Le RN déteint-il sur le gouvernement ? Des députés macronistes le craignent

Le RN déteint-il sur le gouvernement ? Des députés macronistes le craignent La secrétaire d'Etat Sabrina Agresti-Roubache a multiplié les "avis de sagesse" gouvernementaux, mardi à l'Assemblée nationale sur des amendements du Rassemblement national. De quoi faire enrager la majorité et s'attirer les foudres de l'opposition.

La Macronie dans le pétrin. C'est une prise de position dont la majorité se serait bien passé. Ce mardi, lors d'un débat sur le projet de loi pour renforcer la lutte contre les dérives sectaires, la secrétaire d'État auprès du ministre de l'Intérieur et des Outre-mer et du ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, chargée de la Citoyenneté, Sabrina Agresti-Roubache s'est attiré les foudres de sa famille politique. 

Une secrétaire d'Etat jugée trop indulgente avec le RN

Deux amendements ont été déposés par le député du Rassemblement national (RN), Thomas Ménagé, et mis au vote par la présidente Insoumise de séance, Caroline Fiat. Alors que la rapporteuse macroniste rendait un avis défavorable, Sabrina Agresti-Roubache a pris le contre-pied : "Ce sera un avis de sagesse, et il est tout à fait assumé" a-t-elle indiqué. Une posture confuse pour sa propre majorité.

Le président du groupe Renaissance à l'Assemblée nationale Sylvain Maillard a immédiatement demandé une suspension de séance. Le moment pour lui de descendre en direction du banc des ministres pour rappeler à l'ordre la secrétaire d'Etat. "Nous étions plusieurs à être troublés d'entendre la ministre nous expliquer qu'elle était contre ces amendements mais appeler à un avis de sagesse, et encore plus pour des amendements venant de l'extrême droite !" explique un député Renaissance auprès du Figaro. 

La majorité et l'opposition fustigent cette déclaration

Cette fois-ci, c'en est trop pour la majorité, "Le président Maillard a bien fait de demander une suspension de séance. Nous continuerons à la faire battre au banc des avis de sagesse" glissait, hier, un député macroniste au Figaro. De son côté, la gauche a fustigé l'intervention de la secrétaire d'Etat. Alors que les débats reprenaient dans l'hémicycle, l'écologiste Benjamin Lucas indiquait "avoir la confirmation que les propos du président et du Premier ministre, qui disaient qu'il fallait une coalition avec l'extrême droite, trouvent désormais leur traduction parlementaire". "C'est du jamais vu" regrettait Sandra Regol, députée écologiste - Nupes de la 1ère circonscription du Bas-Rhin.

Un amendement co-voté avec le RN en 2023

Alors, le RN déteint-il sur le gouvernement ? Une chose est sure, les membres de la majorité n'en sont pas à leur coup d'essai. En effet, en mars 2023, lors de l'examen du projet de loi sur la préparation des Jeux olympiques, le député RN Aurélien Lopez-Liguori défendait un amendement censé prioriser le recours à des entreprises européennes dans l'exploitation contestée d'images de vidéosurveillance via des algorithmes.

À l'époque, cet amendement avait été co-signé par le député de la majorité Philippe Latombe (MoDem) puis sous-amendé par Eric Bothorel (Renaissance), Vincent Thiébaut (Horizons) et Laurent Croizier (MoDem). Par la suite, il a été adopté sans que le gouvernement ne s'y oppose. Aujourd'hui, cette tendance vers une "droitisation" de la Macronie revient sur le devant de la scène et met dans l'embarras son aile gauche.