Crash d'avion en Chine : morts, cause, enquête... Ce qu'on sait du drame
Le drame s'est produit dans la région du Guangxi, près de la ville de Wuzhou. Le Boeing 737 qui effectuait un vol intérieur chinois est tombé de plus de 7600 mètres en trois minutes... Avant de s'écraser aux alentours de 14h20 le lundi 21 mars, emportant avec lui les 132 passagers qui avaient pris place à bord de l'avion et dont on sait qu'ils étaient tous des ressortissants chinois, comme l'a indiqué un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. On ne sait en revanche pas s'ils ont été tués sur le coup ou s'ils ne sont que portés-disparus pour le moment, sachant qu'aucun survivant n'a été retrouvé. En s'écrasant, il a provoqué un incendie dans la montage, dont on ignore l'ampleur. Les causes et les circonstances l'accident ne sont toujours pas indiquées par les autorités. Le site de l'accident a toutefois été bouclé par la police et les secours sont à la recherche des disparus ce 22 mars tandis que l'Administration de l'Aviation Civile de Chine a lancé une procédure d'urgence. Alors qu'à la télévision le 21 mars, Xi Jinping s'est dit "choqué" de la tragédie, une enquête va être lancée pour déterminer à qui revient la responsabilité du crash.
Dans un communiqué adressé à la Bourse de Shanghai, le transporteur China Eastern Airlines rend "un hommage attristé aux passagers et aux membres d'équipage qui sont morts dans l'accident", sans pour autant en préciser le nombre. Selon les médias locaux, le vol en question, le MU 5735 de la compagnie China Eastern Airlines, avait décollé de la métropole de Kunming, située au Sud-Ouest de la Chine, à 13h11 heure locale, ce qui revient à 6h du matin à Paris. Sa destination était Canton, qui se situe à 1300 km au sud-est du pays, où il devait atterrir à 13h11, heure locale. Le drame semble s'être produit vers 14h, puisque c'est à 14h02, heure locale, que la liaison a été partiellement perdue avec l'avion, et à 14h22 que les dernières données sont tracées sur les sites de suivi. Ces derniers sites indiquent une descente de l'appareil depuis son altitude de croisière de 9000 m. Sur le site Flashradar en particulier, on constate que l'avion a perdu 21 250 pieds, soit 6447 km en l'espace de quelques secondes, avant de disparaitre des écrans radar, puis de remonter brièvement... Et de rechuter de 1410 mètres, pour se retrouver à 983 mètres à 14h22, dernière minute retraçable par les données, ce qui ne peut pas correspondre à un simple décrochage. Pour Jean-Paul Troadec, ancien directeur du Bureau d'enquêtes et d'analyses pour la sécurité de l'aviation civile (BEA), s'il est "beaucoup trop tôt" pour tirer des conclusions, il est toutefois évident que l'engin avait un comportement très "inhabituel avant l'accident", comme il le confie à La Dépêche.
Quel est ce Boeing 737-800 NG qui a crashé?
Entré en service en juin 2015, le 737-800 New Generation (NG) est l'avion moyen-courrier monocouloir le plus répandu dans le monde. En effet, 5000 de ses exemplaires sont actuellement opérationnels, dont 25% d'entre eux en Chine. Equipé de 110 à 210 sièges selon les tailles, cet appareil a un rayon d'action de 5700 km. Le vol qui a crashé ce 21 mars était celui de la compagnie de renom China Eastern : avec Air China et China Southern, elle est sur le podium des plus grandes compagnies chinoises. Elle est particulièrement connue en France puisqu'elle est actionnaire du groupe Air France-KLM depuis 2017, dont elle possède près de 10% du capital. Ce contrat avait été passé après des années de relations commerciales avec Air France. Par chance pour Boeing, ce modèle 737-800 NG qui s'est crashé est antérieur au 737 Max, un modèle tristement célèbre.
Les précédents crashs d'avion en Chine
Le dernier accident aérien en date dans le pays est celui de la catastrophe de l'avion de ligne la compagnie Henan Airlines d'août 2010. Il avait raté son atterrissage qui devait s'effectuer à Yichun, dans le nord-est de la Chine, entraînant la mort de 42 personnes. Un an auparavant, en novembre 2009, c'est l'avion MD-11F de la compagnie Avient Aviation qui avait crashé à Shanghai, faisant 3 victimes. On se souvient également du crash du Canadair CRJ-200LR de la compagnie China Yunnan Airlines à Baotou en novembre 2004. Le crash le plus marquant du XXIe siècle était celui du MD-82, de la compagnie China Northern Airlines, causant la mort de l'intégralité des 112 passagers.
Le 737 Max, un modèle controversé
Ce crash porte un nouveau coup au groupe américain Boeing qui avait obtenu fin décembre l'accord de principe des autorités chinoises pour la remise en service des 737 Max interdits de vol en Chine depuis mars 2020. Cette reprise des vols, qui était en outre sous réserve de nombreuses conditions, ne concernait pas les vols commerciaux. Pourquoi cette interdiction? Les 737 max sont connus pour les crashs du Lion Air 610 en mer de Java et du Ethiopian Airlines 302 près de Addis-Abeba, survenus respectivement en octobre 2018 (avec 189 morts) et en mars 2019 (avec 157 morts). Des problèmes de sécurité et de contrôle de vol ayant déjà été détectés sur ces avions, la Chine en a interdit la circulation immédiatement après le crash d'Ethiopian Airlines, suivie par l'Europe et les Etats-Unis. La levée de l'interdiction chinoise a été la plus tardive, illustrant les précautions de l'aviation chinoise vis-à-vis de ces modèles.
Les difficultés du groupe américain Boeing
Une enquête va être lancée pour éclaircir les circonstances de l'accident, mais aussi pour établir qui est en faute : le groupe Boeing à cause d'un défaut de conception ou de fabrication de l'avion, ou la compagnie China Eastern pour un problème de maintenance et de comportement des pilotes? L'avionneur américain rencontre déjà de grandes difficultés financières, son action ayant perdu 3,6% à Wall Street le jour de l'accident, et ses rémunérations provenant en partie de la Chine, les commandes chinoises représentant 25% des ventes mondiales (550 appareils cette année) du modèle 737 max. Sur le point de reprendre ses livraisons du 737 Max, l'avionneur américain essuie ainsi un nouveau coup dur. Avec les deux autres crash de son histoire et le contexte de crise sanitaire, le ralentissement de ses bénéfices va être important. D'autant plus dans une période de tensions politiques commerciales entre la Chine et les Etats-Unis, ravivées, comme l'explique Le Monde, par le refus chinois de condamner l'invasion russe de l'Ukraine.