"Intolérable !" Après ses propos sur Depardieu, Macron revient sur #MeToo dans le cinéma

"Intolérable !" Après ses propos sur Depardieu, Macron revient sur #MeToo dans le cinéma Emmanuel Macron a dénoncé l'omerta et la complaisance "intolérables" du monde du cinéma autour des affaires d'agressions sexuelles dans un entretien auprès de Variety. Le chef de l'Etat a pourtant été accusé de reproduire ces fautes...

Emmanuel Macron a eu l'occasion de revenir sur ce qu'il considère comme "la grande cause de ses quinquennats", la lutte contre les violences faites aux femmes, dans une interview inattendue accordée à Variety et publiée le 9 octobre. Après une succession de sujets liés à la culture et la politique culturelle française, le média américain a questionné le président de la République sur le mouvement #MeToo qui "continue de prendre de l'ampleur en France" et sur son impact sur les acteurs et actrices.

"Il faut d'abord parler des victimes. Des femmes qui ont subi des violences sexuelles et sexistes et dont la vie a été traumatisée, dont la carrière, dans certains cas, a été brisée" a assuré Emmanuel Macron. Lequel a dénoncé "une forme de complaisance, d'omerta, d'habitudes qui s'étaient installées" dans le milieu du cinéma "et qui sont intolérables". Le chef de l'Etat a pourtant été accusé de prendre part à cette complaisance envers un artiste accusé d'agressions sexuelles : Gérard Depardieu, qui est mis en examen pour viol.

La scène remonte au moins de décembre 2023 et à la diffusion d'un documentaire de Complément d'enquête montrant l'acteur français tenir des propos tombant sous le coup du harcèlement sexuel. Face aux vives réactions et critiques contre l'acteur, Emmanuel Macron avait désapprouvé ce qu'il qualifiait de "chasse à l'homme" contre Gérard Depardieu, sur le plateau de C à Vous, sur France 5. "Je suis un grand admirateur de Gérard Depardieu. C'est un immense acteur, un génie de son art. [...] Il rend la France fière" avait ajouté le chef de l'Etat au sujet de l'artiste mis en examen. Il avait ensuite rappelé et défendu le principe de présomption d'innocence, dont bénéficie chaque personne mise en cause jusqu'à ce que la justice rende une décision.

Ne pas tomber dans "un système de dénonciation où tout le monde est écarté"

Ce dernier point n'avait pas fait débat, à la différence des autres déclarations sur Gérard Depardieu jugées trop complaisantes en raison des accusations pesant sur l'acteur. "Je n'ai aucun regret d'avoir défendu la présomption d'innocence pour une personnalité publique, un artiste en l'espèce" avait alors réaffirmé Emmanuel Macron en conférence de presse le 17 janvier 2024. Il avait toutefois estimé n'avoir fait preuve d'"aucune complaisance" vis-à-vis de l'acteur Gérard Depardieu et n'avoir "jamais défendu un agresseur face à des victimes".

Dans Variety, Emmanuel Macron ne dévie pas de sa position : "On ne peut pas tomber dans un système de dénonciation où tout le monde est écarté sans avoir la possibilité de prouver son innocence ou de répondre aux accusations" en référence à la nouvelle règle des César qui rend inéligible toute personne accusée d'agression sexuelle. Mais cette fois, le président de la République a eu plusieurs mots pour les victimes : "Il faut toujours trouver les bonnes règles pour que les victimes soient respectées, que leur parole soit prise en compte, que justice soit rendue et surtout que chacun soit protégé pour l'avenir". Emmanuel Macron se disant "inattaquable sur la lutte contre les violences faites aux femmes", il travaille son discours avec nuance.