Mort d'Amandine : la mère condamnée à la perpétuité, ses justifications ignorées

Mort d'Amandine : la mère condamnée à la perpétuité, ses justifications ignorées Le verdict du procès de la mère d'Amandine, Sandrine P., et son beau père, Jean-Michel C., jugés pour avoir laissé mourir de faim la jeune fille est tombé. Les deux ont été reconnus coupables par la justice.

Ce vendredi 24 janvier, le procès de Sandrine P. et Jean-Michel C., accusés d'avoir laissé mourir de faim Amandine, 13 ans, dont le corps a été retrouvé en 2020 au domicile familial dans un état rachitique (elle ne pesait plus que 28 kilos pour 1,55m), a eu lieu. La mère d'Amandine, Sandrine Pissara, a été condamnée à une peine de réclusion criminelle à perpétuité avec 20 années de sûreté. Pour le beau-père de la jeune fille, Jean-Michel Cros, une peine de 20 ans de réclusion a été prononcée, selon BFMTV. Les deux ont été reconnus coupables. La mère de l'adolescente a fait savoir dans la foulée qu'elle ne comptait pas faire appel afin d'"éviter d'imposer à ses [deux autres] enfants la charge émotionnelle et la douleur d'un nouveau procès", a indiqué son avocat. Le beau-père d'Amandine ne s'est, lui, pas encore prononcé sur sa volonté, ou non, de faire appel. Il dispose de 10 jours pour prendre une décision.

Je suis "une mère monstrueuse"

Pour rappel, mardi soir, la mère d'Amandine a reconnu les "actes de torture et de barbarie" sur sa fille. Jeudi, elle est aussi revenue sur les "gifles" infligées à sa fille. "Oui, tirer les cheveux, ça m'est arrivé", a-t-elle également concédé. En revanche, elle justifie ses actes "parce qu'elle ressemblait à son père", et elle l'assure : Amandine "mangeait ce qu'elle voulait". Une analyse difficile à entendre après l'autopsie du corps et les témoignages du petit frère (Ethan) et de la grande soeur (Ambre) de la victime, indiquant notamment que leur soeur était sous-nutrie. Ethan tentait même parfois de lui faire passer "sous la porte" du débarras dans lequel elle était enfermée, de la nourriture.

Toujours ce jeudi, devant la cour d'assises de Montpellier, Sandrine P. indiquait qu'elle était "une mère monstrueuse", mais qu'elle aimait bien sa fille. "Jamais je n'ai voulu qu'elle meure", a-t-elle assuré en pleurant. Pourtant, elle maintient ne plus se souvenir de cette période durant laquelle sa fille subissait ses tortures.

Elle reconnaît avoir été elle-même battue enfant

Au sujet des punitions qu'elle donnait à sa fille, Sandrine P. "lui disait d'aller en bas". "Dans la même chambre, Amandine et Ambre se disputaient", poursuit la mère, disant avoir "fermé les yeux sur l'état" de santé de sa fille. "Elle vous demandait à manger, à boire ?", demande le président. "Je ne sais plus", répond Sandrine P.

Elle a aussi confirmé le fait qu'elle punissait sa fille "de tout", avant de donner plus de détails sur son enfance, qui pourrait être à l'origine de ses agissements. Elle décrit une enfance de petite fille battue et sous-alimentée. "On était trois enfants, ma mère se plaignait de ne pas avoir assez d'argent. J'ai été battue. Des gifles, des claques, des humiliations. J'avais honte d'en parler", raconte-t-elle.

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11:25 - La mort d'Amandine marque-t-elle aussi l'échec des institutions ?

Plusieurs années avant la mort d'Amandine, en 2020, des signalements avaient été effectués alors que la fille était en maternelle et école primaire. On remarquait des traces de coups, des brûlures suspectes, et Amandine volait les goûters d'autres élèves ou cherchait des restes dans les poubelles. Ces trois signalements n'ont pas aboutis.

A l'annonce du confinement, Amandine sait que son calvaire va s'intensifier - elle était interne et ne subissait les affres de sa mère que les week-end. Selon une surveillante, qui a eu l'air anéantie à la barre, rapporte Le Monde, l'adolescente de 13 ans pleurait en disant : "Je vais mourir". "Elle pleurait, elle n’arrivait plus à respirer, elle répétait en boucle : 'Je vais mourir, je vais mourir, je vais mourir.' Elle a dit : 'Combien de temps ce sera fermé ? Je ne vais pas tenir. Aide-moi, ne m’abandonne pas'", s'est souvenue la surveillante. Mais là encore, rien n'a été fait. Même lorsqu'elle ne revient pas à l'internat en mai, à la fin du confinement. Elle décède en août.