Affaire Bétharram : la congrégation religieuse crée une commission indépendante dans le Béarn et ailleurs
La congrégation religieuse des prêtres du Sacré-Cœur de Jésus de Bétharram, qui a longtemps dirigé l'établissement catholique du Béarn, avait reconnu mardi 4 mars sa "responsabilité" dans les violences physiques et sexuelles dénoncées par d'anciens élèves. Elle avait annoncé lancer une commission d'enquête indépendante pour investiguer les causes de ces "abus massifs". Lors du forum sur les violences sexuelles qui a eu lieu à Bayonne samedi 15 mars, la congrégation a détaillé le cadre de cette commission.
L'objectif est de "participer activement à la reconnaissance de toutes les victimes", a annoncé la congrégation lors du forum, indique Mediabask. Pour cela, l'ONG IFJD-institut Louis Joinet va présider la commission d'enquête indépendante. "Nous sommes autant que nous le pouvons à la disposition des victimes", a assuré Jean-Pierre Massias, président de l'organisation, lors du forum. Il rappelle que "la condition de fonctionnement de cette commission réside dans son indépendance, elle sera totale". Elle ne doit pas être "un instrument de blanchiment ou de réhabilitation", mais de compréhension, a-t-il soutenu. "On espère évidemment que ça sera le début d'un échange possible", a-t-il indiqué au micro de Ici Béarn Bigorre.
"Je crois que ça dépasse Bétharram dans le Béarn"
"Toutes les victimes pourront être entendues afin d'aider à l'établissement de la vérité", a assuré le père Bacho, responsable de la cellule d'écoute des prêtres de Bétharram. Selon la congrégation religieuse, la commission d'enquête a pour objectif d'établir un bilan exhaustif des violences physiques et sexuelles perpétrées à Bétharram, d'identifier des causes des abus systémiques, de reconnaître les victimes à travers un processus de réparation mémorielle et de développer un système de réparation "ni par la voie judiciaire ni devant la Commission reconnaissance et réparation (CRR)". La congrégation religieuse va également ouvrir ses archives à la commission pour qu'elle puisse enquêter. La commission indépendante devra rendre un rapport complet d'ici un an.
L'IFJD-institut Louis Joinet a imposé une condition supplémentaire en acceptant de présider cette commission d'enquête. Son champ d'étude ne se limitera pas à l'établissement du Béarn. Et heureusement : une enquête préliminaire a été ouverte à Limoges après que deux signalements d'abus sexuels, perpétrés par des prêtres de la congrégation de Bétharram selon les témoignages, ont été déposés début mars par d'anciens élèves de l'école privée Ozanam. D'autant que les Pères de Bétharram sont présents sur quatre continents, rappelle Ici Béarn Bigorre. "On va travailler sur deux pays qui nous paraissent être potentiellement symptomatiques de ce genre de risques. C'est la République centrafricaine et la Thaïlande, qui peuvent être des endroits de grande vulnérabilité", a affirmé Jean-Pierre Massias à la radio. Et d'ajouter : "Je crois qu'effectivement, ça dépasse Bétharram dans le Béarn."