Abbé Pierre : ce témoignage d'agression sexuelle a été ignoré pendant 17 ans
Les faits se seraient déroulés en 1988. Esther Romero, journaliste et interprète péruvienne, affirme avoir été agressée sexuellement par l'Abbé Pierre. Elle témoigne au micro de RTL ce 25 octobre.
Cette année-là, le 24 novembre, elle avait rendez-vous avec lui pour une interview à Genève, dans un hôtel proche de la gare aux alentours de 8 heures du matin. "J'arrive à son hôtel, il faisait très très froid dehors, se souvient-elle. Il est sorti de sa chambre quand il m'a vue sortir de l'ascenseur. J'ai vu un très petit homme, frêle, très vieux. J'avais 56 ans, lui 72 je crois. On allait commencer l'interview, mais au lieu de s'asseoir sur sa chaise, il est venu près de moi et il a pressé son corps contre moi. Et moi, avec étonnement, avec choc, il m'a semblé qu'il avait une érection. J'étais en état de choc parce que je pensais : 'non, ça ne peut pas être ça, non, pas du tout, non'. Il a commencé à me frotter le sein avec les mains au-dessus de mon pull. Il m'a mis la langue dans la bouche", raconte Esther Romero, qui n'a pas porté plainte après les faits.
Une "hypocrisie" de l'Eglise catholique
Dans un premier temps, elle s'est confiée à une amie qui l'a mise en relation avec l'Abbé Pierre. "Je croyais que c'était vraiment un saint, comme disons la mère Teresa. Donc, 'je vais me taire jusqu'à sa mort'. Mais je ne savais pas avec combien de personnes il l'avait fait", détaille-t-elle. Ce n'est que 17 ans plus tard qu'Esther Romero décide de rendre publique son agression, en 2007, après la mort de l'Abbé Pierre. Elle s'exprime alors dans un média péruvien et l'information ne provoque aucune réaction.
"C'est une hypocrisie de la part de l'Église catholique de cacher cette histoire pendant presque 70 ans maintenant, je le sais, affirme-t-elle. Pour moi, c'est un scandale et c'est bien que ce soit désormais connu partout", affirme la victime présumée.
24 femmes accusent l'Abbé Pierre d'agressions sexuelles et/ou de viols. Trois personnes étaient mineures au moment des faits.