La fin du NFP ? Pourquoi LFI et le PS pourraient rompre
La rupture semble bel et bien consommée entre La France insoumise (LFI) et le Parti socialiste (PS). Dernier épisode en date, le choix des roses de ne pas voter la motion de censure contre le locataire de Matignon et son gouvernement. Selon les informations de TF1/LCI, 53 membres du bureau national du PS ont voté contre la censure, 10 pour la censure et 2 ont voté l'abstention. Un affront pour LFI - membre du Nouveau Front populaire, au même titre que les socialistes - qui ne comprend pas cette décision et qui, pire, s'y oppose avec véhémence.
La menace frontale de Jean-Luc Mélenchon
Si le torchon brûle depuis longtemps entre les deux, ces derniers jours semblent marquer un véritable tournant dans les relations qu'entretiennent les deux partis politiques de gauche. Le patron historique de LFI, Jean-Luc Mélenchon n'y est pas pour rien. "Les concessions accordées aux socialistes sont tellement grotesques que je leur laisse le plaisir de les expliquer", a-t-il ironisé, face à plusieurs journalistes, dont ceux du Monde et du Parisien, avant d'inviter les partenaires du Nouveau Front populaire à voter en faveur de la motion de censure déposée par les insoumis en fin de journée, sur un ton quelque peu menaçant : "Tous ceux qui ne votent pas la censure sortent du Nouveau Front populaire, et on met une option sur leurs circonscriptions". Et le fondateur de La France insoumise d'accuser les socialistes d'avoir mis "à terre" le Nouveau Front populaire avec ces négociations.
"L'enjeu, c'est que ce soit bien LFI qui soit isolé au sein du NFP"
Force est de constater que les socialistes pas suivis à la lettre les "conseils" de Jean-Luc Mélenchon. Alors, le NFP est-il mis à terre ? Peut-être. Il est très certainement fragilisé. "L'enjeu, c'est que ce soit bien LFI qui soit isolé au sein du NFP au bout de la séquence, et pas le PS", confiait un député socialiste dans les colonnes de Marianne. Un état d'esprit qui résume assez bien la situation, et la déliquescence des relations entre les deux partis.
Pour la vice-présidente de l'Assemblée nationale et députée insoumise Clémence Guetté, en ne votant pas la censure, le PS "entre dans une coalition nouvelle de soutien à la macronie et s'exclue de fait du Nouveau Front populaire. Aux Français qui croient à l'immense espoir suscité en juin dernier : nous ne vous trahirons pas. Le combat continue", a-t-elle déclaré sur le réseau social X, accompagné d'une photo en noir et blanc d'Olivier Faure et de François Hollande.
Avec ces mots, l'élue insoumise exclut quasi littéralement le Parti socialiste du Nouveau Front populaire, cette coalition de gauche formée le 10 juin 2024 en vue des élections législatives de la même année, en opposition aux partis de la majorité présidentielle ainsi qu'au Rassemblement national. "En menaçant d'investir des candidats face au reste de la gauche, Jean-Luc Mélenchon danse un peu plus près de la falaise. Tout cela est très rationnel, mais n'empêche en rien l'explosion", analyse Thomas Schelling chez Marianne, économiste américain spécialiste des questions stratégiques et auteur de La Stratégie du conflit. Comment lui donner tort ?
Ecologistes et communistes : les arbitres d'un divorce joué d'avance ?
Alors, un espoir existe-t-il de voir LFI et le PS à nouveau côte-à-côte ? Les écologistes et les communistes pourraient servir de liant entre les deux. Pour rappel, ces deux partis politiques ont déclaré - pour la majorité de leurs députés - vouloir voter la motion de censure contre le gouvernement Bayrou. Ils se positionnent donc plutôt sur la même ligne que LFI. "S'il y avait une motion de censure, là dans quelques heures, nous la voterions majoritairement", avait réagi le communiste Fabien Roussel sur BFMTV, demandant des éclaircissements au Premier ministre, notamment sur la réforme des retraites. Même son de cloche du côté de Marine Tondelier, patronne des Verts. Des prises de positions qui pourraient s'avérer être bien trop maigres face à l'ampleur de la tâche pour réconcilier LFI et le PS.