Bernard Cazeneuve : un bon ministre de l'Intérieur ?

Bernard Cazeneuve : un bon ministre de l'Intérieur ? Bernard Cazeneuve a donc accepté de devenir ministre de l'Intérieur. Une surprise. Mais a-t-il les moyens et les qualités pour réussir Place Beauvau ?

C'est sans doute la plus grande surprise du remaniement : Bernard Cazeneuve passe du ministère du Budget à celui de la Défense. Depuis lundi, de nombreuses rumeurs circulaient et les prétendants semblaient nombreux, au premier rang desquels François Rebsamen. C'est probablement le maire de Dijon que François Hollande aurait choisi, s'il avait décidé seul. Manuel Valls, lui, aurait peut-être préféré le député Jean-Jacques Urvoas. Bernard Cazeneuve apparaît donc comme l'homme du premier compromis entre le chef de l'Etat et le nouveau Premier ministre.

Ses collaborateurs à Bercy dépeignent un homme très professionnel. Depuis son arrivée à Bercy, l'homme calibre parfaitement ses discours face aux journalistes comme aux députés, alignant les chiffres précis, les démonstrations techniques, en usant parfois d'une jolie langue de bois. "C'est l'homme qui dit non en souriant. Il vous écoute poliment, prend note mais il sait parfaitement où il veut aller et il n'en déviera pas" explique un de ses anciens collègues au ministère de l'Economie dont les propos sont rapportés par Le Monde.

Nul doute que le sens de la mesure, la discrétion dont il fait preuve et son implication dans les dossiers seront des qualités qui lui serviront Place Beauvau. Celui que l'on appellerait "la tombe" aurait toute la confiance du chef de l'Etat, qui partage avec lui une certaine intelligence des rapports humains et une capacité à ne froisser personne.

Un fabiusien discret, un "technocrate" fidèle

Il y a seulement deux ans, pourtant, Bernard Cazeneuve était un inconnu pour le grand public. Député de la Manche depuis 2007, ce fabiusien historique a "grandi" politiquement sur les terres de son mentor, en Normandie. En 2001, il devient maire de Cherbourg-Octeville, fonction qu'il quitte en juin 2012 pour se consacrer à sa mission de ministre des Affaires européennes. Collaborateur de Laurent Fabius au gouvernement, il "s'émancipe" lorsque François Hollande l'appelle pour lui confier le ministère du Budget pour remplacer Jérôme Cahuzac. Une tâche qu'il accomplira avec brio, préparant avec un sérieux que tous lui reconnaissance le plan d'économies de 50 milliards pour les trois ans à venir.

Devenu ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve sera désormais bien plus exposé. Succéder à Manuel Valls, le membre du gouvernement le plus populaire avant sa nomination à Matignon, sera bien plus compliqué que remplacer Jérôme Cahuzac. Le Premier ministre a fait bonne impression place Beauvau, et a en quelque sorte, comme Nicolas Sarkozy aimait le répéter, "tué le poste". Moins fougueux que Manuel Valls, moins explosif, Bernard Cazeneuve a malgré tout, selon son entourage, un sang froid à toutes épreuves. Calme, grave, voire austère, l'homme pourrait très vite incarner la fonction, mais devra sortir des calculs et des argumentations économiques pour monter au front sur des sujets plus "politiques", prendre position sur des débats de société. Et passer de gestionnaire à homme de terrain.

EN VIDEO - Bernard Cazeneuve est aussi un homme politique qui aime les bons mots et l'ironie. En décembre dernier, il jugé à l'Assemblée qu'un député UMP était frappé du "syndrome du cacatoès" :

"Cazeneuve et le "syndrome du cacatoès""