Autain et Mélenchon s'accrochent : bientôt une sécession des frondeurs à LFI ?

Autain et Mélenchon s'accrochent : bientôt une sécession des frondeurs à LFI ? À moins de quatre mois des élections européennes, le torchon brûle entre Clémentine Autain et Jean-Luc Mélenchon. Accusée de "sabotage", la députée de Seine-Saint-Denis a répondu à l'ex-candidat à la présidentielle.

De l'eau dans le gaz. Ce lundi soir, La France Insoumise a peut-être atteint un nouveau point de rupture : des ténors du mouvement n'hésitent plus à rendre publics leurs disputes. Invitée de France 5, la députée LFI de Seine-Saint-Denis Clémentine Autain a répondu aux dernières déclarations de Jean-Luc Mélenchon l'accusant de "sabotage" à l'approche des élections européennes, dans un fil de conversation privé.

Autain regrette les "comportements d'exclusion" de Mélenchon 

"Les mots qui sont révélés dans l'obscurité, ne sont pas du sabotage pour la campagne des européennes" a-t-elle indiqué. Face aux difficultés rencontrées par la gauche et notamment LFI depuis de longs mois, Clémentine Autain souhaite "discuter d'autre chose que de proposer (son) exclusion de la France Insoumise". Cette dernière regrette notamment les "comportements d'exclusion" de l'ancien chef de parti.

Pour rappel, le 2 février dernier, l'ancien président du groupe LFI à l'Assemblée nationale indiquait dans une boucle Télégramme insoumise que "les coups dans le dos en période de campagne ne sont pas acceptables. Partir (pour elle), serait mieux, plus honnête, plus respectueux humainement. Le sabotage de Clémentine Autain doit cesser. Qui entend dire, à part dans les classes moyennes supérieures et les journalistes amis des criminels de guerre que nous reculons ?", écrivait-il, selon l'hebdomadaire L'Obs. Depuis, le torchon brûle entre Clémentine Autain et Jean-Luc Mélenchon, à moins de quatre mois d'un scrutin européen dans lequel les forces de gauche, divisées, semblent bien en difficulté.

"Si on veut faire un score, le mieux c'est de rassembler LFI"

Ce lundi, la députée LFI Clémentine Autain regrettait également la lecture des derniers sondages pour sa famille politique en vue de l'échéance du 9 juin prochain. En effet, la liste menée par Manon Aubry est créditée, pour l'heure, d'environ 7 % des intentions de vote. "Si on veut faire un score, le meilleur, le mieux c'est de rassembler La France Insoumise et d'essayer de ne pas s'aliéner à l'extérieur des franges qui pourraient nous être acquises", expliquait-elle.

On l'a bien compris, Clémentine Autain a pour objectif de rassembler pour "empêcher que la macronie et ses successeurs continuent à nous nuire", et de "barrer la route à Marine Le Pen". Pour autant, LFI a-t-elle déjà été aussi divisée et à l'écart de la classe politique et de la gauche ? Jean-Luc Mélenchon entendra-t-il son appel ? Elle a notamment appelé à privilégier un "haut niveau de responsabilité" et "d'être à la hauteur de la situation", toujours sur l'antenne de France 5. Un message destiné aux ténors du parti et sans nul doute, à Jean-Luc Mélenchon lui-même.

La naissance d'un nouveau groupe politique ?

Alors, cette cacophonie générale pourrait-elle conduire certaines têtes pensantes de LFI à la création d'un nouveau groupe politique pour faire sécession ? Les dissensions entre membres sont telles que l'idée ne paraît pas plus saugrenue qu'une autre. Depuis un an, les historiques insoumis Alexis Corbière, Raquel Garrido, Danielle Simonnet et Éric Coquerel ont été écartés de la direction du parti au profit du duo Bompard-Panot, la garde rapprochée de Jean-Luc Mélenchon. Voilà pourquoi tout ce petit monde, accompagné de Clémentine Autain, pourrait voir naître l'idée d'une fronde et d'un "nouveau départ" pour une nouvelle respiration chez les Insoumis.

Le 10 février dernier, à Gagny (Seine-Saint-Denis), une petite centaine de militants Insoumis et ex-Insoumis se sont réunis pour demander moins d'opacité au sein de LFI. Fatigués de subir ce qu'ils décrivent comme des diktats venus d'en haut, les militants de la base du parti de Jean-Luc Mélenchon lancent cet "appel pour une VIe République à LFI". Un clin d'œil ironique au projet du leader insoumis d'une VIe République française marquée par une démocratie plus directe. Cependant, pas question de faire sécession, les militants entendent bien changer les choses de l'intérieur, sans pour l'instant faire appel à la moindre personnalité politique du groupe. De son côté, Jean-Luc Mélenchon réfute la naissance d'un "courant" frondeur et défend la composition "gazeuse" de La France insoumise, mouvement traversé par des tendances résolument diverses.