Motion de censure : pourquoi ces partis voteront ou non contre le maintien de Michel Barnier à Matignon

Motion de censure : pourquoi ces partis voteront ou non contre le maintien de Michel Barnier à Matignon Emmanuel Macron a nommé Michel Barnier comme Premier ministre. Quels partis ont apporté leur soutien au nouveau chef de gouvernement, et lesquels se sont engagés à le censurer ? On fait le point.

Tout l'été, les différents partis de l'Assemblée nationale ont menacé de déposer une motion de censure contre les candidats au poste de Premier ministre, qu'il s'agisse de Lucie Castets, Xavier Bertrand ou encore Bernard Cazeneuve. Maintenant que Michel Barnier, issu de la droite, a été nommé à Matignon par Emmanuel Macron, qu'en est-il ?

"Déni de démocratie", "gouvernement Macron-Le Pen". Le Nouveau Front populaire a annoncé son intention de déposer une motion de censure contre le gouvernement Michel Barnier dès la nomination du Premier ministre le jeudi 5 septembre. "Le Président a délibérément choisi de tourner le dos à la logique de nos institutions en refusant de nommer la coalition arrivée en tête", écrit l'alliance des gauche dans un communiqué de presse, posté sur X. Le NFP critique également la nomination d'un chef de gouvernement issu d'un parti arrivé quatrième aux législatives de juillet, avec seulement 5,41 % des voix recueillies et 47 sièges à l'Assemblée. Et d'ajouter : "Le président de la République a fait le choix de désigner un Premier ministre tributaire du soutien du Rassemblement national."

Le parti d'extrême droite avait en effet menacé de censurer tout gouvernement ne leur convenant pas. Si les élus du RN votent la motion de censure de la gauche, cette dernière serait couronnée de succès. En effet, pour que la motion soit adoptée, il faut qu'une majorité absolue d'élus vote en sa faveur, soit au moins 289. Ce vote pourrait avoir lieu dès la rentrée parlementaire, soit au plus tard le 1er octobre, et quarante-huit heures après le dépôt de la motion de censure. Avec les 190 sièges du NFP et les 126 du RN, les deux partis pourraient contrer le nouveau gouvernement.

Un candidat qui peut "s'adresser au RN" comme aux autres partis

Ce scénario est-il probable ? Rien n'est moins sûr. Le RN a indiqué vouloir "juger sur pièces" la politique menée par Michel Barnier. Marine Le Pen, présidente du groupe à l'Assemblée nationale, s'est dite "prête à attendre" le premier discours du Premier ministre avant de prendre une décision concernant la motion de censure. "La nomination de Michel Barnier semble répondre au moins au premier critère que nous avions réclamé, c'est-à-dire un homme qui soit respectueux des différentes forces politiques et qu'il soit capable de pouvoir s'adresser au RN [...] de la même façon qu'aux autres groupes", a-t-elle déclaré jeudi.

La motion du NFP peut-elle susciter l'adhésion d'autres groupes politiques pour passer ? Là encore, rien n'est moins sûr. La deuxième force présente à l'Assemblée nationale est la coalition présidentielle. Le parti Renaissance a félicité le nouveau Premier ministre pour sa prise de fonction, tout comme Marc Fesneau, président du groupe Les Démocrates, ainsi que le parti Horizon. Le parti a déclaré sur X qu'il "n'y aura pas de censure automatique" de sa part, mais pas de "chèques en blanc" non plus si ses exigences ne sont pas entendues. Les chances pour les 166 députés du camp présidentiel s'engagent contre Michel Barnier sont tout de même réduites. Reste le parti Les Républicains, d'où vient Michel Barnier. Et Laurent Wauquiez, élu président du groupe à l'Assemblée nationale en juillet, a également félicité un "homme d'une grande qualité". Le parti LR n'a de son côté aucune raison de censurer Michel Barnier. Sauf dissensions au sein des différents partis de la droite et du centre, la motion du NFP a donc peu de chance d'aboutir.