Hollande au secours de Macron, Sarkozy contrarié... Cette réunion qui a bouleversé les soutiens politiques

Hollande au secours de Macron, Sarkozy contrarié... Cette réunion qui a bouleversé les soutiens politiques Les réunions entre Emmanuel Macron, François Hollande et Nicolas Sarkozy ce mercredi soir ont mis en avant d'importantes divergences entre les trois hommes. Ce jeudi, le président de la République reçoit les chefs de partis pour "clarifier les positions" sur la guerre en Ukraine.

Ce jeudi 7 mars 2024, Emmanuel Macron reçoit les différents chefs de partis pour évoquer la guerre en Ukraine, une semaine après avoir ouvert la porte à un envoi de troupes françaises sur le terrain. Une rencontre qui aura lieu en milieu de matinée pour "clarifier les positions" a indiqué le président de la République lors d'un déplacement à Prague en début de semaine.

Cette réunion précède un débat sur la question de l'aide de la France à l'Ukraine qui doit avoir lieu le 12 mars prochain à l'Assemblée nationale et le lendemain au Sénat. Le débat sera suivi d'un vote au sujet de l'accord bilatéral de sécurité entre les deux pays, notamment en raison des dernières sorties du chef de l'Etat sur un éventuel déploiement de l'armée tricolore qui divise la classe politique jusque dans la majorité. Mais ce mercredi, une soirée et des entretiens individuels entre Emmanuel Macron et ses deux prédécesseurs, Nicolas Sarkozy et François Hollande pourraient avoir révélé un nouveau clivage idéologique. 

"Ne pas dire ce que l'on fait, mais faire ce que l'on ne dit pas"

Mercredi soir, Emmanuel Macron recevait à l'Elysée ses prédécesseurs Nicolas Sarkozy et François Hollande. Une sorte de répétition générale avant de rencontrer les chefs de partis ce jeudi matin. Conflit en Géorgie en 2008 pour le premier, annexion de la Crimée pour le second en 2014, ces deux profils ont une expérience non négligeables dans les relations avec Vladimir Poutine et la connaissance du fonctionnement du personnage. Alors que la France est montée presque seule au créneau sur l'envoi de troupes sur le sol ukrainien, l'ex-président socialiste François Hollande jugeait ce mercredi, à l'issue de l'entrevue avec Emmanuel Macron et Nicolas Sarkozy qu'il était préférable de "ne pas dire ce que l'on fait, mais faire ce que l'on n'a pas dit. C'est ça qui permet d'avoir le plus d'efficacité".

Selon Hollande, qui a beaucoup rencontré Vladimir Poutine, ce dernier "était toujours dans cette recherche du rapport de force, il veut impressionner, donc la seule réponse possible, c'est de montrer que nous sommes avec les Ukrainiens dans une totale solidarité, que nous leur apportons tout le soutien nécessaire, sans nous-mêmes participer à quelque combat que ce soit" a-t-il expliqué face à la presse. Nicolas Sarkozy, lui, est directement monté dans sa voiture à l'issue de la rencontre, sans donner ses impressions. Ce dernier se détache nettement de la position de François Hollande. "La France a tort de livrer des armes à flux continu à l'un des belligérants" écrivait-il dans son livre Le temps des combats (Fayard 2023). Il avait sûrement déjà tout dit.

L'opposition fustige la position d'Emmanuel Macron

Ces derniers jours, le président Macron n'a pas hésité à muscler son discours face au Kremlin en réaffirmant un soutien sans faille à Kiev. Ce qui change la donne, c'est le positionnement de la guerre au sein du débat politique, une nouveauté. Ce jeudi, les chefs de groupes ayant un parti au Parlement seront donc reçus à l'Elysée dans un format "Rencontres de Saint-Denis", qu'il avait inauguré à l'été 2023. Une réunion qui pourrait être une manière de pousser tous les partis politiques à se positionner clairement sur le sujet du conflit entre la Russie et l'Ukraine, de La France Insoumise (LFI) jusqu'au Rassemblement national (RN).

Du côté de l'opposition, force est de constater que l'envoi de troupes sur le terrain n'est pas du goût de tous. La désapprobation est nette, notamment du côté du Rassemblement national, le parti qui fait la course en tête dans les sondages des prochaines élections européennes. Le président du RN et tête de liste pour ce scrutin Jordan Bardella indiquait fin février sur X qu'Emmanuel Macron semblait "perdre son sang-froid. Le rôle de la France est d'incarner un chemin d'équilibre. Agiter le spectre d'un engagement de nos troupes face à une puissance nucléaire est un acte tout aussi grave qu'imprudent". Même son de cloche pour le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure ce mercredi : "Soutenir la résistance ukrainienne oui. Jeter des torches dans la poudrière, non !" a-t-il lancé.

Des doutes au sein même de la majorité

Pour Manuel Bompard, coordinateur de LFI, la France "doit écarter toute hypothèse qui la rendrait belligérante". Eric Ciotti, le patron des Républicains pointe du doigt une France désormais "isolée". Des doutes ressentis jusqu'en Macronie : "je ne crois pas qu'il faut en faire un enjeu de campagne" confie un allié du chef de l'Etat auprès de BFMTV. Si la France apparaît désormais isolée pour certains, Emmanuel Macron "assume" ses propos et appelle à un "sursaut stratégique", toujours dans l'optique d'une guerre à laquelle l'Occident pourrait participer. Lors de son passage à Prague cette semaine, il a également justifié ses dernières déclarations par un "esprit de défaite" qui "rôde" selon lui.