Boualem Sansal "optimiste" sur le verdict de son procès en Algérie

Boualem Sansal "optimiste" sur le verdict de son procès en Algérie Dix ans de prison et un million de dinars d'amende ont été requis contre Boualem Sansal par le parquet algérien lors de son procès en appel, mais l'écrivain condamné en première instance à des raisons d'espérer ressortir libre.

Des réquisitions lourdes, proches de celles formulées en première instance. Le parquet algérien a requis "dix ans de prison et un million de dinars d'amende", soit environ 6 600 euros, contre l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, a fait savoir le procureur général de la Cour d'appel d'Alger lors de l'audience organisée ce mardi 24 juin.

Le romancier a été condamné à cinq ans de réclusion criminelle et 500 000 dinars d'amende le 27 mars dernier par la justice algérienne pour "atteinte à l'unité nationale", "outrage à corps constitué", "pratiques de nature à nuire à l'économie nationale" et "détention de vidéos et de publications menaçant la sécurité et la stabilité du pays". Il lui est reproché d'avoir défendu l'idée selon laquelle l'Algérie avait hérité de territoires appartenant initialement au Maroc lors de la colonisation française. Une injure pour Alger en conflit avec le Maroc depuis des années pour des questions territoriales. L'écrivain comme le parquet algérien ont fait appel du jugement.

Le cas de Boualem Sansal fait couler beaucoup d'encre depuis son arrestation par les autorités algériennes à son arrivée dans le pays le 16 novembre 2024. Depuis cette date, l'écrivain est retenu soit dans la prison de Kolea, soit dans l'unité de soins de l'hôpital Mustapha-Pacha d'Alger où il reçoit un traitement pour son cancer de la prostate, précise Libération.

Une défense convaincante....

Le verdict de la Cour d'appel sur le cas de Boualem Sansal sera rendu le mardi 1er juillet. Le juge aura-t-il été convaincu par l'écrivain qui a assuré sa propre défense ? L'avocat du romancier n'a jamais obtenu de visa pour rejoindre et représenter son client en Algérie. Pour se défendre, l'octogénaire a invoqué le principe de liberté d'expression assurant en avoir fait usage pour évoquer des faits politiques et historiques. "La Constitution algérienne garantit la liberté d'expression et de conscience. Cela n'a pas de sens. [Elle] décrète la liberté d'expression et on fait un procès pour de la littérature. Où est-ce qu'on va comme ça ?", a-t-il demandé durant l'audience.

Quant aux propos qu'il a tenus dans une interview pour le média d'extrême droite Frontières, Boualem Sansal a refait le fil de l'histoire expliquant que "la France a créé les frontières (de l'Algérie colonisée à partir de 1830) mais heureusement après l'indépendance (en 1962), l'Union africaine a décrété que ces frontières héritées de la colonisation étaient intangibles". Selon une source proche du dossier, Boualem Sansal conserverait un certain optimisme à l'approche du verdict de son procès en appel.

...ou une grâce présidentielle

Boualem Sansal espère que l'Histoire jouera en sa faveur lors du verdict. Mais il mise sur une autre option en cas de condamnation en appel par la justice algérienne. Le verdict sera rendu seulement quatre jours avant la fête de l'indépendance de l'Algérie, célébrée le 5 juillet. Durant ces célébrations, le chef de l'Etat gracie traditionnellement des milliers de détenus. L'écrivain et surtout ses proches espèrent que l'une des grâces pourra concerner le romancier.

Le verdict du 1er juillet et une éventuelle grâce présidentielle apparaissent comme les dernières chances de Boualem Sansal d'être libéré et de revenir en France. Les proches de l'écrivain redoutent qu'en l'absence de geste de clémence des autorités algériennes l'homme de 80 ans meurent en prison. "Ce serait un événement nucléaire et atomique dans les relations franco-algériennes", a assuré une source diplomatique français à Libération. Jusqu'à présent, aucune demande de libération ou de grâce formulée par la France, y compris par Emmanuel Macron, n'a été entendue par le président algérien Abdelmajid Tebboune.