Guerre en Ukraine : Macron défend le "aucune limite" et braque l'opposition

Guerre en Ukraine : Macron défend le "aucune limite" et braque l'opposition Les chefs de l'opposition disent êtres ressortis inquiets de leur réunion avec le chef de l'Etat ce jeudi 7 mars. Certains accusent Emmanuel Macron d'être irresponsable en ne posant "aucune limite" dans le soutien de la France à l'Ukraine.

Emmanuel Macron et les chefs des partis de l'opposition sont unanimes sur le soutien de la France à l'Ukraine, mais tous n'adhèrent pas à la logique du président de la République d'aller aussi loin que nécessaire. La réunion organisée à l'Elysée ce jeudi 7 mars pour exposer les conclusions de la conférence internationale concernant l'amplification de l'aide militaire accordée à l'Ukraine tenue la semaine dernière ne semble pas avoir permis de faire avancer les discussions. Le chef de l'Etat a réaffirmé le fait qu'il n'y aurait "aucune limite dans le soutien à l'Ukraine" face à ses interlocuteurs comme l'indique franceinfo, semblant confirmer ses propos tenus fin février au sujet d'un possible envoi de troupes sur le sol ukrainien.

L'idée d'une aide militaire allant jusqu'à l'envoi de renforts en Ukraine n'avait déjà pas obtenu le soutien des oppositions. Pourtant, Emmanuel Macron a tenu la position qu'il défend depuis plusieurs jours insistant sur le "besoin d'un sursaut" face à l'agression russe. Mais les chefs politiques ont redit leur souhait de ne pas franchir certaines lignes rouges.

Macron accusé de perdre son "sang-froid"

"Il n'y a aucune limite et aucune ligne rouge. Je pense que le rôle de la France, c'est de fixer des lignes rouges. A partir du moment où on envisage d'envoyer des militaires français (...) à une puissance nucléaire comme la Russie, je pense que c'est irresponsable et extrêmement dangereux", a réagi le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, devant la presse à l'issue de la réunion. Le poulain de Marine Le Pen est allé jusqu'à décrire un chef d'Etat perdant son "sang-froid" et "va-t-en-guerre". Chez Les Républicains aussi on s'oppose à une aide trop active qui ferait entrer la France dans le conflit, hors de question de devenir des "co-belligérants" de l'avis d'Eric Ciotti.

L'absence de limites a également suscité des inquiétudes chez les leaders de la gauche, dont la secrétaire nationale du parti écologiste EELV, Marine Tondelier, ou le coordinateur de La France insoumise, Manuel Bompard. "Je ressors avec plus d'inquiétudes encore parce que le président de la République ne semble pas vraiment prendre la mesure du risque que pourrait faire courir pour la France, mais pour le monde de manière générale, un entêtement dans cette voie militaire", a déclaré l'élu insoumis regrettant qu'Emmanuel Macron n'ouvre pas la voie aux "solutions diplomatiques".

Une réunion pour rien ?

Avec des avis si divergents, aucun consensus sur les fameuses limites de l'engagement français auprès de l'Ukraine n'a été trouvé de l'aveu de Jordan Bardella et de Fabien Roussel. "Notre sujet de divergences c'est les moyens que nous mettons" pour venir en aide au pays envahi par la Russie en février 2022 a expliqué le secrétaire national du Parti communiste français qui estime que "sans ligne rouge" il n'y a que "la guerre comme seul horizon" sur X.

Les discussions entre Emmanuel Macron et les chefs politiques n'ont donc pas été fructueuses et elles pourraient avoir été parasité par des ambitions électorales selon les craintes formulées par Eric Ciotti sur X. Selon le président de LR il serait "inacceptable d'instrumentaliser le conflit ukrainien" à l'approche des élections européennes. Que ses soupçons soient fondés ou non, le député des Alpes-Maritimes s'est posé la question de "l'utilité de cette réunion". Une critique déjà entendue après les Rencontres de Saint-Denis entre le président de la République et les chefs de l'opposition qui ont inspiré le format de la réunion du 7 mars.

Le sujet de l'aide française à l'Ukraine reste donc ouvert après des réunions entre Emmanuel Macron et ses prédécesseurs François Hollande et Nicolas Sarkozy mercredi soir et avec les oppositions ce jeudi. L'ampleur de l'aide et de la stratégie de soutien pourraient être tranchées les 12 et 13 mars lors d'un débat et d'un vote organisés au Parlement, à l'Assemblée nationale d'abord et au Sénat le lendemain.