Destitution de Macron : LFI, RN, PS, Écologistes... Qui va voter pour ou contre ?

Destitution de Macron : LFI, RN, PS, Écologistes... Qui va voter pour ou contre ? La proposition de destitution des Insoumis a été jugée recevable par le bureau de l'Assemblée nationale. Alors que LFI ne compte que 72 députés, le parti doit désormais trouver des soutiens pour la voter.

Mardi 17 septembre, le bureau de l'Assemblée nationale - plus haute autorité collégiale du Palais Bourbon - a jugé "recevable", la procédure de destitution du président de la République, de la part de La France insoumise (LFI), face au refus du chef de l'État de nommer Lucie Castets à Matignon. Si elle n'a quasiment aucune chance d'aboutir, cette proposition sera envoyée en commission des Lois, mais sans obligation d'agenda. Autrement dit, sans se presser particulièrement. Que cette commission y soit favorable ou non, le texte sera ensuite présenté à l'Assemblée nationale. Dans la chambre basse, le texte devra être approuvé par deux tiers des parlementaires, soit 385 députés. Problème pour les Insoumis, le groupe ne compte que 72 députés. LFI doit désormais compter sur les autres forces de gauche pour tenter de faire voter sa proposition, une tâche ardue, certains s'étant déjà clairement positionnés contre. Si par surprise, le texte passait l'étape de l'Assemblée nationale, il prendrait ensuite la direction du Sénat où la gauche est encore plus minoritaire.

L'approbation de deux tiers des parlementaires à la proposition de destitution d'Emmanuel Macron par LFI paraît bien mal engagée. D'autant plus que cette initiative ne pourra pas compter sur les parlementaires du centre et de la droite. Ces derniers n'ont aucune raison de soutenir l'initiative, la nomination de Michel Barnier à Matignon a remis LR au centre des débats, alors que le groupe ne compte que 47 députés à l'Assemblée nationale. Toutefois, LR lorgne les portefeuilles les plus prestigieux avant l'annonce du futur gouvernement Barnier. Intérieur, Justice, Santé, Économie et Éducation nationale sont notamment ciblés par la droite. Les ténors Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau font notamment partie des favoris pour obtenir un ministère. Alors, quels partis politiques pourraient être amenés à voter en faveur de la proposition de destitution de LFI ? Quelles sont les chances de voir cette procédure aller plus loin que l'Assemblée nationale ? Éléments de réponse.

Parti socialiste (PS) : un vote contre

S'ils voteront en faveur de l'examen en commission de la proposition de LFI, les députés du PS se prononceront "unanimement" contre une adoption à l'Assemblée nationale. Pour les socialistes, cette initiative est "vouée à l'échec". Une décision annoncée le lundi 16 septembre, au nom de divergences stratégiques avec les Insoumis. "Nous avons réaffirmé avec beaucoup de force que nous ne sommes pas en soutien de cette procédure", a expliqué le patron du groupe, Boris Vallaud. "J'en ai ras le bol de l'institution présidentielle. Cela nous empêche de nous rassembler et de nous unir", s'était même agacé ce dernier, à la fête de l'Humanité.

La France insoumise (LFI) : un vote pour

Sans surprise aucune, tous les députés LFI voteront en faveur de la proposition de destitution. "C'est un évènement inédit dans la Ve République qui vient de se produire (...) Les membres du bureau ont considéré, à la majorité, que le président de la République n'était plus le garant du bon fonctionnement des institutions républicaines et que donc le débat devait avoir lieu devant l'ensemble du peuple français", se félicitait Mathilde Panot, patronne du groupe LFI à l'Assemblée nationale, ce mardi 17 septembre dans la Salle des Quatre-Colonnes. La proposition de destitution du chef de l'Etat a été signée par 81 députés, ce qui laisse à penser que certains Écologistes ont pu se joindre à eux, ainsi que quelques Communistes, les députés LFI étant 72 dans la Chambre basse. En effet, les Écologistes n'ont pas encore annoncé clairement leurs positions quant à cette procédure initiée par LFI. Mardi matin, le coordinateur de La France insoumise, Manuel Bompard, proposait déjà un nom pour remplacer Emmanuel Macron, si la proposition de destitution venait à aboutir. "Si ça devait avoir lieu demain, Jean-Luc Mélenchon est la personne la mieux placée", a-t-il lancé.

Parti communiste français (PCF) : un vote contre

Dans les rangs de du Groupe de la Gauche démocratique et républicaine (GDR), dans lequel siègent les Communistes à l'Assemblée nationale, la tendance est clairement au "non", avant un vote dans la Chambre basse. "Il n'est pas illégitime que les représentants du peuple puissent examiner cette résolution" juge Stéphane Peu, député communiste de Seine-Saint-Denis et représentant communiste au bureau. En revanche, "dans cette période, la résolution déporte le débat vers la présidentielle à un moment où le Parlement est devenu central", juge-t-il. Si le PCF souhaitait que "le débat ait lieu", les députés seront "sûrement majoritaires à ne pas voter la résolution" pour autant, précise Stéphane Peu.

Rassemblement national (RN) : un vote contre

La patronne des députés RN à l'Assemblée nationale Marine Le Pen s'est montrée très claire sur la proposition de destitution d'Emmanuel Macron initiée par LFI : ce serait une "manœuvre d'enfumage", a-t-elle lancé ce mardi. "Pour tenter de faire oublier ses multiples compromissions avec la Macronie, l'extrême-gauche défend une procédure de destitution du président de la République qui n'a aucune chance d'aboutir au regard des divisions de la gauche", dénonce-t-elle. L'objectif est clair, décrédibiliser LFI et mettre sur le même plan la gauche et la Macronie, alliés pour faire barrage au RN lors des dernières élections législatives anticipées. "Cette manœuvre d'enfumage ne fera pas oublier aux Français que LFI a volé au secours de Macron en 2017, a récidivé en 2022 avant de négocier en juin 2024 des accords électoraux de désistement pour sauver leurs sièges. Cette sinistre comédie a assez duré, la Macronie et LFI ont partie lié dans l'affaissement, le désordre et le chaos dans lesquels est plongé le pays", conclut-elle en ce début de semaine. LFI ne pourra donc pas compter, non plus, sur un soutien du RN pour voter sa proposition de destitution du président de la République.