Le RN rend hommage à Navalny, ses adversaires crient à l'hypocrisie

Le RN rend hommage à Navalny, ses adversaires crient à l'hypocrisie Les hommages de Marine Le Pen et de Jordan Bardella à l'opposant au régime russe ont déclenché l'indignation de leurs adversaires, qui les ont renvoyés à leurs connivences passées avec le régime de Poutine.

Au milieu de la pluie d'hommages rendus par la classe politique française à Alexeï Navalny, deux voix ont sonné faux aux oreilles de certains. Jordan Bardella et Marine Le Pen ont tour à tour salué la mémoire du célèbre opposant au régime russe de Vladimir Poutine, décédé vendredi 16 février en prison. Très vite, leurs adversaires politiques se sont insurgé contre ces hommages, rappelant les prises de positions passées du Rassemblement national vis-à-vis de la Russie et de Navalny.

"J'apprends le décès d'Alexeï Navalny, militant politique engagé dans la défense de la démocratie. À ses proches et à sa famille politique, j'adresse mes condoléances", a sobrement écrit Marine Le Pen, vendredi après-midi, sur X. "Alexeï Navalny est mort dans la prison de l'Arctique où il purgeait une peine de 19 ans pour son opposition au régime. C'est une nouvelle tragique pour tous les défenseurs des droits humains et des libertés fondamentales", a twitté son dauphin, Jordan Bardella.

"Pourquoi ne citez-vous pas le nom de son bourreau ?"

Les adversaires du RN n'allaient pas laisser passer cette occasion de rappeler les ambiguïtés du parti sur le dossier. "Navalny est mort pour s'être opposé à votre ami Poutine", a asséné le garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti sur X, ajoutant : "Gardez vos larmes de crocodiles. Vous êtes né avant la honte."  "Pourquoi ne citez-vous pas le nom de son bourreau ?" A déploré le député du MoDem Bruno Millienne. "Il s'appelle Vladimir Poutine. Vous le connaissez bien pourtant, il vous a prêté de l'argent", a-t-il ironisé, en référence au prêt de six millions d'euros contracté par le parti auprès d'une banque tchéco-russe en 2014.

"Comment osez-vous ?" S'est à son tour insurgé le ministre délégué à l'Europe Jean-Noël Barrot, avant de rappeler à Jordan Bardella que "ni vous ni votre parti n'avez voté les résolutions condamnant les persécutions dont Alexei Navalny était l'objet en Russie". L'eurodéputée Renaissance Fabienne Keller a même listé ces résolutions appelant à la libération de Navalny, votées au Parlement européen : une première en avril 2021, à laquelle le groupe de Jordan Bardella s'est opposée, et deux autres en février et en avril 2023, pour lesquelles les eurodéputés du RN se sont abstenus.

"Rappelons la vérité : vous êtes depuis toujours du côté de Poutine, par intérêt et par choix, donc du côté des meurtriers de Navalny", a tranché l'ancien ministre des Transports Clément Beaune, avant de conclure : "La décence minimum pour le RN en ce jour, c'est le silence."