Si pas de vague bleue au 2e tour, quel avenir pour Les Républicains après les régionales 2015 ?

Si pas de vague bleue au 2e tour, quel avenir pour Les Républicains après les régionales 2015 ? Yves-Marie Cann, directeur des études politiques à Elabe, a tracé sur le plateau de #DirectPolitique les lignes que pourraient suivre Les Républicains après les élections régionales, à court et moyen terme.

Avant les élections régionales, Nicolas Sarkozy espérait une large victoire des Républicains. La France avait déjà basculé à droite lors des départementales de mars et les élections intermédiaires sont en général défavorables au parti au pouvoir. Mais après le 1er tour, la vague bleue escomptée n'est pas arrivée. Les candidats Les Républicains sont en effet en tête dans seulement quatre régions, ceux du FN dans six. "On peut parler d'échec pour les listes d'union LR-UDI", admet sans ambages Yves-Marie Cann, directeur des études politiques à Elabe. "Si la dynamique se vérifie au soir du second tour, il y a fort à parier que les langues commencent à se délier vis-à-vis de Nicolas Sarkozy", ajoute-t-il sur le plateau de #DirectPolitique (Linternaute.com, Ouest-France, 20Minutes), mardi matin.

EN VIDEO - Yves-Marie Cann imagine une recomposition de la droite après les régionales

"Yves-Marie Cann sur la recomposition de la droite après les régionales"

Des dissensions se font déjà entendre sur le "ni, ni" décidé par le président du parti. "Après le deuxième tour, il va falloir que nous ouvrions un débat sur la situation actuelle", a même dit Alain Juppé. Mais Nicolas Sarkozy  commence aussi à être contesté sur la ligne politique suivie par les candidats dans les régions où le FN est en mesure de l'emporter. Dans le Nord comme en PACA, Xavier Bertrand et Christian Estrosi ont fait leurs certains sujets de prédilection du FN afin de séduire l'électorat le plus à droite. "La question de la ligne politique des Républicains, ce n'est pas le moment", a affirmé mardi Nicolas Sarkozy lors d'une réunion du groupe LR à l'Assemblée, avant de surprendre en admettant qu'après le 2e tour des élections régionales "il y aura un débat à ouvrir". Une contestation de sa stratégie au sein de son camp pourrait "le défavoriser dans la perspective de la primaire et pourrait favoriser certains de ses concurrents", notamment Alain Juppé, avance Yves-Marie Cann. Par ailleurs, ceux qui entendent être candidat à la primaire des Républicains en 2016 et qui sont aujourd'hui tête de liste en région bénéficient avec ces élections d'un "surcroît de notoriété et de visibilité" mais ont bien peu de temps pour l'exploiter avant l'échéance. "Je prends les paris que Xavier Bertrand, s'il est élu, se retirera probablement de la course à la primaire", affirme Yves-Marie Cann.

Au-delà de ces rendez-vous électoraux, ces élections régionales marquent encore un peu plus l'enracinement du FN dans le paysage politique, un parti avec lequel LR et PS vont devoir faire. "On voit que si un électeur a voté FN lors d'un précédent scrutin, sa probabilité de renouveler son vote est de 9 sur 10", avance Yves-Marie Cann. De plus, il existe "une forme de porosité entre une partie du socle de Républicains et le FN". Selon le sondeur, "autour de 40%" d'électeurs LR ne seraient pas contre un rapprochement avec le parti de Marine Le Pen, avec toutefois "de fortes disparités selon les régions". Face à un FN qui monte en puissance, Yves-Marie Cann n'imagine alors pas autre chose qu'une recomposition de la droite dans "les mois à venir". "Elle passera nécessairement par une fracture, une césure chez Les Républicains", ajoute-t-il, prévoyant déjà une "fusion des droites chère à Patrick Buisson". Une fusion qui passerait donc, selon lui, par une scission pour aboutir, d'un côté, à un parti de centre-droit, et de l'autre, à un parti réunissant le courant LR le plus radical et le FN.