Montebourg : fin de l'histoire pour l'ex-ministre désavoué par Valls et Hollande
[Mis à jour le 25 août à 12h28] Voilà qui rappellera à d'aucuns la fable de la grenouille voulant se faire aussi grosse que le boeuf. Arnaud Montebourg aurait vraisemblablement inspiré La Fontaine en ne réalisant pas à quel point l'exécutif pouvait être agacé par ses critiques répétées. Oui, bien sûr, le ministre de l'Economie et du Redressement productif s'est rendu coupable "d'infraction à la solidarité gouvernementale" en demandant publiquement au président de la République une "inflexion de la politique économique" menée jusque là, alors même que le chef de l'Etat s'était engagé quelques jours auparavant à "maintenir le cap". Ce lundi 25 août, François Hollande a tranché : Arnaud Montebourg n'est plus ministre et doit quitter le gouvernement. Le président a demandé la présentation d'une nouvelle équipe ministérielle à Manuel Valls, après que celui-ci a présenté la démission de son gouvernement. Arnaud Montebourg est reçu cet après-midi à Matignon.
François Hollande a clairement désavoué le trop ambitieux ministre de l'Economie, en précisant que la nouvelle équipe gouvernementale serait constituée "en cohérence avec les orientations définies". Une nécessité à quelques mois des départementales 2015. Arnaud Montebourg paye donc son inconséquence et son manque manifeste de soutien à la ligne définie par le chef de l'Etat et défendue par Manuel Valls. Le Premier ministre n'aurait lui-même pas apprécié les sorties répétées de l'homme fort de Bercy rival évident pour la présidentielle de 2017. Ce week-end, les critiques du ministre lors de la fête de la Rose auraient fait sortir le patron de Matignon de ses gonds, exigeant du chef de l'Etat qu'il choisisse entre lui et Arnaud Montebourg. "Je ne me laisserai pas Ayrautiser" aurait-il lancé à François Hollande selon les informations du Parisien, insistant pour un remaniement ministériel.
Désormais désavoué et exclu du gouvernement, Arnaud Montebourg peut amèrement repenser à chaque parole prononcée, lui qui ce lundi 25 août encore jugeait qu'il n'avait pas "affaibli l'autorité de l'exécutif" ni manqué à son devoir de solidarité gouvernementale. "J'ai proposé et sollicité du président de la République. Je l'ai fait dans la collégialité, et je l'ai exprimé publiquement afin que nul n'en ignore" avait estimé le ministre au micro d'Europe 1.
Le ministre de l'Economie avait convaincu début avril François Hollande de lui confier un grand ministère à Bercy, appuyant la nomination de Manuel Valls à Matignon. Arnaud Montebourg était devenu, dès lors, l'un des poids lourds du gouvernement, et même l'un des ministres sur lequel le Premier ministre avait construit sa légitimité. Fin mars, c'est en présentant le soutien d'Arnaud Montebourg et de Benoît Hamon que Manuel Valls avait démontré à François Hollande sa capacité à "tenir la majorité". Arnaud Montebourg s'est-il senti intouchable ? A-t-il pensé qu'il pouvait manoeuvrer à sa guise en exprimant ses divergences, notamment dans le but d'incarner une alternative, grâce à la force politique que lui conféraient ses soutiens ? Désormais, il aura tout le temps et toute la liberté d'y songer et de faire entendre sa différence. Loin du gouvernement.