Haute-Savoie : deux morts après un éboulement sur la RN205, une route suffisamment sécurisée ?
En Haute-Savoie, un bloc de roche s'est détaché sur la RN205 près de Chamonix, mercredi 20 août. La pierre a heurté un véhicule qui circulait sur la route collée à la paroi rocheuse, causant la mort des deux passagers installés à l'arrière de la voiture et âgés d'une vingtaine d'années. Le conducteur a été grièvement blessé, a indiqué BFMTV. Le véhicule circulait avec quatre passagers à l'intérieur, dont trois de la même famille. La passagère avant a été légèrement blessée.
Les trois membres de la même famille étaient originaires d'Oisemont dans la Somme. À l'arrière, se trouvaient le fils du couple et sa petite amie, nés en 2002. Les deux parents blessés, âgés de 54 ans, ont été transportés à l'hôpital, à Annecy et Sallanches, selon le procureur Boris Duffau. Le groupe revenait d'une visite au Parc Animalier de Merlet, dans la commune des Houches.
Une enquête en recherche des causes de la mort ouverte
Les premières constatations ont été effectuées par les gendarmes de l'escadron départemental de sécurité routière (EDSR) pour connaître les circonstances de l'accident. Des opérations de sécurisation sont en cours près de Passy, jeudi 21 août. La RN205 sera fermée pendant une dizaine de jours dans le sens descendant, a indiqué une porte-parole de la préfecture citée par BFM TV. L'accès à Chamonix reste possible par le viaduc des Egratz, ouvert à la circulation dans les deux sens. Une enquête doit déterminer l'enchaînement des faits. "On ne connaît pas le chemin qu'a parcouru le rocher", a expliqué Nicolas Marillet, directeur et chef du corps départemental du SDIS de Haute-Savoie.
Interrogé par BFM TV jeudi matin, Xavier Roseren, député Horizons de Haute-Savoie, a affirmé que cette route était "très surveillée". "On a des travaux qui sont très réguliers, c'est une route des plus sûres", a-t-il ajouté. Xavier Roseren a précisé que cette route faisait partie des routes "les mieux entretenues", car il s'agit d'un axe international qui dessert l'Italie et la Suisse. "Le risque zéro n'existe pas", a-t-il regretté.
Dans cette zone, la roche est "peu saine" et de nombreux ouvrages de protection, notamment des filets, sont déjà présents, a détaillé Ludovic Ravanel, géomorphologue et directeur de recherches au CNRS. Il a ajouté que le drame avait eu lieu "après dix jours de canicule et au premier jour de précipitations significatives". "La sécheresse a pour effet d'assécher les fractures au niveau des parois et, paradoxalement, les fractures sèches tiennent moins que quand elles ont une certaine humidité", a-t-il détaillé. Les importantes précipitations qui ont suivi la sécheresse ont ensuite pu produire des pressions dans ses fissures, ce qui a délogé les blocs.
"De nombreux travaux ont été réalisés"
En 24 heures, il est tombé "jusqu'à 25mm de pluie" dans la zone de Passy, dont "13 à 15mm en une heure", entre 18 heures et 19 heures, confie Météo France à Ici Pays de Savoie. Des intensités qui ne sont toutefois "pas exceptionnelles" dans la région. Face à l'ampleur de la situation, un hélicoptère du PGHM (peloton de gendarmerie de haute montagne) a décollé de Chamonix pour survoler les hauteurs rocheuses avec un objectif : déceler d'autres morceaux de roche potentiellement dangereux et prêts à se décrocher.
La route sur laquelle s'est produit l'accident, la RN 205, est une route à double voie, mais pas la zone exacte où l'accident a eu lieu. Ici, précisément, les routes sont séparées. La route vers Passy (qui descend) est collée aux roches, dans l'autre sens, il faut emprunter un viaduc pour accéder à Chamonix. Et ce n'est pas la première fois qu'un éboulement se produit sur cette route. "De nombreux travaux ont été réalisés" indique BFMTV, à l'endroit même du drame. Cet axe a même été fermé à la circulation, notamment la partie concernée par le drame de ce mercredi 20 août. Fermée de 2019 à 2021, la portion a été entièrement rénovée, "Il aura fallu plus de 60 semaines", rappelle Le Messager.
"Les équipes d'ATMB (Autoroute et Tunnel du Mont-Blanc) mettent à profit ce chantier pour mutualiser d'autres opérations et notamment, la rénovation complète de trois ouvrages d'art et la pose de filets de protection ou d'écrans par blocs pour protéger la zone contre les risques rocheux", pouvait-on lire en octobre 2021. Au total, 18 000 véhicules empruntent cette route chaque jour selon les chiffres dévoilés par la mairie de Chamonix en 2024. "On aura beau faire toutes les protections que l'on veut, le risque zéro n'existe pas", regrette le président du département de la Haute-Savoie, Martial Saddier, ce jeudi matin au micro de France Info.