Election du président LR : Ciotti vainqueur, un résultat sans surprise à droite

Election du président LR : Ciotti vainqueur, un résultat sans surprise à droite PRESIDENT LR. Les Républicains ont fait le choix d'Eric Ciotti pour redresser la droite. Le député des Alpes-Maritimes a été élu président du parti avec 53,7% des suffrages face à Bruno Retailleau, le dimanche 11 décembre 2022.

[Mis à jour le 12 décembre 2022 à 8h06] "Nous avons gagné ! [...] Tout commence aujourd'hui. Dans l'unité et la clarté, nous allons redresser la droite !" En quelques mots publiés sur Twitter, Eric Ciotti a célébré sa victoire et son élection à la tête des Républicains. Après trois mois de campagne et une course en tête face à Aurélien Pradié et Bruno Retailleau, le député des Alpes-Maritimes s'est imposé face à ses pairs le dimanche 11 décembre 2022 avec 53,7% des suffrages. La victoire est claire mais l'écart est légèrement moins important que prévu, le sénateur vendéen Bruno Retailleau ayant obtenu plus de 46% des voix des adhérents. Le candidat défait et l'homme éliminé au premier tour de l'élection du président de LR, Aurélien Pradié, ont été félicités par le nouveau leader de la droite pour leur "campagne courageuse" et leurs "convictions fortes". Des convictions avec lesquelles ils va falloir composer pour renforcer et réunir les différentes branches de la droite. Un défi de taille pou l'élu sudiste.

Le rapprochement semble avoir été fait, du moins pour une partie des partisans d'Aurélien Pradié qui, s'il n'avait pas donné de consigne de vote pour le second tour, avait glissé dans une lettre des indices laissant entendre sa préférence pour Eric Ciotti. Le député niçois peut aussi compter sur d'autre poids lourd de la droite avec le soutien de François Baroin ou de son prédécesseur Christian Jacob. Reste que la personnalité d'Eric Ciotti divise une partie des adhérents dont beaucoup ont annoncé leur départ du parti en cas de victoire du Niçois. Ceux-là joindront-ils les actes aux paroles ? Quoi qu'il en soit, le nouveau président LR a désormais tous les pouvoirs en main pour imposer sa ligne droitière au parti traditionnel, affaibli depuis le désastre de l'élection présidentielle de 2022. Eric Ciotti juge d'ailleurs que sa politique est à même de relever la droite et fait déjà cap sur la présidentielle de 2027 pour laquelle il devrait désigner Laurent Wauquiez comme candidat des LR, une de ses promesses de campagne. Mais d'ici là, la tâche du député des Alpes-Maritimes ne sera pas simple car avant d'espérer peser lourd dans cinq ans, il faut redéfinir la ligne LR, courtisée par la majorité présidentielle et dont une partie est tentée par l'extrême droite.

Quels sont les résultats de l'élection du président LR ?

Eric Ciotti a obtenu la majorité absolue des voix avec 53,7% des suffrages en sa faveurs lors du second tour de l'élection du président des Républicains. Face à lui, le sénateur vendéen Bruno Retailleau a recueilli 46,3% des voix après deux jours de vote, le 10 et 11 décembre 2022, un score honorable mais insuffisant contre celui qui s'est présenté tout au long de la campagne comme le favori du scrutin.

Le député des Alpes-Maritimes s'était déjà imposé lors du premier tour, les 3 et 4 décembre. Alors que 72,67% des 91 109 inscrits s'étaient exprimés. Eric Ciotti avait obtenu 28 297 voix, soit 42,73% des suffrages tandis que Bruno Retailleau était fort de 22 815 voix, soit 34,45% des votes. A la troisième place, Aurélien Pradié avait réuni 14 765 voix, soit 22,29% des suffrages exprimés.

Que disaient les sondages sur cette élection du président de LR ?

Au cours de la campagne précédant le premier tour de l'élection du nouveau président des Républicains, Bruno Retailleau, Eric Ciotti et Aurélien Pradié se sont tous les trois prononcés contre une alliance avec la majorité présidentielle. Une position commune qui semble être en décalage avec le souhait des sympathisants LR, selon le baromètre politique Odoxa-Mascaret réalisé pour LCP, Public Sénat et La Dépêche, et publié fin novembre. En effet, 73% des sympathisants LR interrogés dans ce sondage se disent favorables à ce que Les Républicains rejoignent une alliance, et 45% d'entre eux sont en faveur d'une alliance avec la majorité présidentielle. 

Une position des sympathisants LR qui semble avoir été entendue par Bruno Retailleau. Le sénateur vendéen a en effet indiqué dans un entretien au Parisien le 5 décembre, au lendemain des résultats du premier tour, qu'il organiserait, s'il est élu, un référendum au sein du parti avant la fin de l'année sur la question : "Oui ou non, souhaitez-vous une alliance avec Emmanuel Macron ?" Bruno Retailleau a néanmoins précisé n'avoir jamais voté pour le président de la République, et n'avoir jamais "envisagé une quelconque alliance".

En tout cas, l'enjeu de ce scrutin pour la présidence des Républicains paraît de faible importance pour une large partie des Français, selon un sondage Cluster17 réalisé pour Le Point et publié samedi 3 décembre. En effet, dans cette étude, 72% des personnes interrogées estiment que Les Républicains n'ont pas d'avenir politique. A noter qu'aucun institut de sondage n'a effectué de sondage sur les intentions de vote, compte tenu du nombre effectif de votants, trop faible pour constituer un échantillon suffisamment robuste pour dégager des résultats fiables.

Qui votent à l'élection du président de LR ?

Comme lors de la primaire organisée en vue de désigner le candidat du parti à l'élection présidentielle, seuls les adhérents à jour de cotisation peuvent prendre part au vote pour élire le futur président des Républicains. Le règlement de l'élection indique en effet que seules les personnes à jour de cotisation 30 jours avant le scrutin, soit au 3 novembre 2022, peuvent participer à ce congrès. Ainsi, ce sont 91 109 personnes qui sont appelées à voter pour le second tour, qui aura lieu les samedi 10 et dimanche 11 décembre. En 2019, lors de l'élection de Christian Jacob, 131 514 personnes étaient inscrites, mais seules 62 401 avaient voté. En 2017, lors de la victoire de Laurent Wauquiez, 234 556 électeurs étaient aptes à voter et 98 543 avaient participé.

Une recomposition en cours au sein du parti

La démission de Christian Jacob a fait quelques vagues. Ancien ministre, ancien maire de Provins et ex-président du groupe UMP puis LR à l'Assemblée (de 2010 à 2019), il avait pris la tête du parti en octobre 2019. Connu pour sa capacité à fédérer, il avait rassemblé le parti en vue de la période électorale de 2022. Pour autant, la formation, affaiblie par les scores des élections, est aujourd'hui traversée par des lignées politiques et idéologiques assez diverses, menaçant son unité. Peu de sujets y font l'unanimité, à commencer par l'héritage laissé par Christian Jacob. Le Monde citait à ce titre l'admiration d'Aurélien Pradié pour son ancien président "chiraquien", qui a su transmettre son expérience à la nouvelle garde. Mais le média citait aussi le député européen Brice Hortefeux, qui se montre plus nuancé sur l'ancien patron, évoquant son manque d'incarnation de la fonction et son côté "non présidentiable".

En outre, ce départ de la rue Vaugirard est intervenu alors que le président de la République était en pleine phase de négociations avec les chefs de parti de l'opposition. Le groupe LR occupe de fait un rôle de choix au sein de cette nouvelle Assemblée sans majorité, tiraillée entre deux oppositions on ne peut plus divergentes (à savoir la Nupes et le RN). Avec quelque 70 députés, la droite républicaine pourrait être l'alliée adéquate d'un camp présidentiel en difficulté depuis la perte de la majorité absolue le 19 juin dernier. Le choix de son leader sera donc crucial dans l'avenir de la vie politique française et déterminera une partie des rapports de force au sein de l'hémicycle. 

Le parti se réorganise d'ailleurs dans son ensemble. L'élection d'Olivier Marleix à la tête du groupe parlementaire le 22 juin dernier a marqué un tournant, peu après le départ de Damien Abad, conquis par la macronie. Et les changements ne s'arrêtent pas là. Cécile Richez, jusqu'alors directrice de communication du parti, a été remplacée par Marie-Eve Malouines, l'actuelle chargée de communication d'Annie Genevard. Pour sa part, Cécile Richez est devenue directrice générale du parti en septembre.