une autopsie a également été pratiquée mardi 22 novembre sur le corps de la jeune Vanesa. L'institut médico-légal de Bordeaux en avait la charge. Mercredi, différents médias indiquaient qu'elle avait bien eu lieu, mais que les résultats n'avaient pas été communiqués. La Dépêche du Midi rapportait notamment que la justice comme les gendarmes veillaient particulièrement à protéger la famille de la jeune femme.

En parallèle, La Dépêche du Midi rapporte, vendredi 25 novembre, que le principal suspect dans l'affaire Vanesa aurait été admis en hôpital psychiatrique. Il aurait confié, à l'occasion d'un entretien avec un agent du service de probation et d'insertion (SPIP), peu après son incarcération à la maison d'arrêt d'Agen, vouloir mettre fin à ses jours. Des propos pris très au sérieux et qui auraient conduit l'administration pénitentiaire ainsi que les responsables du SPIP 47 à alerter le procureur de la République. Depuis 24 heures, il aurait donc été transféré au centre hospitalier psychiatrique de la Candélie, où il serait pris en charge. Néanmoins, son séjour ne devrait pas s'éterniser, croit savoir La Dépêche du Midi qui évoque un retour derrière les barreaux la semaine prochaine. Mis en examen pour enlèvement, séquestration, viol et meurtre, dimanche 20 novembre, il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

Le témoignage édifiant d'une autre adolescente

Interrogée par BFM TV, mardi 22 novembre, une adolescente de 17 ans a raconté avoir été suivie par ce même suspect, plus tôt dans la journée, vendredi 18 novembre, jour du meurtre. "Je marchais et j'ai vu cet homme-là, il a commencé à ralentir, il m'a fait coucou avec un grand sourire", a décrit Tahlia. Au téléphone avec sa mère, l'adolescente confie "il était trop bizarre". Sa mère lui recommande de ne pas rester. La scène s'est produite à quelques centaines de mètres du collège de Vanesa, autour duquel le mis en examen est resté une partie de la journée, à fumer du cannabis dans sa voiture.

Qui est le suspect dans l'affaire Vanesa ?

Le principal suspect dans l'affaire Vanesa est Romain Chevrel. Selon les informations de France 3 Régions, qui cite son avocat Me Alexandre Martin, l'homme de 31 ans travaille comme intérimaire dans le bâtiment en Lot-et-Garonne. L'avocat a indiqué que son client a "beaucoup bougé dans sa vie", qu'il n'a pas connu son père et que sa mère est décédée alors qu'il était encore très jeune. Le suspect est connu de la justice et a été condamné en 2008 à quinze jours d'emprisonnement avec sursis et à une mise à l'épreuve de deux ans pour avoir agressé sexuellement une personne mineure en 2006, lorsqu'il était âgé de 15 ans. Malgré cette condamnation, Romain Chevrel n'était pas inscrit au fichier des auteurs d'infractions de nature sexuelle, puisqu'il était mineur au moment des faits.

Originaire de Seine-et-Marne, Romain Chevrel est installé depuis un an à Marmande avec sa compagne, avec laquelle il a eu un enfant qui est aujourd'hui âgé de deux mois. Selon des éléments de l'enquête relayés par France 3 Régions, Romain Chevrel est amateur de vidéos pédopornographiques. D'après une information de BFM TV, durant sa garde à vue, l'homme a déclaré qu'il visionnait "fréquemment" des vidéos pédopornographiques. Le jour du meurtre, il a indiqué avoir eu "une pulsion" en voyant Vanesa passer sur le trottoir pendant qu'il fumait du cannabis dans sa voiture. Il a ensuite fait monter l'adolescente de force dans son véhicule avant de la violer et de l'étrangler jusqu'à la tuer, selon ses aveux.

Romain Chevrel est aussi connu pour des larcins comme dégradations et vols, mais n'avait plus fait parler de lui depuis 2011. Interrogé par France 3 Régions, l'avocat de Romain Chevrel a déclaré : "Il est responsable, mais il ne donne pas d'explication." Le suspect va faire l'objet d'expertises psychologiques. 

Le déroulé de l'agression de Vanesa

Arrêté par les enquêteurs, le suspect a avoué avoir tué et violé Vanesa. Il s'est étendu sur le déroulé des faits en indiquant aux enquêteurs avoir repéré l'adolescente autour du collège Germillac, établissement dans lequel elle était inscrite en 4ᵉ, alors qu'il traînait dans sa voiture en fumant du cannabis. Le suspect a indiqué l'avoir kidnappée dans une rue située à proximité de la gare de Tonneins, pendant que la jeune fille rentrait chez elle depuis son établissement scolaire. Il s'est garé en double file avant de la faire monter de force dans sa berline. Il a ensuite conduit avant de se garer "à l'abri des regards", puis l'a agressée sexuellement avant de la tuer par strangulation. Il indique ensuite avoir laissé le corps de sa victime dans une maison abandonnée, la même où la jeune fille a été retrouvée vendredi soir. Lors de ses aveux, le suspect a aussi indiqué aux enquêteurs le lieu où il avait laissé le corps de Vanesa.

Autour de 18h45, vendredi 18 novembre, les parents de Vanesa avaient signalé la disparition de l'adolescente, inquiets de ne pas la voir rentrer de sa journée de cours. Les enquêteurs ont rapidement pris l'affaire au sérieux et lancé les investigations pour retrouver la jeune fille avant de découvrir son corps, sur les indications du suspect, dans une maison abandonnée d'un bourg voisin de Tonneins, un peu avant minuit. Le procureur de la République d'Agen, Olivier Naboulet, a indiqué dans un communiqué que Vanesa a été retrouvée habillée à Birac-sur-Trec. Il a par ailleurs affirmé que le suspect ne connaissait pas l'adolescente, et qu'il a décidé de l'enlever après l'avoir remarquée alors qu'elle marchait sur le trottoir. 

Hommage à Vanesa, soutien à la famille

La personnalité de Vanesa faisait l'unanimité auprès de sa famille et de ses amis du collège. L'adolescente était l'aînée d'une fratrie de trois enfants et vivait avec sa mère d'origine hispanophone et le compagnon de celle-ci. Une cousine de Vanesa a décrit, auprès de BFM TV, une jeune fille "très joyeuse, très intelligente et très souriante", mais aussi "proche de sa famille". Au collège Germillac, les enfants parlent de l'adolescente, qui suivait des cours de 4ᵉ dans une classe adaptée aux élèves allophones qui ne maîtrisent pas totalement l'usage du français, comme d'une personne "discrète et très agréable".

Une messe à l'église Notre-Dame, suivie d'une marche blanche, était organisée vendredi 25 novembre pour rendre hommage à Vanesa. L'édifice était plein à craquer pour l'occasion. La famille et les proches de la victime étaient présents, tous vêtus de blanc. Le corps de Vanesa devrait prendre la route de l'Andalousie lundi. Le maire de Tonneins avait annoncé, lundi 21 novembre, que "la famille souhait[ait] enterrer la petite dans la région de Grenade (Espagne), d'où elle venait" avant d'être scolarisée en France, selon des informations rapportées par Ouest-France. C'est là qu'elle sera inhumée mardi 29 novembre. L'enterrement se tiendra dans la plus stricte intimité. Francisco Cuenca, maire de Grenade, a déjà indiqué à la presse espagnole que la commune prendrait en charge "la sépulture avec les pompes funèbres municipales". 

En France, les proches de Vanesa sont épaulés par la Mouette, une association d'aide aux victimes, et ont également reçu le soutien de la municipalité de Tonneins, ainsi que de la communauté colombienne locale. Au collège Germillac aussi, l'accompagnement des proches de Vanesa et des élèves traumatisés par l'événement tragique s'est rapidement organisé, avec l'ouverture d'une cellule d'accompagnement psychologique mise en place dès le lundi 21 novembre. Le maire de Tonneins avait par ailleurs indiqué qu'une cagnotte "pour aider financièrement" la famille allait être ouverte.