Motion de censure : elle a fait une victime, mais ce n'est pas Bayrou

Motion de censure : elle a fait une victime, mais ce n'est pas Bayrou Si François Bayrou a résisté à la motion de censure déposée par LFI ce jeudi 16 janvier, le Nouveau Front populaire risque d'être fragilisé après le vote. Le PS a décidé de ne pas censurer le gouvernement, à la différence de LFI et d'autres.

L'essentiel 
  • La motion de censure déposée par La France insoumise (LFI) n'a pas abouti ce jeudi 16 janvier. Seulement 131 députés ont voté pour alors que 289 voix sont nécessaires pour renverser le gouvernement.
  • Tout le suspense sur l'issue du vote a été levé en début d'après-midi lorsque le Parti socialiste (PS) a annoncé ne pas voter la motion de censure contre François Bayrou et son gouvernement. Selon les informations de TF1/LCI, 53 membres du bureau national du PS ont voté contre la censure, 10 pour la censure et 2 ont voté l'abstention.
  • Le RN et LR ayant annoncé ne pas voter la censure, seules les autres forces de gauche ont voulu censurer le Premier ministre : les insoumis, les communistes et les écologistes.
  • Si la motion de censure n'a pas eu raison de François Bayrou, elle signe une nouvelle rupture entre le PS et LFI et pourrait fragiliser l'alliance de Nouveau Front populaire (NFP).
  • Pour éviter la censure, François Bayrou a fait plusieurs concessions au PS dans une lettre adressée au parti de gauche en fin de matinée pour sauver sa place. Il est revenu sur sa proposition de conférence sociale sur les retraites, a assuré présenter les potentielles avancées trouvées au Parlement, a maintenu le projet de taxe sur les hauts revenus dans le budget 2025, a acté une hausse du taux de la taxe sur les transaction financières, a renoncé au passage d'un à trois jours de carence en cas d'arrêt maladie pour les fonctionnaires, et enfin, est revenu sur la suppression de 4 000 postes d'enseignants.
En direct

22:54 - "Nous faisons le choix de continuer les négociations", justifie le Parti socialiste

FIN DU DIRECT - Dans un communiqué publié jeudi soir, le Parti socialiste explique son choix de ne pas voter la motion de censure avec le reste de la gauche. "Nous avons conduit une négociation exigeante entre un gouvernement de droite et son opposition de gauche. Nous avons fait cette proposition, non pas pour obtenir des postes, mais pour faire avancer notre pays et arracher des victoires pour les Françaises et les Français", expliquent les socialistes, qui assument faire "le choix de continuer les négociations afin qu’elles aboutissent au moment de l’examen des budgets de l’État et de la sécurité sociale".

21:18 - La nouvelle mise en garde de Jean-Luc Mélenchon aux socialistes

Le fondateur de La France insoumise avait déjà menacé, sans succès, le Parti socialiste que ceux qui ne voteraient pas la motion de censure seraient exclus du Nouveau Front populaire. Cela n'a pas empêché les socialistes de voter contre la motion ce jeudi. Jean-Luc Mélenchon a donc lancé dans la soirée un nouvel ultimatum au PS. "Ceux qui ne voteront pas la censure qui suivra le vote du budget seront avec le Gouvernement et non plus dans l'opposition", a-t-il prévenu.

20:29 - Vif échange entre l'insoumis Manuel Bompard et le socialiste Jérôme Guedj

À l'antenne de BFMTV, le patron des insoumis n'a pas manqué de lancer une pique au socialiste Jérôme Guedj alors que la majorité des députés du PS n'ont pas voté la motion de censure déposée par LFI. "Tu ne dois pas être à l'aise dans tes baskets ce soir", a-t-il lancé. Et le socialiste de rétorquer, non sans un certain agacement : "Je ne supporte pas les donneurs de leçons." Avant cela, le député PS avait estimé que "la loyauté pour La France insoumise, ça s'appelle la soumission".

19:43 - "La gauche veut abattre les institutions", attaque Jordan Bardella

Le Rassemblement national n'a pas voté en faveur de la censure, contrairement à une majeure partie de la gauche, à l'exception de la plupart des députés socialistes. Invité sur le plateau de CNews ce jeudi soir, le patron du RN a justifié la position de son clan en étrillant celle de ses adversaires politiques : "La gauche veut abattre les institutions, elle veut le désordre, elle veut dynamiter la Vème République", a-t-il affirmé, assurant que cela "n'est pas [s]on cas". "Moi, je veux rétablir l'ordre dans le pays, je veux remettre le pays en mouvement".

19:23 - "Trente députés sur les 66 députés du groupe socialiste étaient favorables", assure Manuel Bompard

Interrogé au micro de BFMTV, le patron de La France insoumise, Manuel Bompard, a affirmé que si seulement huit députés socialistes ont voté la motion de censure déposée par LFI ce jeudi soir, ils seraient en réalité trente "sur les 66 députés du groupe socialiste" à être "favorables à la motion de censure". Une information que semble confirmer auprès de France Télévisions un député PS. "S’il y avait eu liberté de vote, entre 25 et 30 auraient voté la censure", déclare-t-il.

18:57 - À droite, la fracture du Nouveau front populaire réjouit, mais..

Auprès de franceinfo, un député Les Républicains estime ce jeudi soir que "si la censure a permis au PS de se dissocier de LFI tant mieux". Néanmoins, il se dit inquiet de l'équilibre budgétaire. "Si Michel Barnier a été censuré, c’est parce qu’il voulait un équilibre budgétaire. Aujourd’hui, le Premier ministre fait des cadeaux pour rester longtemps à Matignon, mais que deviennent les finances publiques ?" interpelle-t-il.

18:35 - Les détails des élus ayant voté la motion de censure

Seuls des députés de gauche ont voté la motion de censure : les 71 élus insoumis, 36 élus écologistes (deux ne l'ont pas votée), 16 élus communistes (un seul s'est abstenu) et 8 députés socialistes. Sur les 66 élus du PS, l'écrasante majorité a décidé de suivre la décision prise en bureau nationale en début d'après-midi.

18:22 - Le PS s'isole mais le NFP continue selon Mathilde Panot

La présidente du groupe de députés insoumis a réagi à l'issue du vote de la motion de censure et estime que "le Parti socialiste a décidé de se ranger du côté du problème, c'est-à-dire d'Emmanuel Macron" en ne censurant pas François Bayrou. De quoi confirmer une rupture au sein de l'alliance de la gauche qu'est le Nouveau Front populaire (NFP). Mathilde Panot estime d'ailleurs que le PS s'isole de son propre chef, mais assure que le NFP continue d'exister semblant toutefois en exclure les socialistes puisque selon elle la "seule opposition" au gouvernement est formée par les députés ayant voté la motion de censure.

18:03 - La motion de censure n'est pas adoptée

Yaël Braun-Pivet vient d'annoncé le résultat après le vote de la motion de censure : seulement 131 députés ont voté pour sur les 289 voix nécessaires pour renverser le gouvernement. François Bayrou reste donc Premier ministre.

17:46 - Fin du vote prévue à 18 heures

Après les prises de parole de chaque parti politique, l'heure est au vote à l'Assemblée nationale. Le vote pour la motion de censure doit durer une vingtaine de minutes et prendra fin à 17h58 a fait savoir le vice-président de l'hémicycle Xavier Breton. Pour rappel, seuls les élus favorables à la motion de censure sont invités à voter, seuls les députés insoumis, écologistes et communistes devraient voter le texte. Le résultat du vote sera proclamée devant l'Assemblée nationale à l'issue de scrutin.

17:37 - Un simple sursis pour Bayrou ?

Le PS a décidé de ne pas censurer François Bayrou ce jeudi, mais certains élus socialistes ne croient à un maintien très long du Premier ministre à Matignon. Le député Arthur Delaporte a d'ailleurs estimé sur BFMTV que François Bayrou s'est seulement offert "un sursis de peut-être quelques semaines".

16:27 - La victime de la motion de censure n'est pas Bayrou mais.. le NFP

Ironie de cette séquence politique, François Bayrou passe allégrement l'épreuve de la motion de censure, qui ne fera en réalité qu'une victime politique : le Nouveau front populaire. L'union des partis de la gauche se déchire ce jeudi sur la stratégie à adopter. Le patron historique de LFI, Jean-Luc Mélenchon est particulièrement agacé. "Les concessions accordées aux socialistes sont tellement grotesques que je leur laisse le plaisir de les expliquer", a-t-il ironisé, face à plusieurs journalistes, dont ceux du Monde et du Parisien.

16:17 - Le PS "fracture le NFP", estime Jean-Luc Mélenchon

Le leader de la France Insoumise, qui pensait hier soir que les socialistes étaient décidés à censurer le gouvernement, est déçu de la position de ses alliés des législatives. En décidant de ne pas voter la motion de censure, le PS fracture le NFP, a écrit Jean-Luc Mélenchon, sur X, ajoutant : "Mais il capitule seul. Les trois autres groupes votent la censure. Nous continuons le combat".

15:41 - Le PS ne votera pas la censure, mais "reste dans l'opposition" et met Bayrou en garde

Le PS est le premier à prendre la parole après la réponse de François Bayrou à la motion de censure des insoumis. Olivier Faure a confirmé que son parti ne votera pas la censure ce jeudi, mais il a assuré que lui et ses élus "resteront dans l'opposition" et que la non-censure du jour ne doit pas être comprise comme un ralliement au gouvernement. Il a d'ailleurs prévenu que le PS pourrait être l'auteur d'une prochaine motion de censure selon comment se dérouleront les négociations sur le budget 2025 et sur la réforme des retraites sur laquelle le PS ne veut rien lâcher : "Le contrat social français repose en partie sur l'accès à la retraite en bonne santé. Chaque trimestre supplémentaire peut être une souffrance pour certains", a assuré Olivier Faure. 

Une motion de censure pourra donc être déposée ou votée par le PS "à tout moment", a insisté Olivier Faure. Mais d'ici là, les discussions pourront se poursuivre puisque le "PS n'a pas la négociation honteuse" et a déjà "signifié [son] ouverture au compromis. Le socialiste a d'ailleurs vanté le PS comme "une gauche qui propose, qui avance", qui "arrache des victoires" en opposition à LFI. Une décision qui signe la rupture entre le PS et LFI, et donc du NFP, mais qu'Olivier Faure justifie en une phrase : "Nous avons choisi de ne pas pratiquer la politique du pire, parce que cela pourrait amener au pire de la politique".

15:21 - François Bayrou : "Vous voulez que l’affrontement soit la loi"

"Votre motion de censure (celle déposée par LFI) dit que vous ne voulez pas sortir de l’affrontement pour entrer dans le dialogue. Vous voulez que l’affrontement soit la loi", indique le Premier ministre, en réponse à l'intervention du coordinateur de La France insoumise, Manuel Bompard. "Le choix qui est devant nous (…) est entre l’affrontement intérieur perpétuel et la tentative de chercher un chemin de dialogue, de réflexion, de compromis, de négociation pour que les choses avancent. La situation de notre pays du point de vue de l’économie, de l’industrie, est terriblement inquiétante", a ajouté le Premier ministre.

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François Bayrou va-t-il résister à une motion de censure ? Selon toute vraisemblance, oui. Le texte sera débattu ce jeudi à partir de 15 heures et mis aux voix vers 17h30. Si plusieurs familles politiques avaient pris une décision depuis longtemps concernant la censure du gouvernement Bayrou, d'autres attendaient d'écouter le discours du Premier ministre et de connaître sa ligne politique pour se prononcer pour ou contre une censure.

Interrogé sur les négociations autour de la réforme des retraites, à l'Assemblée nationale ce mercredi, François Bayrou a indiqué que si des "progrès" entre partenaires sociaux émergeaient sans "accord général", un texte serait tout de même transmis au Parlement. "Si c'est le cas, nous aurons un texte qui reprendra ces adaptations et ces progrès, et nous le soumettrons à l'Assemblée", a assuré le Premier ministre. Suffisant pour convaincre le PS de ne pas voter la censure ? La réponse est oui, depuis ce jeudi en début d'après-midi. 

Parti socialiste : ils ne voteront pas la censure

Selon les informations du Figaro, le PS ne votera pas la censure contre François Bayrou, une décision entérinée lors d'une réunion de groupe parlementaire ce jeudi midi. Elle doit encore être validée par le bureau national. "On a maintenu le doute sur notre position jusqu’au bout pour tenter d’obtenir davantage de Matignon", précise un élu auprès du quotidien. 

Dans une lettre adressée au PS, François Bayrou dit acter les avancées obtenues par ces derniers dans la négociation avec le gouvernement. Le Premier ministre revient notamment sur sa proposition de conférence sociale sur les retraites et qu'en l'absence d'accord, les avancées trouvées seront présentées au Parlement. Dans le même temps, le locataire de Matignon affirme que le projet de taxe sur les hauts revenus est maintenu dans le budget de 2025 et renonce au passage d'un à trois jours de carence en cas d'arrêt maladie pour les fonctionnaires. Des mains tenues qui ont convaincu les socialistes. 

Les Républicains : ils ne voteront pas la censure

Pour rester Premier ministre, François Bayrou doit s'assurer du soutien d'une majorité d'élus à l'Assemblée nationale, au moins de 289 pour avoir une majorité absolue. Problème, il n'en compte que 185 en comptant la majorité présidentielle et les élus Liot. Un chiffre qui grimpe à 232 si on ajoute le soutien des élus de la droite des Républicains, lequel est pour l'heure acquis, mais pas définitivement garanti comme l'a fait savoir Laurent Wauquiez. "Nous ne voterons pas la censure", a ainsi déclaré le patron des députés LR mardi soir à l'Assemblée, avant de mettre le Premier ministre en garde en prévenant qu'il serait "un soutien exigeant". Côté LIOT, on ne votera pas la censure. "On va attendre le projet de loi de finances et celui sur la Sécurité sociale. On n'exclut pas sur ces deux rendez-vous de prendre une position différente", a confié Stéphane Lenormand, président du groupe auprès de l'AFP.

Ecologistes et communistes : ils voteront la censure

Le Premier ministre devait donc séduire à gauche et ce sont surtout les élus socialistes, communistes, voire écologistes, qu'il avait dans le viseur. Il a d'ailleurs mené des négociations jusque dans les dernières heures avant son discours de politique générale pour les convaincre, notamment sur l'avenir de la réforme des retraites. Mais les décisions prises par François Bayrou ne semblent pas satisfaire cette fameuse gauche. Les Écologistes ont ainsi fait savoir mardi soir qu'ils voteraient bien la censure déposée par La France insoumise. "S'il y avait une motion de censure, là dans quelques heures, nous la voterions majoritairement", a également réagi le communiste Fabien Roussel sur BFMTV, demandant des éclaircissements au Premier ministre, notamment sur la réforme des retraites. 

Rassemblement national : ils ne devraient pas voter la censure

Si la gauche décide de censurer le gouvernement, François Bayrou n'aura d'autre choix que de se rabattre sur les voix du RN pour espérer prolonger son bail à Matignon. Les élus de l'extrême droite se sont contentés de défendre leur contre-budget lors des négociations avec le Premier ministre, et s'ils étaient pour une suspension de la réforme de retraites, ils n'en faisaient pas une condition pour voter ou non la censure. Le RN devrait, sauf surprise, laisser passer cette motion de censure sans la voter pour laisser une chance au gouvernement.

Mardi soir, aucune figure du parti ne s'est clairement exprimée sur la question, tandis que mercredi, le député RN Jean-Philippe Tanguy a semblé davantage justifier sur le plateau de l'Assemblée BFM la non-censure. "Si le gouvernement est censuré, la discussion sur la loi d'urgence à Mayotte s'arrête", a-t-il pointé, arguant que ceci est "l'élément central pour lequel la censure aujourd'hui est quand même extrêmement compliquée". De son côté, Marine Le Pen ne s'est même pas exprimée sur le sujet, laissant la place à un autre député su parti. Elle se réserve pour un vrai "évènement", le vote de cette motion de censure n'en est visiblement pas un suffisamment important, selon l'un de ses proches, hier, auprès de Politico.