Jean-Marie Le Pen : entre rancune et homophobie, le dérapage de trop ?

Jean-Marie Le Pen : entre rancune et homophobie, le dérapage de trop ? "Je ne condamne pas les homosexuels sur le plan individuel, mais quand ils chassent en meute, oui". Le président d'honneur du FN se radicalise dans un ressentiment nauséabond, notamment à l'égard de Florian Philippot.

[Mis à jour le 13 mai 2015 à 19h58] Suspendu du Front national, Jean-Marie le Pen refuse de s'en tenir au silence médiatique que bon nombre des membres du FN souhaiteraient pourtant qu'il observe. Depuis quelques jours, il est accusé de déraper sur le terrain de l'homophobie. Ce mercredi 13 mai, sur BFMTV, l'homme de 86 ans a tenu de nouveaux propos polémiques. Evoquant l'homosexualité de Floriant Philippot, il s'est autorisé cette phrase difficilement justifiable : "Je ne condamne pas les homosexuels sur le plan individuel, mais quand ils chassent en meute, oui".

Faute de laisser entrevoir la moindre volonté ou tentative de rédemption, le leader historique du parti semble se marginaliser sur une ligne provocatrice et pleine de sous-entendus, que sa famille politique lui reproche désormais. Jean-Marie Le Pen joue à présent sa partie sans filtre et accuse publiquement Florian Philippot de manoeuvre politicienne. "Nous allons essayer de barrer la route à M. Philippot dans sa conquête du Front national" assume-t-il dans Le Figaro du 12 mai, annonçant la création à venir d'un mouvement parallèle au FN. Sauf que le patriarche ne peut s'empêcher de glisser : "Ce sera absolument une force d'opposition à lui et à ses mignons" ajoute-t-il.

Florian Philippot avait réagi sur iTélé le 13 mai, considérant être la cible, désormais, d'"injures nauséabondes" de la part de Jean-Marie Le Pen. lorsqu'on lui demande si ces invectives sont homophobes, il répond : "Je ne sais pas. Et s'il y a une connotation homophobe dans ses insultes ça rajoutera au déshonneur". Pourtant, l'homosexualité de Florian Philippot et de quelques cadres du partis sont, évidemment, pour Jean-Marie Le Pen un vrai sujet d'inquiétude, sinon morale au moins politique. Il estime notamment dans la presse qu'il existe dans l'entourage de Marine Le Pen "un état d’esprit hétérophobe évident". Lui, qui dans les années 1980 considérait dans "L'Heure de vérité" que "l'homosexualité n'est pas un délit, mais constitue une anomalie biologique et sociale", a jugé qu'un "lobby" avait empêché la présidente du FN de prendre les rênes de la Manif pour tous. Une opinion que partage la garde rapprochée de Jean-Marie Le Pen, comme Bruno Gollnisch, de moins en moins à l'aise au bureau politique du parti au fil des années, comme le révélaient ces propos rapportés par Le Point en janvier 2013 : "Il y a autour de cette table beaucoup d'homosexuels. Ces choix relèvent de la vie privée et de la conscience de chacun, mais ne doivent pas influer sur la position du Front national".

D'autres frontistes "historiques", fidèles soutiens de Jean-Marie Le Pen, qui pour certains ont quitté le parti, osent désormais afficher leur désapprobation à la nouvelle ligne que souhaite porter la présidente du FN. Une ligne souverainiste et étatiste, mais aussi s'appuyant  moins sur le traditionalisme catholique. Libération rapporte à titre d'exemple les propos de Roger Holeindre : "Pour un mec comme moi qui a fait l’Algérie, être représenté par un pédé gaulliste, c’est quand même un peu gros", ou encore ceux d'Henry de Lesquen, président de Radio Courtoisie, qui estime que le Front national est devenu un "lupanar pédérastique". De fait, la marginalisation des "identitaires" et des catholiques réactionnaires au sein du FN donne lieu à l'expression d'un ressentiment. Jean-Marie Le Pen pourrait s'appuyer sur les plus extrémistes d'entre eux pour exister encore sur la scène politique, actant alors la rupture définitive entre lui et le "nouveau" Front national.

"FN : Jean-Marie Le Pen encore plus nuisible hors du parti ?"