Taubira : que contient son livre contre Hollande et Valls ?
Même rédigé de manière impromptue et conçu en secret, le livre de Christiane Taubira n'a pas été écrit dans la précipitation. L'ancienne ministre de la Justice a préparé avec soin ce pamphlet contre la déchéance de nationalité, forme de justification de sa démission la semaine passée. Car Chistiane Taubira a le sens de la mesure. Certes, elle considère que l'exécutif s'est fourvoyé dans la révision constitutionnelle, mais, dans son livre à paraître aujourd'hui (déjà consulté par Le Monde), elle ménage à la fois François Hollande et Manuel Valls. Pas un mot ad nominem, pas de remise en question de la politique économique et sociale gouvernementale. Mieux : l'ex-garde des Sceaux rend hommage au président de la République dans sa postface pour sa réaction d'homme d'Etat face face aux attentats terroristes. Etonnant, puisque François Hollande est salué pour le courage dont il a fait preuve dans les heures qui ont suivi les événements mais que l'ex-ministre ne dit mot sur son attitude et son empressement personnelle à convoquer le Congrès pour annoncer la déchéance de nationalité.
Contre Valls, la retenue est tout aussi apparente dans cet ouvrage étonnant. "Y affleurent, ici ou là, son malaise vis-à-vis de la philosophie sécuritaire du gouvernement et sa nostalgie d'une gauche au pouvoir oublieuse de ses ambitions sociales", analyse Le Monde. Comment comprendre cette modération qui ne lui ressemble guère ? Et si, au fond, cette prudence manifeste était en réalité une affirmation politique ? Christiane Taubira révèle à sa façon qu'elle ne se place pas en héraut d'une gauche anti et alter-hollandiste, qu'elle ne prendra pas les commandes d'une fronde ou la tête d'un mouvement constitué de personnalités qui, elles, construisent leur avenir politique en opposition frontale au chef de l'Etat. Et ce, au grand dam d'Arnaud Montebourg, de Cécile Duflot ou de Delphine Batho. A une candidature à la présidentielle 2017, Christiane Taubira pourrait préférer une nomination au Conseil constitutionnel. Mais pour cela, il faudra continuer à ménager un président de la République qui ne peut se permettre de se mettre à dos celle qui est devenue une icône de l'aile gauche de la majorité.
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