Les Républicains et Sarkozy piégés par le FN ? (Régionales 2015)

Les Républicains et Sarkozy piégés par le FN ? (Régionales 2015) Le succès du FN au premier tour des régionales remet en cause la stratégie de droitisation du parti de Nicolas Sarkozy : la chasse aux électeurs frontistes ne semble plus fonctionner.

Si les résultats des élections régionales dimanche dernier se sont révélés catastrophiques pour le Parti socialiste, qui n'arrive premier que dans deux régions, en Bretagne et en Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes, ils n'en sont pas moins mauvais pour Les Républicains, qui ne sont en tête que dans quatre régions et se font devancer par le FN dans six autres en métropole. Une sentence qui remet en question, voire, selon ses détracteurs, vient sanctionner la stratégie menée par Nicolas Sarkozy à la tête du parti de droite depuis son retour en politique en septembre 2014.

Car le siphonage réussi des voix FN aux élections présidentielles de 2007 semble bien loin. Dès le premier tour de l'élection présidentielle, il y  a huit ans, le candidat de l'UMP recueillait 31% des suffrages alors que Jean-Marie Le Pen reculait à 10,4%. La droite dans son ensemble et les commentateurs politiques de tous bords, même opposés aux idées de Nicolas Sarkozy, avaient alors salué le coup de maître du candidat. Et au second tour, Nicolas Sarkozy avait réussi à se faire élire président de la République avec un report de près de 70% des voix des électeurs du Front national, alors que Jean-Marie Le Pen avait pourtant appelé à l'abstention.

Mais le temps du siphonage de 2007 semble bel et bien révolu. Et si la stratégie visant à reprendre à son compte des idées du FN pour mieux capter son électorat était une arme à un seul coup ? C'est la question qui est cruellement posée à la droite "forte" et à Nicolas Sarkozy depuis plusieurs mois et avec une acuité particulière en marge de ces élections. Le chef des Républicains, fidèle à sa ligne, a repris à son compte l'expression "ni ni" ("ni extrème-droite, ni gauche") utilisée dès 2012 par Jean-François Copé, lui même inspiré par François Mitterrand, qui l'avait popularisée en 1988 ("ni nationalisation, ni privatisation). Par cette formule, l'ancien chef de l'Etat refuse tout front républicain, autrement dit toute alliance avec le PS pour faire barrage au FN, ménageant ainsi son image d'homme de droite qui s'assume.

Quelques minutes après la proclamation des résultats du premier tour des régionales, le président des Républicains rejetait ainsi, dès dimanche dernier, toute fusion de listes ou retrait de candidats pour contrer le FN. "Ce n'est pas 'passe-moi la salade, je t'envoie la rhubarbe'", a-t-il déclaré en guise d'argument sur France 2, dans l'entre deux tours du scrutin, pour fustiger l'idée d'un accord d'appareil. Une expression énigmatique restée dans les mémoires. En meeting, Nicolas Sarkozy a aussi enfoncé le clou, en faisant un appel du pied aux électeurs de Marine Le Pen. S'adressant "à ces millions de Français qui ont voté pour le Front national", l'ancien président de la République a assuré que "le vote pour le Front national n'est pas un vote contre la République" et "n'est pas immoral", sinon la République ne tolérerait pas des candidats et des votes FN depuis 30 ans.

Une chasse aux électeurs frontistes qui a en tout cas fait grincer des dents à l'Assemblée nationale. "Nicolas Sarkozy ouvre une crise dans la droite républicaine en parlant comme l'extrême-droite", a par exemple estimé Bruno Le Roux, chef de file des députés socialistes. Pour d'autres, y compris à droite, on s'inquiète de ces électeurs échaudés depuis 2007 et toujours plus nombreux à "préférer l'original à la copie".

EN VIDEO - Tout ce que vous devez savoir sur les élections régionales 2015

"Tout ce que vous devez savoir sur les élections régionales"