Dupond-Moretti maintenu, mais Dussopt remplacé ? L'hypothèse d'un remaniement fait son chemin

Dupond-Moretti maintenu, mais Dussopt remplacé ? L'hypothèse d'un remaniement fait son chemin Des rumeurs sur un remaniement touchant jusqu'à la Première ministre circulent pour ouvrir un nouveau chapitre en 2024.

La nécessité d'un remaniement immédiat s'éloigne un peu du gouvernement. Elisabeth Borne n'a pas besoin de se séparer et surtout de remplacer son ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti ayant été reconnu non coupable lors de son procès devant le Cour de Justice de la République, ce mercredi 29 novembre. Mais un changement de casting au sein de l'exécutif reste possible, au moins pour un ministère : celui du Travail. Le ministre Olivier Dussopt comparaît lui aussi devant la justice pour des faits de "favoritisme" et 10 mois de prison avec sursis ainsi qu'une amende de 15 000€ ont été requis contre lui, ce mercredi. Comme pour le garde des Sceaux, une condamnation même légère aurait pour effet immédiat le départ du ministre.

La Première ministre a elle-même rappelé, le 8 octobre dernier sur BFMTV, la "règle claire" qui s'applique en cas de condamnation d'un ministre et qui a déjà eu raison de membres du gouvernement durant "le précédent quinquennat", notamment Alain Griset.

Dupond-Moretti hors de danger, Dussopt remplacé ?

La question d'un remplacement du ministre de la Justice ne se pose plus. Eric Dupond-Moretti a été relaxé par la Cour de justice de la République et a aussitôt reçu le soutien de la Première ministre et du chef de l'Etat. Elisabeth Borne a indiqué se "réjouir" de voir le garde des Sceaux "continuer à mener son action au sein de l'équipe gouvernementale, au service des Français" sur X (ancien Twitter). Emmanuel Macron a de son côté reçu le ministre à l'Elysée seulement quelques minutes après la fin de l'audience. La décision de justice est une épine retirée du pied du chef de l'Etat qui ne semblait pas prêt à devoir remplacer son ministre de la Justice à en croire les indiscrétions de certains proches conseillers dans les médias.

Des rumeurs colportées par certains conseillers avant l'annonce du verdict dépeignaient un Emmanuel Macron en train de prospecter à coups de textos et d'appels téléphoniques nocturnes pour trouver un éventuel successeur au garde des Sceaux... ou à un autre ministre. Car le ministre du Travail Olivier Dussopt n'est pas encore sorti d'affaire. La date du délibéré de ce procès n'étant pas encore connue, le gouvernement doit se préparer à toutes les éventualités. Plus discret que son collègue Eric Dupond-Moretti, le ministre a été de tous le gros dossiers pendant plus d'un an : la réforme des retraites adoptée dans la douleur, la réforme de l'assurance-chômage et plus récemment le projet de loi immigration qu'il devait défendre aux côtés de Gérald Darmanin. Il s'est finalement mis en retrait après l'annonce de son procès qui risque de lui couter sa place au gouvernement.

La Première ministre menacée par un remaniement ?

Plus que le remplacement des deux ministres, c'est un remaniement plus vaste qui est évoqué par certaines rumeurs. Quelques membres de la Macronie vont jusqu'à poser la question du maintien d'Elisabeth Borne à Matignon selon les indiscrétions du Figaro. Les reproches faits à la Première ministre lors du précédent remaniement sont toujours d'actualité malgré les efforts de la polytechnicienne pour être une cheffe de gouvernement plus politique, mais c'est surtout la nécessité de donner "un nouveau souffle" au quinquennat avec des "nouvelles réformes" qui fait dire à certains qu'un remaniement serait utile. "Il faut des idées nouvelles, mais surtout une autre gouvernance" a glissé un haut conseiller gouvernemental au journal.

Elisabeth Borne qui entend bien rester à Matignon et a fait taire les bruits de couloirs sur sa possible présence en tête de liste des prochaines élections en 2024 peut compter sur le soutien du partie de son équipe. Egalement sur quelques ministres ? L'un deux a lancé dans le Figaro : "En majorité relative, la rumeur de remaniement ne s'éteindra jamais. C'est toujours possible, jamais probable, et si certains lancent l'hypothèse, c'est parce qu'ils ont envie d'en bénéficier."

Un agenda particulier pour un remaniement

Si au cours de son mandat Elisabeth Borne a pu pâtir de certaines faiblesses, elle a surmonté plus d'une dizaine de 49.3 en seulement un an et demi, notamment la dernière salve utilisée pour le vote du budget en septembre et en octobre dernier. Et l'hypothèse d'un remaniement colle difficilement avec la période politique, alors que l'examen de la loi immigration, texte crucial de Gérald Darmanin, doit avoir lieu jusqu'à la fin de l'année avant un vote pour lequel le gouvernement souhaiterait se passer de 49.3, sans l'exclure définitivement. Ne serait-ce pas un meilleur calcul que de laisser le gouvernement en place au moins jusqu'à la fin de la séquence ? Dans l'hypothèse d'un recours au 49.3 et d'une motion de censure déposée par LR, le gouvernement risquerait d'être renversé, même si les chances pour que cela arrive diminuent avec le refus des socialistes de se joindre à une possible motion de la droite.

Quelques auteurs de rumeurs fixent le premier semestre 2024 comme échéance, mais l'année sera également chargée avec la campagne des élections européennes au printemps, les JO durant l'été et le retour du vote du budget à l'automne prochain qui nécessitera certainement à nouveau le 49.3.