Alain Juppé : petits et grands secrets
Rarement un homme ayant participé, aussi longtemps et à de tels niveaux de responsabilité, à la gestion des affaires du pays, n'avait été aussi populaire. Jamais un homme ayant été ministre, Premier ministre, n'avait été en aussi bonne position pour accéder à la présidence de la République. Alain Juppé était, selon plusieurs instituts de sondages, la personnalité politique recueillant le plus d'opinions positives. Malgré les condamnations judiciaires, malgré les traversées du désert, l'homme de 1995, qui a fait descendre dans la rue plus d'un million de Français, est parvenu à s'imposer comme le probable homme de la primaire de la droite puis de la présidentielle 2017 pendant 18 mois. C'était avant que François Fillon ne le batte au premier tour de la primaire de la droite, le 20 novembre, créant à nouveau l'incertitude. Comme son rival, Alain Juppé n'est pas tellement du genre à se livrer. Mais depuis quelques mois déjà, l'horizon de l'Elysée se rapprochant, il accepte d'en dire plus sur lui, sur sa famille, ses convictions, ses regrets, ses échecs assumés. Quitte à laisser ses proches se confier et les journalistes écrire portraits et articles, sur ce qui était encore jusque-là de l'ordre de l'intime et du privé.
"En général quand on parle de moi on utilise une expression qui ne me convient pas trop : 'vieux sage'. Je suis sage, mais je me sens très jeune", aime répondre Alain Juppé lorsqu'on évoque son parcours. Sage, homme d'Etat - ou du moins d'expérience -, homme de lettres, de mesure et de répartie, difficile d'en méjuger. Reste qu'Alain Juppé demeure corseté dans un étroit costume d'homme froid et peu avenant, bien qu'il ait toujours souffert de cette étiquette, qu'il considère bien sévère à son endroit. Mais pour ses proches, le maire de Bordeaux n'est qu'un "timide" qui se méfie des femmes et des hommes qu'il rencontre.