Eric Coquerel : que sait-on de la plainte pour violences déposée par un policier ?
Un policier a déposé plainte contre le député LFI Eric Coquerel pour violences, ce lundi 20 mars. Il l'accuse de lui avoir asséné un coup de poing en marge d'une grève...
Eric Coquerel de nouveau dans la tourmente ? Selon une journaliste de BFMTV, le député LFI, président de la Commission des finances de l'Assemblée nationale, est sous le coup d'une plainte d'un policier pour "violences sur une personne dépositaire de l'autorité publique". Le policier d'une trentaine d'années accuse l'élu de lui avoir donné un coup au visage "avec le dos de son poing fermé" et avec "l'aide de ses phalanges", ce lundi matin, vers 7h30, sur le site Véolia d'Aubervilliers (93). Les forces de l'ordre étaient mobilisées pour débloquer un dépôt de camion poubelle, tandis qu'Eric Coquerel était sur place pour soutenir les grévistes, indique Mélanie Bertrand sur son compte Twitter.
Eric Coquerel aurait touché la pommette gauche de l'agent, dont l'ITT serait de moins de huit jours. Le député de la Nupes se serait défendu de toute volonté de frapper, estimant qu'il allait "tomber" au moment où le coup est parti. Interrogé par la chaîne d'info, l'entourage d'Eric Coquerel a rapidement rétorqué que la présentation des faits était "exagérée".
Un démenti et le soutien de Mélenchon
Eric Coquerel lui même nie formellement toute violence et évoque dans un communiqué publié ce lundi après-midi "des policiers repoussant vivement les manifestants", une "charge telle qu'elle a généré une forte bousculade, durant laquelle [il a] failli tomber à plusieurs reprises". "J'apprends avec stupeur qu'un policier aurait porté plainte contre moi pour violences volontaires. Je démens formellement ces accusations", écrit l'élu.
Eric Coquerel a été défendu par Jean-Luc Mélenchon sur Twitter dans la foulée. "Un policier provocateur accuse @ericcoquerel de l'avoir frappé. Juste après, il s'est transformé en dragon bleu. À force de fumer des lacrymos ce policier s'est abîmé", moque le fondateur de LFI sur son compte, relayant le communiqué de son bras droit.
Un policier provocateur accuse @ericcoquerel de l'avoir frappé. Juste après, il s'est transformé en dragon bleu. À force de fumer des lacrymos ce policier s'est abîmé. https://t.co/eWvxLEwPz4
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) March 20, 2023
Le parquet de Bobigny a pour sa part ouvert une enquête du chef de "violences volontaires sur personne dépositaire de l'autorité publique", confiée à la sureté territoriale.
Déjà une plainte pour "harcèlement sexuel" classée sans suite
Ce n'est pas la première plainte qui vise Eric Coquerel. Le député LFI a été l'objet d'une plainte retentissante pour "harcèlement sexuel" l'été dernier, à peine nommé à la tête de la Commission des finances. Figure de La France insoumise, Eric Coquerel avait été formellement accusé le 4 juillet 2022 par la militante et ancienne figure des "gilets jaunes" Sophie Tissier, au commissariat de Vanves (Hauts-de-Seine), au sud de Paris. Une action suivant un premier signalement fait auprès du comité de suivi des violences sexuelles de LFI qui aura provoqué de nombreux appels à la démission.
L'enquête ouverte pour "agression et harcèlement sexuels" avait été classée sans suite le 10 février, pour "infraction insuffisamment caractérisée", indiquait l'AFP citant une source proche du dossier, en l'espèce le Parquet de Paris. Sophie Tissier dénonçait une attitude qu'aurait eu Éric Coquerel à son encontre, lors d'une soirée en 2014, évoquant un "harceleur aux mains baladeuses collantes" et des "assauts déplacés en 2014".
Eric Coquerel déjà accusé par Rokhaya Diallo
Dès le jeudi 30 juin 2022, Éric Coquerel, fraichement élu président de la Commission des finances de l'Assemblée nationale, avait fait l'objet d'accusations de violences sexuelles sur RTL, professées par l'activiste Rokhaya Diallo, chroniqueuse et militante, fondatrice de l'association antiraciste Les Indivisibles.
La militante avait relayé à l'antenne des dires mettant directement en cause l'élu en raison de son comportement avec les femmes. "J'ai plusieurs sources au sein de LFI, et j'ai entendu plusieurs fois, des femmes parler du comportement qu'il (Éric Coquerel, NLDR) aurait avec les femmes. Ce sont des choses qui reviennent de manière récurrente depuis plusieurs années. J'ai conscience du fait que ce soit des accusations. [...] Ca fait longtemps que j'entends des choses. En interne, chez LFI, j'ai plusieurs femmes qui m'en ont fait part", avait-elle déclaré.
Quelle a été la défense d'Eric Coquerel face aux accusations ?
Mis en cause explicitement, Eric Coquerel avait finalement réagi dans une tribune au Journal du Dimanche le 3 juillet, juste avant le dépôt de plainte. "Comment réagir à une rumeur qui n'est basée sur aucune plainte, aucun signalement à la cellule interne de LFI, malgré de fréquents appels et communiqués de LFI à pouvoir le faire, aucun témoignage public, aucun résultat d'enquête journalistique sérieuse en plus de cinq ans ?", avait-il notamment signalé.
Le député de Seine-Saint-Denis avait affirmé ne jamais avoir "exercé une violence ou une contrainte physique ou psychique pour obtenir un rapport" et, surtout, ne pas avoir eu de "comportement délictuel dans le domaine des violences sexistes et sexuelles".
Eric Coquerel président de la Commission des Finances
Avec 21 voix récoltées, le député LFI a obtenu le 30 juin 2022 la tête de la très convoitée commission des Finances de l'hémicycle du Palais-Bourbon. Lors d'un troisième tour décisif à la majorité relative, il a battu le candidat du RN, Jean-Philippe Tanguy, qui n'a obtenu pour sa part que 11 voix, ainsi que la LR Véronique Louwagie, qui en a récolté 9. Il dirige désormais cette commission au rôle très stratégique d'examen des budgets avant leur arrivée à l'Assemblée. Un poste majeur décroché donc... Mais après de longues tractations, trois suspensions de séance et trois tours de scrutin.
De fait, depuis 2007, seul un député qui n'appartient pas à la majorité peut accomplir cette mission de contrôle, comme le précise l'article 39 du règlement de l'Assemblée : "ne peut être élu à la présidence de la commission des Finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire qu'un député appartenant à un groupe s'étant déclaré d'opposition".
Quel est le parcours politique d'Eric Coquerel ?
Éric Coquerel a fait ses premiers pas en politique à 14 ans, en prenant part à des manifestations contre la loi Debré. Se revendiquant d'abord de l'anarchisme, il rejoint la Ligue communiste révolutionnaire en 1983. Diplômé de l'Université Paris-Diderot, il décroche un poste de communicant, avant de s'engager plus en avant dans la politique en changeant de sensibilité idéologique : en 1998, il quitte la Ligue communiste révolutionnaire qui s'est rapprochée du parti Lutte Ouvrière.
Il opte alors pour le Mouvement républicain et citoyen en 2003 -dont la ligne est un gaullisme dit de gauche et un protectionnisme modéré- et très vite, en devient un membre important (il en fut l'un des quatre secrétaires nationaux). Mais son aspiration politique diffère un peu de ce mouvement et, en juin de la même année, il le quitte pour fonder le sien : le Mouvement pour une alternative républicaine et sociale. En 2007, il fondera, avec d'autres personnalités de la gauche française comme Clémentine Autain et Marc Dolez, le club Maintenant à gauche, qui prône un rassemblement de la gauche antilibérale.
Son engagement politique s'intensifie lorsqu'en 2008, il prend pleinement part à la fondation du Parti de gauche, dont l'orientation est socialiste, écologiste et républicaine. Il a été lancé par Jean-Luc Mélenchon et Marc Dolez après leur départ du Parti socialiste. Éric Coquerel en devient le secrétaire national aux Relations extérieures et unitaires.
Éric Coquerel se mesure aux urnes pour la première fois en 2010, lorsqu'il est élu conseiller régional d'Ile-de-France sous la houlette du Front de gauche et alternatifs. Proche de Jean-Luc Mélenchon, il fut son "conseiller spécial" durant la campagne présidentielle de 2012. Militant à cette époque pour des causes sociales, comme la lutte contre les évacuations d'immigrés clandestins, il accède au poste de coordinateur du secrétariat général du Parti de gauche en 2015. Lorsque Jean-Luc Mélenchon fonde La France insoumise en 2016, Éric Coquerel décide de porter les couleurs du nouveau parti aux législatives.
L'activité d'Éric Coquerel à l'Assemblée nationale
Éric Coquerel se lance dans la course à la législature en 2017. Il concourt alors à la députation dans la 1ere circonscription de Seine-Saint-Denis : il l'emporte au second tour à 51,72% des voix face au LREM Sébastien Ménard qui partait pourtant favori. Député très actif, il figure, au bout de six mois, à la deuxième position du classement de l'assiduité et de l'activité des députés établi par Capital.
De fait, entre octobre 2018 et juillet 2019, Eric Coquerel aura déposé 11 propositions de loi : Mediapart révèle à ce moment qu'il a été le 6e député le plus actif de tout l'hémicycle durant cette période. Les prises de position et initiatives marquantes de son mandat ont été la cosignature d'une proposition de loi relative à l'euthanasie et au suicide assisté pour une fin de vie digne, une cosignature demandant l'interdiction du glyphosate en janvier 2019, une autre relative à la généralisation de l'enseignement des enjeux liés à la préservation de la diversité biologique et aux changements climatiques dans le cadre des limites planétaires en octobre 2019. Plus récemment, il a été l'auteur d'une proposition de loi relative à la légalisation de la production, de la vente et de la consommation du cannabis sous le contrôle de l'État en janvier 2022.
Eric Coquerel s'est représenté en Seine-Saint-Denis pour les élections législatives de 2022, cette fois sous la bannière de la Nupes, l'intergroupe qui rassemble les partis de gauche. Récoltant plus de 50% des voix au premier tour, il a obtenu l'un des meilleurs scores nationaux de son parti. Également actif au sein des commissions liées aux finances et au contrôle budgétaire, puisqu'il fut membre de la commission permanente des "Finances, économie générale et contrôle budgétaire", membre de la mission parlementaire d'information relative à la mise en œuvre de la loi organique aux lois de finance et membre de la mission parlementaire d'évaluation et de contrôle de la commission des finances, il s'est lancé dans ce nouveau mandat avec, entres autres, l'objectif de briguer le poste de la présidence de la commission des Finances. Il a été élu le 30 juin 2022.