Gaza sous le contrôle d'Israël ? "Destructions, crimes atroces"... Pourquoi l'ONU redoute le pire
Israël a annoncé son intention de prendre le contrôle de l'intégralité de la ville de Gaza. La décision du Premier ministre israélien doit permettre "d'assurer la sécurité, de supprimer le Hamas et permettre à la population d'être libre et de passer à une gouvernance civile", dit Benyamin Netanyahou. "Nous voulons nous libérer nous-mêmes et libérer la population de Gaza de l'horrible terreur du Hamas", ajoute-t-il dans une interview accordée à Fox News, jeudi 7 août.
Ces déclarations ont déclenché un véritable tollé au sein de la communauté internationale et une vive inquiétude pour les habitants de l'enclave palestinienne. De son côté, Benyamin Netanyahou ne souhaite "pas garder" Gaza. "Nous voulons mettre en place un périmètre de sécurité, mais nous ne voulons pas la gouverner (...) Nous voulons passer le relais à des forces arabes qui gouverneront correctement sans nous menacer et en offrant une vie agréable aux habitants de Gaza. Cela n'est pas possible avec le Hamas", abonde-t-il.
Le plan d'Israël à Gaza
Ce plan du gouvernement israélien "doit être immédiatement stoppé", a déclaré ce vendredi le Haut-Commissaire aux droits de l'homme à l'ONU, Volker Türk. Le projet de Benyamin Netanyahou "va à l'encontre de la décision de la Cour internationale de justice selon laquelle Israël doit mettre fin à son occupation dès que possible, de la réalisation de la solution à deux Etats convenue et du droit des Palestiniens à l'autodétermination", dit-il dans un communiqué. La Chine exprime également sa "forte inquiétude" face au plan israélien. "Gaza appartient au peuple palestinien et fait partie intégrante du territoire palestinien", a lancé un porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois dans une réponse écrite à l'AFP.
La Turquie, elle, appelle "la communauté internationale à assumer ses responsabilités". Elle dénonce une décision "qui vise à déplacer de force les Palestiniens de leur propre terre en rendant Gaza inhabitable", des propos relayés par l'AFP. Dans le détail, le plan d'Israël vise à acter cinq principes pour stopper la guerre : "le désarmement du Hamas, le retour des otages - vivants et morts - la démilitarisation de la bande de Gaza, le contrôle sécuritaire israélien dans la bande de Gaza, et l'établissement d'une administration civile alternative qui ne soit ni le Hamas, ni l'autorité palestinienne", peut-on lire.
L'ONU craint des "souffrances insoutenables"
Pour le Hamas, Israël ne fait que "sacrifier" les otages israéliens. "Les plans de Netanyahou confirment sans l'ombre d'un doute son désir de se débarrasser des otages (...) dans la poursuite de ses intérêts personnels et de son agenda idéologique extrémiste", lançait le mouvement islamiste jeudi. Ce vendredi, l'ONU dit redouter "plus de meurtres, plus de souffrances insoutenables, des destructions insensées et des crimes atroces", après le plan validé dans la nuit par Israël.
Sur le terrain, la décision de Benyamin Netanyahou implique l'évacuation des habitants de la ville de Gaza, soit un million de personnes. Une telle intervention d'Israël fait peser de gros risques sur le bon déroulement de l'opération, et de violents combats avec le Hamas pourraient éclater. Une vingtaine d'otages sont encore présents dans l'enclave, et pourraient être tués par erreur, voire sacrifiés par le Hamas. Voilà pourquoi, le chef d'état-major de Tsahal (l'armée israélienne) était contre ce plan inédit. Benyamin Netanyahou ne l'a pas entendu.