Mayotte : Darmanin décrédibilise les "beaux esprits parisiens"
La suppression du droit du sol à Mayotte annoncée par le gouvernement provoque l'ire de la gauche. Non seulement de dénoncer une mesure jugée dangereuse et contraire aux valeurs de la République, les forces de la gauche pointent un projet inefficace selon elles. "Est-ce que la révision constitutionnelle du droit du sol que propose Gérald Darmanin va changer quoique ce soit à la situation à Mayotte ? [...] Je ne le crois pas", a lâché le président des députés socialistes à l'Assemblée nationale, Boris Vallaud, sur France 3 le lundi 12 février. Même son de cloche du côté des écologistes avec la tête de liste du parti pour les élections européennes Marie Toussaint pour qui "mettre fin au droit du sol à Mayotte ne résoudra pas les difficultés du territoire".
Mais face aux critiques de la gauche le ministre de l'Intérieur refuse de dévier de sa trajectoire et de revenir sur le projet de révision constitutionnelle. Gérald Darmanin, comme sa ministre déléguée chargée des Outre-Mer Marie Guévenoux, assure que la situation et la crise migratoire à Mayotte justifient la suppression du droit du sol. "Il faut aider [les Mahorais, ndlr] face au poids de l'immigration irrégulière venant des Comores, de Madagascar ou encore de l'Afrique des Grands lacs" a encore répété Gérald Darmanin dans un entretien accordé à Ouest-France, ce lundi 12 février.
Une demande "très forte" des Mahorais
Plus que nécessaire, la mesure est selon lui souhaitée par les Mahorais eux-mêmes. "C'est effectivement la population locale qui demande à l'État la fin du droit du sol et de la fermeté contre l'immigration irrégulière", a-t-il affirmé en réponse aux élus de le gauche. Il a également invité ces derniers, ironiquement qualifiés de "beaux esprits parisiens", à prendre le pouls de la situation à Mayotte en dépassant le "périphérique" de la capitale et en se rendant sur l'île de l'Océan Indien. Et le ministre d'ajouter pour étayer son propos qu'à Mayotte "la population irrégulière équivaut à la population régulière. Il faut donc prendre des mesures très importantes. Nous en avons déjà acté. Visiblement, des décisions plus radicales sont encore nécessaires."
Les barrages dressés par les habitants pour dénoncer l'insécurité et l'immigration massive et qui paralysent l'île sont le symbole du soutien de la population mahoraise aux mesures permettant de mettre fin au droit du sol aux yeux du gouvernement. Le ministre a d'ailleurs prix des engagements sur cette mesure pour négocier la levée des barrages. Le gouvernement peut aussi compter sur la parole des élus locaux, Marie Guévenoux est convaincue de pouvoir compter sur "le soutien des parlementaires mahorais". Mansour Kamardine, député LR de Mayotte, a indiqué que la suppression du droit du sol était une demande "très forte des élus de Mayotte" rapporte franceinfo. "À travers ses déclarations, nous avons le sentiment et la sensation qu'enfin le gouvernement comprend ce qu'il se passe à Mayotte et notre exaspération", a ajouté l'élu. Même constat pour la députée Estelle Yousspha qui juge la mesure "vitale" pour l'île.