Florian Philippot : compagnon, père, frère... Les petits secrets de la nouvelle star du FN

Florian Philippot : compagnon, père, frère... Les petits secrets de la nouvelle star du FN Celui qui ambitionne ce soir de prendre l'Alsace, Champagne-Ardenne, Lorraine, Florian Philippot, a franchi un nouveau palier lors des régionales 2015 et est en passe de devenir l'une des figures de la politique nationale. Avec ses aspérités.

Il incarne depuis déjà plusieurs années le FN new look voulu par Marine Le Pen. Un FN qui, en façade en tout cas, a semble-t-il troqué son héritage d'extrême droite contre la défense de la laïcité et des valeurs de la République, avec même des accents gaullistes qui feraient pâlir les fondateurs du parti. Un FN qui, sur le terrain économique, n'est plus ancré dans le libéralisme à tous crins, mais s'aventure sur le terrain social, la défense des "oubliés", avec un Etat puissant et interventionniste. Et il compte bien prendre une région en ce soir de résultats des régionales 2015. Mais qui est Florian Philippot le "squatteur de matinales", présent chaque jour à la radio le matin et à la télévision le soir ? A mesure que le personnage a intensifié son marathon médiatique, encore renforcé par sa candidature en Alsace, Champagne-Ardenne, Lorraine aux régionales, ses aspérités et ses secrets ont été dévoilés.

Des origines loin de l'est, une famille de profs. C'est Marine Le Pen qui est candidate aux régionales en Nord-Pas-de-Calais, Picardie, mais dans l'état major du FN, le "chti", c'est bien Florian Philipot. Le plus proche conseiller de la présidente du Front national est né à Croix, dans le département du Nord, où il a passé toute son enfance. Il a vécu avec sa famille, un père directeur d'école primaire et une mère institutrice, à Bondues, dans la banlieue de Lille, avant de faire ses études à Marcq-en-Barœul. Elève brillant, il va rejoindre Paris très tôt, pour poursuivre son cursus dans le prestigieux lycée Louis-le-Grand. Le début d'un parcours qui le mènera jusqu'à la politique, mais loin, de l'Alsace, Lorraine, Champagne-Ardenne qu'il convoite aujourd'hui...

L'énarque du FN. Florian Filippot a suivi la voie royale. Après une classe prépa, il intègre HEC en 2001. Pour obtenir son diplôme quatre ans plus tard, il présentera un mémoire sur la Belgique et l'Union européenne, évoquant un éclatement du pays basé sur un modèle fédéral. Après avoir échoué au concours de SciencesPo (à l'oral), il parvient à passer avec succès le concours de l'ENA. Selon sa fiche Wikipedia, son examinateur à l'oral n'était autre qu'Eric Zemmour (on se demande bien  ce qu'ils ont pu se raconter). Diplômé en 2007 de la promotion Willy Brandt, il devient donc "énarque". Un profil qui fait de lui un homme à part au sein du FN aujourd'hui. Critiqué en interne pour son appartenance à cette "élite" que le FN dénonce à intervalles réguliers, il incarne la modernisation et la "professionnalisation" du parti, notamment en affinant son programme économique.

Des débuts dans la gauche souverainiste. La carrière politique de Florian Philippot commencera à gauche. Alors qu'il entre à l'Inspection générale de l'administration après l'élection de Nicolas Sarkozy, il sympathise avec Jean-Yves Le Gallou, ancien adjoint de Bruno Mégret, pire ennemi de Jean-Marie Le Pen (MNR). Mais c'est bien à gauche qu'il va réellement franchir le pas. Opposé aux privatisations de l'ère Balladur dès les années 1990, il s'affirme rapidement gaulliste-souverainiste et montre son attachement à l'Etat. Dans ses années HEC, il se rapproche de mouvements chevènementistes  et fait partie des étudiants soutiendront l'ancien ministre de l'Intérieur en 2002 sous le slogan "HEC avec le Che". En 2005, il ira jusqu'à participer à un meeting de gauche contre le traité européen, animé entre autres par Jean-Luc Mélenchon (encore au PS à l'époque). Il sera aussi, dit-on, blogueur sous pseudonyme pour l'hebdomadaire Marianne par la suite.

Florian Philippot ne rencontre Marine Le Pen qu'en 2009, grâce à ses relations dans la sphère souverainiste, et s'intéresse très vite au discours "social" de la fille de Jean-Marie Le Pen. Un homme que par ailleurs il n'apprécie guère. Quand Marine Le Pen devient présidente du FN en 2011, la voie est libre pour une adhésion. La suite, on la connait : d'abord conseiller secret, présenté comme un mystérieux "haut fonctionnaire du ministère des Finances" qui aide la patronne du parti, il sort du bois et devient directeur stratégique de la campagne présidentielle de Marine Le Pen en 2011, puis porte-parole et enfin vice-président du FN.

Un compagnon qui a fait parler. Il y a tout juste un an, fin 2014, Closer sort un de ces scoops dont le magazine est devenu le spécialiste. Il révèle que Florian Philippot est homosexuel, photos à l'appui. On y voit la figure montante du FN en compagnie d'un homme au visage masqué, présenté comme étant un journaliste. Sous le pseudo de Tyto Alba, le compagnon de Florian Philippot dénoncera dans une tribune une "chasse à l'homme", tandis que le vice-président du FN va poursuivre en justice le magazine après ces révélations. Mais le motif de la plainte (l'"atteinte à sa vie privée") sonnera comme une confirmation des informations de Closer. Le magazine people sera condamné à 20 000 euros d'amende en appel, en juin 2015. Quant à Florian Philippot, il a subi depuis, de la part de la droite du FN et de Jean-Marie Le Pen en particulier, des attaques sur son orientation sexuelle. A la lumière des révélations de Closer, on s'interrogera aussi ici et là sur l'étonnante discrétion de Marine Le Pen et de son état major sur la loi Taubira autorisant le mariage de personnes du même sexe.

Un père admiratif et militant FN. Le père de Florian Philippot est aussi un militant du FN, converti de fraîche date. Daniel Philippot, ancien directeur d'école dans le Nord, a été nommé en octobre dernier, par Marine Le Pen elle-même, directeur du collectif "Racine" en Nord-Pas-de-Calais, Picardie, rassemblant des "enseignants patriotes" pour conseiller la candidate sur l'éducation. Le père de Florian Philippot Daniel Philippot était aussi candidat sur les listes de Marine Le Pen lors de ces élections régionales. Un engagement qui aura ravi son fils, dont il est lui même "très fier". Mais l'un comme l'autre ont refusé de s'épancher sur cette situation dans les médias.

Un frère sondeur. Longtemps, Florian Philippot a été présenté comme le "Monsieur chiffres" du FN. Celui qui sort et exploite des rapports à n'en plus finir, sur l'économie notamment, pour alimenter programme et argumentaire de Marine Le Pen. Cette passion des chiffres déborde dit-on sur les sondages dont il serait très friand. Il faut dire qu'il est à bonne école. L'un des stages menés quand il était étudiant à HEC s'est déroulé dans l'institut TNS Sofres. Mais on sait aussi, depuis un article VSD notamment, que son frère, Damien Philippot, est l'un des cadres de l'institut Ifop. Face au soupçon de connivence voire d'utilisation de données pour le FN, la société a été plusieurs fois contrainte de rappeler que Damien Philippot n'exerce aucune activité "relative aux sondages de nature électorale", "n'a jamais communiqué au Front national" des données de l'Ifop avec lequel il n'a "aucune relation commerciale" et n'a "jamais fait l'objet d'un rappel à l'ordre individuel sur l'indispensable respect de la plus stricte confidentialité".

Florian Philippot, qui avait atteint 36,06 % des suffrages au 1er tour des régionales, est opposé à la liste de la majorité sortante en Alsace conduite par Philippe Richert (25,83 % au 1er tour) et au socialiste Philippe Masseret (16,11 %).