Nicolas Sarkozy : "parties fines" de DSK et "sauvages blacks et beurs"... Patrick Buisson lâche tout
Son nom seul suffit. Patrick Buisson, ancien directeur du journal d'extrême droite Minute, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, élément clé de son accession au pouvoir en 2007 et architecte, entre 2005 et 2012, de bon nombre de ses thèses, est souvent cité par les adversaires de l'ancien chef de l'Etat comme le symbole même de ses "dérives" les plus droitières. Le patronyme sent d'autant plus le souffre aujourd'hui que cet ancien journaliste et entrepreneur est mis en examen dans l'affaire des sondages de l'Elysée et qu'il est tombé en disgrâce pour avoir enregistré le président à son insu, lors de réunions à huis clos. Condamné pour atteinte à la vie privée, Buisson sera sèchement répudié par Nicolas Sarkozy en 2014, qui pointera sa "trahison" à la télévision, à une heure de grande écoute. Un traumatisme de son propre aveu.
Aujourd'hui, Buisson nie toute idée de vengeance et refuse d'être comparé à Valérie Trierweiler, auteure en son temps d'un livre rageur contre François Hollande. Mais "La Cause du Peuple" (Perrin), ouvrage qui paraîtra dans quelques jours, recèle bien des souvenirs gênants pour l'ancien chef de l'Etat, en pleine campagne pour la primaire de la droite. Les anecdotes qui sont distillées dans la presse cette semaine sont issues elles-mêmes des enregistrements frauduleux et des conversations secrètes entre le président et ses conseillers. Dévoilant souvent des avis et des propos bruts de décoffrage, sans filtre, les révélations de Buisson vont jusqu'à démonter la stratégie de Nicolas Sarkozy, frôlant parfois le soupçon de manipulation des masses.
EN VIDEO - En 2014, Sarkozy obtenait le retrait des enregistrements Buisson en ligne.
"Des hordes sauvages dans Paris"
C'est le cas notamment de cette anecdote datant de 2006. Alors ministre de l’Intérieur et favori des sondages, Nicolas Sarkozy aurait surfé sur les émeutes en banlieues et sur l'opposition au CPE pour installer un climat anxiogène et soigner son image de "premier flic de France". Loin d'empêcher les heurts, Nicolas Sarkozy les aurait instrumentalisés pour son propre compte. "Nous avions pris la décision de laisser les bandes de black et de beurs agresser les jeunes Blancs aux Invalides", écrit par exemple Patrick Buisson au sujet de violences dans la capitale à l'époque. Le cabinet du ministre préférera livrer un scoop sur un plateau à Paris Match, pour que l'hebdomadaire publie des photos de l'agression. "L'émotion fut en effet à son comble", poursuit l'ancien conseiller. "L'opinion ne retiendrait qu'une chose : des hordes sauvages étaient entrées dans Paris".
Autre souvenir choc de Patrick Buisson : lors de la pré-campagne de 2012, Nicolas Sarkozy aurait émis le souhait, en privé, que DSK soit son adversaire à l'élection présidentielle. La raison ? En tant que "premier flic de France", il était informé dans le détail des "parties fines" de Dominique Strauss-Kahn à Lille. "J'ai de quoi le faire exploser en plein vol", aurait alors expliqué le président de la République de l'époque à sa garde rapprochée. La suite on la connait : le directeur du FMI, favori des sondages, sera finalement écarté à cause d'une autre affaire, celle du Sofitel. François Hollande sera désigné candidat du PS. Nicolas Sarkozy sera battu par 48,36 % des voix contre 51,64 % pour le socialiste. Le début des ennuis pour Patrick Buisson...
Parmi les autres extraits chocs du livre, dévoilés cette semaine par l'Express notamment, figurent des propos peu amènes de Nicolas Sarkozy sur son prédécesseur Jacques Chirac. "Le plus détestable de tous les présidents de la Ve République", selon lui. "Je n'ai jamais vu un type aussi corrompu", aurait déclaré Nicolas Sarkozy à son endroit. Il ne sera pas plus tendre avec son "collaborateur" de Matignon François Fillon, aujourd'hui concurrent de la primaire. L'ancien Premier ministre est qualifié de "pauvre type" pour avoir inauguré une mosquée. "Il n'a qu'à venir mercredi au Conseil des ministres en babouches et avec un tapis de prières", aurait moqué Nicolas Sarkozy à l'époque. Un langage bien moins policé que celui utilisé par le président de la République en public.