"Lutter contre l'antisémitisme et contre tous les racismes" : l'appel des chefs religieux reçus par Macron
"Le président de la République a eu des mots très forts". C'est ce que retiennent les représentants des cultes à l'issue de leur réunion avec Emmanuel Macron organisée dans la matinée du lundi 13 novembre. Si cette entrevue a été l'occasion d'expliquer la position de la France dans le conflit entre Israël et le Hamas et d'évoquer les perspectives pour un avenir de paix entre Israël et la Palestine, les discussions se sont surtout concentrées sur "l'enjeu d'assumer l'universalisme républicain" dans la société française, ont expliqué les chefs religieux devant le palais de l'Elysée.
Une thème cher aux représentants des cultes chrétien, mais surtout juif et musulman directement concernés par la montée de l'antisémitisme pour l'un et par l'amalgame entre islam et islamisme pour l'autre. A ce sujet, tous les chefs religieux comme le président de la République ont été satisfaits de la marche civique organisée le 12 novembre. "Hier dans la marche il n'y avait pas un slogan contre quelqu'un, nous étions ensemble pour les valeurs de la République qui impliquent de lutter contre l'antisémitisme et contre tous les racismes, parce qu'aucun racisme n'est plus acceptable ou supportable qu'un autre", a déclaré le grand rabbin de France, Haïm Korsia.
"L'antisémitisme ne passera pas par les mosquées de France"
"Il y avait des musulmans dans la marche" a souligné le grand rabbin de France dans une volonté de rappeler le besoin de fraternité entre les cultes et dénonçant des débats inutiles. De son côté le recteur de la grande mosquée de Paris Chems-Eddine Hafiz a rappelé l'engagement de l'islam français contre l'antisémitisme et a assuré que "l'antisémitisme ne passera pas par les mosquées de France." Le religieux a toutefois mentionné l'amalgame dont sont victimes les musulmans de France en marge de la guerre en Israël : "Il y a une vraie confusion entre l'islam et l'islamisme [et] il y a un déchainement de déclarations faites contre les musulmans." A ce titre, Chems-Eddine Hafiz aurait "souhaité faire de cette marche de lutte contre l'antisémitisme, une lutte contre le racisme". Une nuance qui n'a pas remis en compte le soutien du grand recteur de la mosquée de Paris à la marche et à la communauté juive.
"Nous sommes tous conscient de la maladie de l'âme qu'est l'antisémitisme contre laquelle il faut que nous nous mobilisions tous" a assuré le président de la Conférence des évêques de France, Eric de Moulins-Beaufort qui a exprimé sa "confiance" au peuple français qui compte des musulmans et des juifs "pour travailler à lutter contre tous les racismes". Tous les responsables religieux ont d'ailleurs annoncé œuvrer à cela, selon le souhait d'Emmanuel Macron. "Macron nous a demandé de participer à un effort pédagogique [et] d'accompagner un travail en tant que cultes qui se tiennent ensemble pour expliquer l'esprit universaliste et éviter une concurrence victimaire" a précisé le président de la Fédération protestante de France, Christian Krieger. C'est notamment auprès de la jeunesse, peu vue dans la marche, que ses discours doivent être passés.
Quid de l'absence d'Emmanuel Macron à la marche ?
La réunion entre le chef de l'Etat et les représentants des cultes s'est tenue au lendemain de la marche contre l'antisémitisme, durant laquelle l'absence d'Emmanuel Macron a été remarquée, et parfois critiquée. Des membres de la communauté juive ont eux-mêmes exprimé leur déception face à ce choix du président de la République. Ce sujet n'est pas paru en être un pour les chefs religieux à l'issue de la rencontre, le grand rabbin de France a d'ailleurs salué la manière dont la marche s'est déroulée. Selon Eric de Moulins-Beaufort, le chef de l'Etat "a expliqué pourquoi sa place n'était pas [à la manifestation] et a rappelé son engagement indéniable". Cette rencontre avec les représentants des cultes n'était pas un "moyen de se rattraper" après son absence d'après le religieux.
Emmanuel Macron a justifié son absence par son rôle qui est celui de "bâtir l'unité du pays", "de prendre des décisions, de dire des mots quand il faut les dire et d'agir, sinon je peux manifester toutes les semaines". "Je n'ai jamais été à une manifestation quelle qu'elle soit", a d'ailleurs ajouté le chef de l'Etat. Manifester est effectivement un exercice auquel les anciens présidents de la République se sont rarement prêtés, on peut quand même citer François Mitterrand en 1990 qui avait participé au rassemblement contre l'antisémitisme après de profanations de tombes juives dans un cimetière de Carpentras. Autre exemple en 2015 quand François Hollande avait manifesté après les attentats contre Charlie Hebdo et un magasin Hyper Cacher.