Trump fait marche arrière avec le Canada et le Mexique pendant qu'un autre pays le défie
Les menaces de Donald Trump ont-elles été payantes ? Seulement quelques jours après avoir signé le décret permettant d'augmenter les taxes douanières de certains produits importés du Canada et du Mexique, lequel devait entrer en vigueur ce lundi 3 février, le locataire de la Maison Blanche est revenu sur ses propres décisions. Le milliardaire a indiqué accorder un délai supplémentaire aux gouvernements des deux pays voisins en récompense de concessions qu'il aurait obtenues du Premier ministre canadien et de la Présidente mexicaine.
Justin Trudeau, chef du gouvernement canadien, a ainsi annoncé une pause "pour au moins 30 jours" de la hausse des droits de douane promise par les Etats-Unis, le 3 février. Une suspension actée lors d'un échange téléphonique "constructif" avec Donald Trump qui s'est reposé sur des promesses faites au Président américain et allant dans le sens de sa politique : un renforcement de la protection des frontières contre l'immigration et de la lutte contre le fentanyl, une drogue qui fait des ravages aux Etats-Unis.
Le Premier ministre canadien a ainsi promis la mise en œuvre d'un "plan frontalier de 1,3 milliard de dollars" pour renforcer les opérations avec "près de 10 000 agents [qui] sont et seront sur le terrain pour protéger notre frontière." Le Canada a également dit prendre de "nouveaux engagements" conformes aux souhaits de Donald Trump : la nomination d'un "Tsar responsable de la question du fentanyl", l'ajout des cartels mexicains à la liste des entités terroristes ou encore la surveillance de la frontière 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.
Je viens davoir un appel productif avec le Président Trump. Le Canada met en uvre notre plan frontalier de 1,3 milliard de dollars on renforce la frontière avec de nouveaux hélicoptères, de nouvelles technologies, plus de personnel, une coordination accrue avec nos
— Justin Trudeau (@JustinTrudeau) February 3, 2025
Donald Trump s'est dit "très satisfait" des engagements du Canada et a indiqué mettre à profit le délai de 30 jours pour "voir si un accord économique final avec le Canada peut être conclu". Le locataire de la Maison Blanche s'est aussi réjoui des garanties obtenues du côté du Mexique, à qui il a également accordé un répit dans la hausse des droits de douane le temps de trouver un "accord". Là aussi, le Mexique a promis en contrepartie de renforcer sa frontière nord avec les Etats-Unis grâce à la mobilisation de "10 000 membres de la Garde nationale de manière immédiate, pour éviter le trafic de drogues du Mexique vers les Etats-Unis, en particulier le fentanyl" comme l'a déclaré Claudia Sheinbaum. L'accord, pour l'heure temporaire, pourrait être prolongé lors de prochaines négociations envisagées par Donald Trump avec son homologue mexicaine.
Des menaces qui fragilisent Trump ?
Si Donald Trump fanfaronne après les victoires qu'il semble avoir obtenues après avoir menacé le Canada et le Mexique de taxes douanières plus importantes, les garanties qui lui ont été promises sont-elles si significatives ? Au Canada, un plan d'un milliard d'euros pour le renforcement et la protection de la frontière était déjà dans les cartons, voire bien avancé. Quant à la part de fentanyl arrivant aux Etats-Unis par le nord, elle représente moins d'1% de la drogue saisie de l'autre côté de la frontière. Avec le Mexique, Donald Trump n'a pas précisé que l'accord en question prévoit un engagement et des efforts supplémentaires des Etats-Unis à "travailler pour éviter le trafic d'armes".
Des accords finalement moins avantageux que ce que Donald Trump veut faire croire et qui peuvent desservir le Président américain. C'est une vraie volte-face pour le milliardaire : les menaces qu'il proférait depuis des semaines sur la hausse des taxes étaient sur le point d'aboutir avant de finalement tomber à l'eau. Cette stratégie risque d'affaiblir les prochaines mises en garde de Donald Trump qui, c'est connu, bâti nombre de ses stratégies sur la peur qu'il peut inspirer à ses alliés ou ses ennemis.
Une sérieuse réplique menée contre Donald Trump
Autre détail qui a toute son importance : les menaces d'augmentation des taxes douanières si elles sont mises en œuvre risque d'affecter les Etats-Unis et les citoyens américains. Déjà, parce que les partenaires commerciaux des Etats-Unis, comme le Mexique qui représente 83% des exportations américaines, risquent de se détourner en partie des produits américains. Ensuite, parce que ces mêmes partenaires risquent de mettre en place des mesures similaires capables de faire grimper les prix pour les Américains, comme a décidé de le faire la Chine ce mardi 4 février.
Alors que Donald Trump a décidé d'augmenter de 10% les taxes douanières avec la Chine, Pékin a annoncé imposer des droits de douane de 15% sur les importations de charbon et de gaz naturel liquéfié (GNL) américains et de 10% sur les importations de pétrole américain ainsi que d'autres catégories de produits selon le ministère des Finances chinois : machines agricoles, véhicules, etc. L'augmentation entrera en vigueur le 10 février a fait savoir Pékin qui a par ailleurs déposé plainte auprès de l'Organisation mondiale du commercer pour "défendre ses droits légitimes". La réponse et la sanction de Pékin contre les Etats-Unis ne s'arrêtent pas là puisque la Chine a annoncé ouvrir une enquête contre Google. Elle soupçonne le géant de la technologie d'avoir enfreint ma réglementation anti-monopole en place en Chine.